Ce 25 novembre marque la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. L’occasion de rappeler que même quand les victimes de violences conjugales réussissent à fuir la situation, le calvaire n’est souvent pas terminé.
En 2020, la France a décompté 102 féminicides. L’année d’avant, 7 femmes victimes sur 10 déclaraient avoir subi des violences physiques ou sexuelles répétées et une femme mourait tous les deux jours et demi sous les coups de son partenaire.
Si le 25 novembre est chaque année l’occasion de répéter ces chiffres, la situation est loin de s’améliorer.
Heureusement, l’écoute se libère, permettant aux femmes victimes de violence de trouver des mains tendues. Malgré tout, même une fois éloignées de la situation et mises en sécurité, leur périple est parfois loin d’être fini. Car les violences conjugales laissent de lourdes séquelles physiques et psychologiques.
Mémoire traumatique et victimologie est une association pour la formation, l’information et la recherche sur les conséquences psychotraumatiques des violences. Selon l’organisation, les violences inter-humaines sont les plus grandes pourvoyeuses de psychotraumatismes (un état de stress post-traumatique), et le risque d’en développer est de 24% après un événement traumatisant.
Pris en charge trop tardivement, les troubles psychotraumatiques peuvent rendre la vie des victimes infernale. S’il est primordial que les auteurs de violences soient punis, gérer le traumatisme des victimes est donc essentiel. Mais comment ?
Tous ces symptômes peuvent à leur tour déclencher de l’anxiété, des troubles addictifs ou des troubles du sommeil.
Que sont les troubles post-traumatiques ?
On sous-estime souvent les conséquences des violences sur les personnes victimes… Pourtant, les répercussions sont nombreuses et peuvent altérer leur santé mentale pour de bon.
Ce qu’on appelle les troubles psychotraumatisme, ce sont « l’ensemble des troubles psychiques immédiats, post-immédiats puis chroniques se développant chez une personne après un événement traumatique ayant menacé son intégrité physique et/ou psychique. »
D’après Mémoire traumatique et victimologie, ces troubles, qui peuvent surgir pendant des mois voire des années, se traduisent par :
- Un état de stress important et de la détresse
- Un état de stress post-traumatique avec des flashbacks intrusifs, des pensées récurrentes à propos des violences, des insomnies ou un état d’hypervigilance — et même des comportements auto-destructeurs, une incapacité à faire confiance et un sentiment de vide en cas de stress post-traumatique plus sévère
- Une dissociation, c’est-à-dire, des troubles de la mémoire, de l’attention ou de la concentration
Ce n’est pas fini : tous ces symptômes peuvent à leur tour déclencher de l’anxiété, des troubles addictifs ou des troubles du sommeil. « Ce sont des troubles psychiques qui présentent une forte prévalence sur la vie entière, de 5 à 6% pour les hommes, de 10,5 à 13,8% pour les femmes », précise la psychiatre Muriel Salmona sur le site de l’association.
Les victimes de violences conjugales ont un risque important de développer des troubles psychotraumatiques chroniques.
Comment apprendre à gérer ?
Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe deux types de psychotraumatismes :
- Les psychotraumatismes de type I qui surviennent lors d’un événement unique comme un accident, par exemple.
- Les psychotraumatismes de type II qui se manifestent lors d’événements répétés… comme en cas de violences conjugales.
Pour éviter qu’ils n’empirent, il faut vite se faire prendre en charge en essayant de se faire accompagner, en effectuant un bilan de santé global ou en suivant une psychothérapie. « Pour les victimes, il est déjà très libérateur d’apprendre que leurs symptômes, leur souffrance, leur mal-être, leurs troubles du comportements sont des conséquences des violences, sont cohérents et normaux », explique le site Proformed.
Selon l’asso Mémoire Traumatique et victimologie :
« Les victimes de violences conjugales ont un risque important de développer des troubles psychotraumatiques chroniques (58%) et ne doivent pas rester abandonnées à leur sort et à leurs symptômes. Pour cela il faut identifier les violences le plus précocement possible pour mettre en place une protection et une prise en charge efficace. »
Face au traumatisme, le Centre National de Ressources et de Résilience conseille d’éviter au maximum la solitude, de vous rapprocher de médecins et psychologues, de vous détourner des facteurs aggravants comme l’alcool, le tabac ou la drogue ou encore de ne pas chercher à éviter les conversation autour des violences subies.
En tant que victime, vous pouvez également tenter au maximum de limiter les déclencheurs (triggers) le temps de les traiter ou vous orienter vers des groupes de parole. L’important reste encore de sortir de l’isolement créé par l’agresseur !
Comment aider quelqu’un qui souffre de troubles post-traumatiques ?
Si vous n’êtes pas une pro de la santé mentale, vous ne pouvez pas faire grand-chose à part écouter votre proche victime de violences conjugales, le ou la rassurer sur le fait qu’il ou elle est cru et courageuse, le ou la mettre en sécurité et l’orienter vers des ressources plus compétentes.
Les stratégies typiques des personnes violences sont l’isolement de la victime, la dévalorisation, la terroriser, la faire culpabiliser et assurer sa propre impunité en se mettant des gens dans la poche. À votre échelle, vous pouvez tenter de contrer ces mécanismes en accompagnant au mieux votre proche dans ses démarches et en la revalorisant au quotidien.
Malheureusement, même les professionnels de la santé sont parfois peu formés à reconnaître les troubles psychotraumatiques… Il faut donc, dans l’idéal, trouver des associations d’aide aux victimes, comme un Centre National de Ressources et de Résilience, le numéro 3919, ou des structures qualifiées.
Ne restez pas seule. Vous pouvez trouver de l’aide.