Chronique littéraire du mois de juin: Je jette ma baleine à la mer. Violences Conjugales, des mots sur les maux. LLIVRE TÉMOIGNAGE, VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

Un témoignage juste et digne à l’image de beaucoup de femmes victimes de violences.
Un récit bouleversant.

Qu’est-ce qui a bien pu m’attirer en lui ? Je me suis souvent posé la question. Nous étions diamétralement opposés : le jour et la nuit. Mauvais coup de poker, j’ai été bluffée…

Laura Granny a 18 ans lorsqu’elle rencontre celui qui va devenir son mari, le père de son enfant et rapidement son bourreau et ce, durant 6 ans.

Grâce aux mains tendues, Laura Granny a pu se reconstruire petit à petit. 20 ans après, elle jette sa baleine à la mer. Laura nous livre son témoignage bouleversant, relate sa lutte quasi quotidienne, envers et contre tous, pour sauver son fils et elle-même de l’enfer des violences.

En jetant sa « balle » et toute cette « haine » qu’elle avait en elle depuis tant d’années, Laura Granny tend aussi la main vers les victimes de violences conjugales : On m’avait donné deux ailes, il m’en a brisé une. Avec l’autre je m’envole, je boite mais je veux aller vers les autres et vous retrouver. J’espère, avec toutes les lueurs dans mon cœur, pouvoir éclairer le vôtre et vous aider à vous libérer.

Laura Granny lance un appel à tous : Ne voilez plus votre face, ouvrez vos oreilles, ne jugez pas. Nul ne mérite d’être maltraité, massacré. Tendez vos mains ou agissez.

30 nouvelles mesures contre les violences faites aux femmes

Eduquer à la non-violence et à l’égalité entre les filles et les garçons

  • Mise en place d’un module de formation initiale et continue rendu obligatoire sur l’égalité à destination des personnels de l’Education nationale (enseignants, personnels d’éducation, cadres etc.) ;
  • création d’une culture de prévention et de sensibilisation auprès des élèves ;
  • diffusion dans tous les établissements d’un document unique de signalement et un guide réflexe à destination des personnels des établissements ;
  • mise en place d’un module obligatoire sur la prévention des violences conjugales dans le cadre du service national universel.

Libérer la parole des victimes et favoriser la révélation des violences

  • Le 3919 sera ouvert 24h/24 et 7j/7 et rendu accessible aux personnes en situation de handicap ;
  • les professionnels de santé pourront lever le secret médical en cas de danger immédiat pour la victime et de risque avéré de renouvellement des violences;
  • mise à disposition d’outils à destination des professionnels de santé leur permettant d’évaluer la dangerosité des situations et d’orienter les victimes vers une prise en charge adaptée.

Protéger les victimes dès le dépôt de plainte

  • D’ici 2021, création de 80 postes supplémentaires d’intervenants sociaux dans les commissariats et gendarmeries bénéficiant d’un financement de l’Etat ;
  • distribution d’un document d’information à toute victime se rendant dans un commissariat ou une gendarmerie ;
  • instauration d’un parcours renforcé de formation initiale et continue à l’accueil des femmes victimes de violences conjugales pour les policiers et les gendarmes.

Une prise en charge médico-sociale renforcée

  • Financer des structures dédiées à la prise en charge sanitaire, psychologique sociale des femmes victimes de violences ;

Une justice plus protectrice

  • Interdire la médiation pénale comme alternative aux poursuites en cas de violences conjugales, ou comme alternative à une décision en cas de litige devant le juge aux affaires familiales ;
  • mieux garantir l’accompagnement des victimes par l’assistance d’un avocat.

Prendre en compte l’impact des violences conjugales sur les enfants et sur les liens familiaux

  • Décharger les descendants de leur obligation alimentaire envers le parent condamné pour homicide volontaire de l’autre parent ;
  • demander systématiquement un état de la situation à l’aide sociale à l’enfance en cas de violence conjugale, et à défaut une évaluation administrative de la situation familiale ;
  • développer les espaces-rencontres, lieux neutres protégeant les mères et leurs enfants en cas de séparation des parents ;
  • généraliser les unités d’accueil médico-judiciaires pédiatriques (UAMJP) afin de recueillir dans de bonnes conditions la parole de l’enfant ;
  • reconnaître le phénomène du « suicide forcé » avec la mise en place d’une nouvelle circonstance aggravante pour les auteurs de violences en cas de harcèlement ayant conduit au suicide ou à une tentative de suicide de la victime ;

Un suivi et une prise en charge des auteurs pour traiter le problème des violences conjugales dans sa globalité et mieux prévenir le risque de récidive

  • Evaluer la dangerosité criminologique des auteurs ;
  • renforcer les mesures de suivi de l’auteur et de prévention de la récidive ;
  • encadrer les permis de visite en détention ;
  • mieux connaître les profils socio-démographiques des auteurs, à travers un projet de recherche d’une équipe de l’Université de Bordeaux ;
  • prévenir et prendre en charge les violences conjugales liées aux addictions ;
  • ouvrir deux centres par région de prise en charge des auteurs de violences.

Protéger les femmes victimes de violences y compris au travail

  • Ouvrir le droit aux victimes sous ordonnance de protection de débloquer leur épargne salariale de façon anticipée pour ce motif ;
  • actualiser le guide relatif à l’égalité professionnelle à destination des TPE-PME afin d’y intégrer la problématique des situations de violences conjugale ;
  • intégrer la problématique des violences conjugales aux plans de santé au travail (PST) et aux plans régionaux de santé au travail (PRST) ;
  • proposer dès la fin de cette année, aux partenaires sociaux membres de la commission du label égalité professionnelle, d’intégrer au cahier des charges du label égalité professionnelle un axe relatif à la prise en compte des violences conjugales ;

Protéger les victimes de violences en situation de handicap

  • Déployer dans chaque région un centre ressource pour accompagner les femmes en situation de handicap dans leur vie intime et sexuelle et leur parentalité ;
  • rappeler à l’ensemble des établissements et services médico sociaux la nécessité du respect de l’intimité et des droits sexuels et reproductifs des femmes accompagnées ;
  • lancer une formation en ligne certifiante pour faire monter en compétence massivement les différents professionnels qui interviennent notamment dans les établissements et services médico-sociaux ;

Rappel des mesures d’urgences annoncées en septembre dernier

  • Sortir du silence : Le numéro d’urgence 3919 reçoit désormais 600 appels par jour contre 150 avant le Grenelle ;
  • mettre à l’abri les victimes de violences conjugales : 1 000 nouvelles solutions de logement et d’hébergement seront ouvertes à partir de janvier 2020 ;
  • accueillir de façon irréprochable les femmes victimes de violences : une grille unique d’évaluation du danger sera diffusée dès aujourd’hui à toutes les brigades et commissariats. Elle permettra aux policiers et aux gendarmes d’appréhender avec précision les risques encourus et de proposer une protection et un accompagnement adaptés ;
  • faciliter la prise de plainte pour les victimes de violences conjugales dans l’incapacité de se déplacer notamment lorsqu’elles sont hospitalisées : des travaux de coordination entre police/gendarmerie et les directions des hôpitaux et des cliniques, en liaison avec les agences régionales de santé, ont été engagés ; des conventions ont été signées dans une dizaine de départements dans lesquels la prise de plainte dans les hôpitaux est désormais possible.
  • protéger les femmes en empêchant l’auteur des violences de les approcher : l’utilisation des bracelets anti-rapprochement a été adoptée par l’Assemblée, 1 000 bracelets seront déployés en 2020 ;
  • protéger les enfants : suspension automatique de l’autorité parentale du parent auteur d’un homicide conjugal, et possibilité pour le juge d’aménager ou suspendre l’autorité parentale du conjoint violent dans le cadre d’une condamnation pénale ;
  • juger plus vite, plus efficacement : les « chambres de l’urgence » sont en cours de déploiement, elle permettront d’accélérer le traitement des procédures et de mieux coordonner l’ensemble des acteurs judiciaires.
    Plus d’1 milliard d’euros va être consacré à l’égalité entre les femmes et les hommes l’année prochaine

Mémo de Vie : une plateforme pour aider les personnes victimes de violences

Mémo de Vie est une plateforme gratuite et sécurisée qui accompagne les victimes de violences ainsi que leurs proches témoins afin de les aider à prendre conscience de leur situation et leur donner accès à des informations et des contacts correspondant à leurs besoins. Elle permet aussi de sauvegarder en toute discrétion et sécurité les documents officiels, photos, vidéos, enregistrements audios utiles pour les démarches. À l’occasion de la journée internationale des Nations Unies contre les violences faites aux femmes le 25 novembre, Service-Public.fr vous présente ce service.

Comment ça marche ?

En créant un espace personnel sécurisé sur la plateforme Mémo de Vie, les victimes de violences et leurs proches ont accès à quatre fonctionnalités :

  • Le « Journal » dans lequel la personne a la possibilité de décrire les faits et d’en garder une trace. Cela permet de prendre progressivement conscience de la situation et de pouvoir transmettre un récit cohérent et documenté pour faciliter l’enquête (en prouvant que les faits constituent des indices graves et concordants).
  • L’espace « Mes Documents » permet de stocker de manière sécurisée, cryptée et horodatée des éléments clefs qui pourraient faciliter un éventuel dépôt de plainte et une enquête (photos d’ecchymoses, enregistrements audios de menaces ou de témoignages, vidéos…), ainsi que des documents officiels (certificat médical, jugement de divorce, papiers d’identité…).
  • La rubrique « Contacts » propose les numéros de téléphone importants, aussi bien d’urgence que d’accompagnement de professionnels experts (chat anonyme, écoute, mise en relation…).
  • La « Bibliothèque » offre une sélection d’articles fiables pour se documenter et s’informer sur diverses thématiques relatives à sa situation : droit, santé, social, témoignages… Différents outils sont également disponibles pour permettre aux personnes victimes d’évaluer leur situation (le dépôt de plainte, l’aide juridictionnelle, le déroulé de la procédure pénale, l’hébergement d’urgence des victimes de violence conjugales, harcèlement scolaire…).

La plateforme est accessible sur ordinateur comme sur tablette ou téléphone. L’accès à son espace personnel nécessite un mot de passe et un code à 4 chiffres. Ce code est de nouveau demandé pour accéder et modifier les éléments sensibles.

Pour assurer la sécurité des utilisateurs, le site peut être quitté rapidement par un bouton « Vite, je quitte ».

  À noter : Conçue sous l’égide du ministère de la Justice, la plateforme Mémo de Vie est portée par la Fédération nationale d’aide aux victimes France Victimes qui fédère 130 associations locales réparties dans chaque région, intervenant dans l’accueil et l’écoute des victimes (atteintes à la personne ou aux biens, accidents de la circulation, actes de terrorisme, accidents collectifs…) et l’information sur les droits, le soutien psychologique et l’accompagnement social des victimes.

Mémo de Vie est aussi utile pour les proches et les professionnels

Mémo de Vie s’adresse également aux proches qui sont des témoins souvent impuissants. La plateforme les aide à garder une trace de ce à quoi ils assistent ou de ce que la personne victime leur rapporte. Elle leur fournit les clefs pour l’aider, l’épauler et l’orienter vers les bons interlocuteurs et les bonnes démarches.

Mémo de Vie a aussi vocation à faciliter le travail des professionnels. Ces derniers peuvent ainsi avoir accès, après un partage décidé par la personne concernée, à des informations clefs pour l’accompagner.

  À savoir : La loi du 14 novembre 2020 autorisant la prorogation de l’état d’urgence sanitaire et portant diverses mesures de gestion de la crise sanitaire renforce la protection des victimes de violences conjugales. Ces victimes ne peuvent pas être maintenues en confinement avec l’auteur des violences. Elles doivent bénéficier d’un hébergement lorsque le conjoint violent ne peut pas être évincé du logement familial.

Le violentomètre : un outil pour aider à mesurer la violence dans le couple

Le violentomètre est un outil d’auto-évaluation, avec 23 questions rapides à se poser, qui permettent de repérer les comportements violents et de mesurer si la relation de couple est saine ou au contraire, si elle est violente.

Créé en Amérique latine, le violentomètre a été repris et adapté en 2018 par l’Observatoire des violences envers les femmes du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, en partenariat avec l’Observatoire parisien de lutte contre les violences faites aux femmes et l’association En Avant Toute(s).

Présenté sous forme de règle graduée, le violentomètre rappelle ce qui relève ou non des violences à travers une graduation colorée par 23 exemples de comportements types qu’un partenaire peut avoir.

Il indique s’il s’agit d’une relation saine en vert, s’il s’agit de violences qui n’ont pas lieu d’être en orange, et les cas de danger ou demander de l’aide pour se protéger est nécessaire.

Bien qu’il ait été conçu au départ pour les adolescentes et les jeunes femmes, le violentomètre s’adresse à toutes et tous, femmes et hommes quel que soit leur âge.

Au verso du violentomètre, la définition du consentement est rappelée : « Le fait de donner son accord de manière consciente, libre et explicite à un moment donné pour une situation précise. »

Le violentomètre est disponible à l’Observatoire des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis.

Le violentomètre a été traduit en anglais, espagnol, arabe, mandarin, farsi et turc.
Il a également été adapté en version gros caractères, braille français intégral et présentation simplifiée pour une facilité de lecture.
Pour vous en procurer, vous pouvez appeler l’Observatoire au 01 43 93 41 93 ou écrire à odvf93@seinesaintdenis.fr