Témoignage: La violence conjugale n’est pas que physique

Madame K. a raison, quand on parle de violence conjugale, on pense tout de suite à la violence physique. Les claques, les coups, les viols. Mais Madame K, elle, a vécu l’enfer de la violence psychologique. Qui détruisent petit à petit celle ou lui qui la subit de l’intérieur. Voici son témoignage.

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{TÉMOIGNAGE} QUAND LA VIOLENCE CONJUGALE EST PSYCHOLOGIQUE

DANS CE TYPE DE VIOLENCE, LES MOTS ENGENDRENT LES MAUX

Et, sans aucune douleur physique, on se retrouve à être possédée par un individu, à être réduite à un tout petit rien qui lui appartient, à ne plus être nous-même, à accepter des mots inacceptables, à avoir tout autant peur de cet individu « et s’il passait à l’étape suivante ? et s’il se mettait à me frapper ? au moins, il y aurait des traces et quelqu’un finirait peut-être par le voir et me sortir de là…. ? » mais non, cet individu utilisent encore et toujours les mots, et, encore et toujours, il vous rabaisse de plus en plus, et ses mots et les maux s’insinuent de plus en plus profondément dans votre esprit, sans que personne ne s’en rende compte, sans que personne n’agisse… et vous vous sentez seule face à cet individu qui vous possède mentalement et ne lâchera pas son emprise psychique sur vous.

De toute façon « je ne suis rien »…. s’il me traite de cette façon, c’est que c’est ce que je vaux uniquement…

J’AI VÉCU PENDANT 2 ANS AVEC CETTE VIOLENCE PSYCHIQUE / MENTALE

Des mots horribles, des mots qui font mal, des mots qui vous renferment, des mots qui vous assiègent, des mots qui vous détruisent…

J’avais 20 ans, je rencontre un jeune homme qui semble charmant, bien sous tout rapport, très mignon, dans le même domaine professionnel que moi… parfait ! je viens de tomber sur l’homme parfait !
Mais au bout de quelques semaines/mois de bonheur sans faille, commence les sorties avec ces amis, et les beuveries… des soirées entières le week end à picoler avec ces potes « Non toi, tu ne boiras pas une goutte, tu dois nous ramener » ok… je suis Sam, ça ne me dérange pas, de toute façon, l’alcool, c’est pas mon truc. Et le charmant gentleman se transforme « d’où tu regardes ce type ? pourquoi il est venu te demander l’heure à toi ? Tu n’es qu’une p*** c’est ça que tu veux, qu’il te prenne ? allez va le retrouver sal***«

Un langage fleuri pour me faire comprendre que je ne suis rien… pourquoi je ne réagit pas ? pourquoi je me laisse faire et traiter de la sorte ? En fait, à ce moment, son emprise est déjà faite sur moi…

Durant les semaines/mois qui ont précédé ces soirées, il a fait son « travail » : me couper petit à petit de ma famille, de mon meilleur ami, de mes collègues… Doucement et de façon insidieuse, il s’est immiscé dans mes relations tout en faisant en sorte que je tombe amoureuse, et devienne plus faible vis-à-vis de lui petit à petit. Ce n’était pas très compliqué à cette époque, je sortais d’une maladie qui m’avait épuisé physiquement et psychologiquement… il en a profité…

Et puis des mots en soirées, ce sont des mots en semaine, sans alcool qui sont arrivés, toujours tout doucement « pourquoi t’as répondu au téléphone, c’était qui ? » « non mais t’as vu comment tu étais habillée pour qu’on voit mes potes ? ils t’ont tous pris pour une p***«
Des phrases pour me blesser au plus profond « C’est dommage, j’étais à 2 doigts de tomber amoureux de toi » cette phrase est restée à tourner en boucle dans ma tête… que faire pour qu’il tombe amoureux de moi, qu’il me fasse enfin confiance… et bien évidemment, j’acceptais de plus en plus ses mots, s’il les disait, c’est que c’était de ma faute, que je n’étais pas encore assez bien…

JE ME SUIS ÉTEINTE PETIT À PETIT…

Je n’étais plus qu’une plante verte à ses côtés au milieu de la foule, je n’avais plus aucune personnalité, et étais persuadée de n’être rien, de ne rien valoir… il m’a détruite sans douleur physique… il m’a détruite avec ses mots.

Mon échappatoire ? je suis partie faire mes études dans une ville à 2h de cet individu… et j’ai réussi petit à petit à me détacher, à lui faire croire que je devais réviser pour ne pas le retrouver le week-end. J’ai repris confiance en moi très doucement, mais surement, j’ai repris contact avec mes amis et j’ai finalement eu le courage de le quitter. J’ai mis du temps à me remettre complètement de cette « histoire »… plusieurs années pour de nouveau faire confiance et tomber amoureuse. Je suis passée par des phases difficiles mais j’ai réussi à surmonter tout ça et suis aujourd’hui heureuse et mariée à un chéri qui comprend ce par quoi je suis passée et qui, pendant longtemps, m’a réappris à m’aimer moi-même, à croire en moi pour de bon… à me reconstruire.

La violence psychique existe, et il faut aussi en parler, parce qu’elle détruit11

 

Chronique littéraire du mois

LES VIOLENCES CONJUGALES : EST-CE QU’ON S’EN SORT?: Les clés de mon chemin de résilience

«Un jour, après une conférence sur les violences conjugales, une femme d’une soixantaine d’années est venue me voir. En m’attrapant le bras, elle a réussi à me souffler avant de fondre en larmes : “Est-ce qu’on s’en sort?” J’ai toujours autant d’émotion en racontant cette scène, non seulement parce que j’étais véritablement émue par cette femme en souffrance, mais surtout parce que, pour vous dire la vérité, je ne savais pas quoi lui répondre… À présent, je sais.»


Après son livre «Une poule sur un mur…» sorti en 2017 aux éditions Michalon, sur les violences conjugales qu’elle a subies, suivez le parcours de reconstruction de Julie Dénès.

La colère, le doute, la honte, la force, le pardon et la paix intérieure, autant d’émotions et de ressentis qu’elle a dû accepter pour redessiner son puzzle intérieur. Chaque chapitre est accompagné d’affirmations positives, de suggestions et d’exercices.

 

 

Focus: L’ordonnance de protection

L‘ordonnance de protection permet au juge aux affaires familiales d’assurer dans l’urgence la protection de victimes de violences conjugales ou intrafamiliales.

Quelles sont les conditions pour obtenir la délivrance d’une ordonnance de protection ?

Toute personne victime de violences exercées au sein d’un couple, actuel ou ancien, mariée, pacsée ou en vie maritale, peut demander au juge aux affaires familiales une ordonnance de protection, peu importent la durée de la relation et l’existence ou non de cohabitation. L’ordonnance de protection a également vocation à être délivrée à la personne majeure menacée de mariage forcé.

Les violences peuvent être physiques, psychologiques, économiques ou sexuelles et mettre en danger la victime et/ou un ou plusieurs enfants.

Le juge aux affaires familiales délivre l’ordonnance s’il considère comme vraisemblable les faits de violence allégués et le danger auquel la partie demanderesse ou ses enfants sont exposés.

Elle n’est pas subordonnée à l’existence d’une plainte pénale préalable.

 
A noter

Il appartient à la victime d’apporter la preuve de l’urgence et des violences (certificat médical, témoignages, journal des communications électroniques …)

Quelle est la procédure ?

La personne en danger doit saisir le juge aux affaires familiales territorialement compétent c’est-à-dire celui de la résidence habituelle du lieu du domicile conjugal ou du domicile du défendeur ou de la résidence habituelle de l’enfant.

Le juge est saisi par requête remise ou adressée au greffe contenant les motifs de la demande et les pièces.

La convocation à l’audience du demandeur se fera par lettre recommandée avec accusé de réception ou verbalement contre émargement ou récépissé.

Le défendeur sera convoqué par voie de signification dans un délai maximum de deux jours à compter de l’ordonnance fixant la date d’audience.

L’ordonnance peut être notifiée par voie administrative en cas de danger grave et imminent pour la sécurité d’une personne concernée par une ordonnance de protection ou lorsqu’il n’existe pas d’autre moyen de notification.

L’audience a lieu en chambre du conseil c’est-à-dire dans le bureau du juge, hors la présence du public.

Lors de l’audience, les parties peuvent se défendre elles-mêmes. Elles peuvent se faire assister ou représenter par un avocat. La procédure peut également se dérouler sans audience.

Chacune des parties peut être admise provisoirement à l’aide juridictionnelle.

Les frais de justice (en particulier les frais de signification de l’ordonnance de fixation de la date d’audience) sont pris en charge par l’Etat..

L’ordonnance est susceptible d’appel dans un délai de quinze jours suivant sa notification

Quelles mesures peuvent être prononcées ?

L’ordonnance de protection est délivrée par le juge aux affaires familiales dans un délai maximal de six jours à compter de la fixation de la date de l’audience.

Pour protéger la victime, le juge peut prononcer à l’encontre du défendeur :

  • l’interdiction d’entrer en contact avec le demandeur
  • l’interdiction de se rendre dans certains lieux désignés
  • l’interdiction de détenir ou de porter une arme
  • une prise en charge sanitaire, sociale ou psychologique
  • l’interdiction pour le défendeur de se rapprocher de la victime à moins d’une certaine distance, assortie de l’obligation de porter un dispositif électronique mobile anti-rapprochement.

Le port d’un dispositif électronique mobile anti-rapprochement ne peut être demandé que si la victime demande préalablement une interdiction de contact. La mesure ne peut être prononcée par le juge qu’avec le consentement libre et éclairé des deux parties.

 

La victime de violences peut être autorisée à dissimuler son adresse et élire domicile chez son avocat, ou chez une personne morale qualifiée ou auprès du procureur de la République près le tribunal judiciaire.

Le logement commun est, par principe, attribué à la victime même si elle a bénéficié d’un hébergement d’urgence.

Une ordonnance de protection permet également l’attribution prioritaire d’un logement social.

En présence d’enfants, l’ordonnance de protection édictera les mesures en matière d’exercice de l’autorité parentale, les modalités de droit de visite et d’hébergement (simple droit de visite ou en lieu neutre ou en présence d’un tiers de confiance, voire suspension de ces droits pour le parent violent), la contribution aux charges du mariage, l’aide matérielle, la contribution à l’entretien et à l’éducation des enfants.

L’exécution de l’ordonnance de protection

L’ordonnance de protection est exécutoire à titre provi­soire, sauf décision contraire du juge. Elle peut à tout mom­ent être modifiée, complétée, supprimée ou suspendue.

Elle doit être signifiée par le demandeur au défendeur, à moins que le juge n’en décide autrement.

Les mesures prononcées ont une durée maximum de six mois. Elles peuvent être prolongées au-delà si le juge est saisi pendant leur durée d’application d’une requête en divorce, en séparation de corps, ou d’une demande relative à l’exercice de l’autorité parentale. Le renouvellement des mesures est alors automatique.

Ce renouvellement automatique ne s’applique toutefois pas à la mesure de port d’un bracelet anti-rapprochement qui ne peut être renouvelé qu’après réitération des consentements des deux parties.

Le non-respect des mesures imposées dans l’ordonnance de protection constitue un délit puni de deux ans d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende.

Actualité violence conjugale

Mathias Vicherat, visé par une enquête pour violences conjugales, va reprendre ses fonctions de directeur de Sciences Po, lundi 29 janvier. Il devra se déporter des sujets liés aux violences sexuelles et sexistes (VSS).

Violences conjugales : Mathias Vicherat va réintégrer la direction de Sciences Po, sous conditions

Mathias Vicherat s’apprête à reprendre son poste à la tête de Sciences Po. Le haut fonctionnaire de 45 ans, accusé de  violences conjugales, réintègrera ses fonctions de directeur de l’Institut d’études politiques de Paris lundi 29 janvier, et devra se déporter des sujets liés aux violences sexuelles et sexistes (VSS), a-t-on appris jeudi 25 janvier de source proche. Cette décision intervient après que Mathias Vicherat a été entendu en décembre dernier par la police.

« Prendre les dispositions administratives nécessaires pour traiter les questions liées aux VSS »

La commission qui rassemble les bureaux des différents conseils de Sciences Po (conseil d’administration, de l’institut, de la vie étudiante et de la formation, scientifique), qui a validé le retour de Mathias Vicherat pour le 29 janvier, a communiqué jeudi en interne sur les conditions de ce retour. Dans un message adressé aux étudiants et personnels, dont l’AFP a obtenu copie, cette commission estime que la mise en garde à vue de Mathias Vicherat « a été dommageable pour Sciences Po et pour toutes les personnes qui y travaillent et y étudient ».

Elle « demande » que le directeur « puisse s’exprimer dans les meilleurs délais devant les CA (conseil d’administration) et CI (conseil de l’institut) pour présenter les dispositions qu’il mettra en œuvre afin de reconstruire cette confiance ». « Lorsque l’enquête préliminaire sera close, le directeur se présentera devant les deux instances (CA et CI), afin de savoir s’il dispose toujours de leur confiance », poursuit le message. « Jusqu’à cette date, la commission invite le directeur à prendre, dans le respect du code de l’éducation, les dispositions administratives nécessaires pour traiter les questions liées aux VSS (violences sexuelles et sexistes) », indique le message.

Mobilisation étudiante

Selon une source proche, sollicitée par l’AFP, cela signifie que « Mathias Vicherat va devoir se déporter des sujets liés aux VSS ». Peu après son arrivée à la tête de Science Po fin 2021, il avait décrété comme « priorité absolue » la lutte contre ces violences. Un conseil de l’institut exceptionnel est prévu mardi midi, ainsi qu’un conseil d’administration exceptionnel mercredi après-midi, selon des sources concordantes.

Le retour du directeur de Sciences Po pourrait être perturbé par une mobilisation d’étudiants, qui avaient dès le départ demandé sa démission et manifesté devant l’établissement. « La mobilisation étudiante se poursuivra jusqu’à sa démission », a écrit jeudi dans un communiqué le syndicat Union étudiante de Sciences Po. Mathias Vicherat et son ex-compagne Anissa Bonnefont, qui s’accusaient réciproquement de violences conjugales, ont été placés en garde à vue le 3 décembre avant d’être remis en liberté le lendemain. Une enquête préliminaire a été ordonnée par le parquet de Paris.