Alexandra Lamy a fait mouche ! Samedi, au terme du Festival de la fiction TV de La Rochelle, la comédienne a reçu pour sa première réalisation, Touchées, qui traite des violences faites aux femmes et de leur reconstruction par l’escrime, le prix du meilleur unitaire.
Une récompense qui l’a, si l’on ose dire, énormément touchée. Et ce, d’autant plus qu’elle l’a reçue des mains de Sandrine Bonnaire, qui l’avait dirigée dans son propre premier long-métrage (J’enrage de son absence en 2012). Présidente du jury, cette dernière a elle-même été surprise par l’émotion en appelant sur la grande scène de la Coursive où avait lieu cette cérémonie de clôture, sa « sœur d’armes ».
Parcours croisé de trois victimes de violences conjugales et sexuelles
C’est précisément ce dont il est question dans Touchées : de sororité, de solidarité, d’émotion partagée. Adapté d’un roman graphique de Quentin Zuttion, paru chez Payot en 2019, le téléfilm suit le parcours croisé de trois victimes de violences conjugales et sexuelles qui tentent de se reconstruire, grâce à un atelier d’escrime thérapeutique proposé par une association d’aide aux femmes.
Il y a Lucie (Mélanie Doutey) qui a fui avec son petit garçon, un mari violent et en tremble encore de terreur ; Tamara (Chloé Jouannet) qui protège sa fragilité sous un blindage d’agressivité et d’excès; et Nicole (Claudia Tagbo) qui a perdu toute estime d’elle-même et vit, recluse, invisible, avec sa chienne. Autour de ce trio : un chœur de femmes blessées, désorientées mais debout.
Alexandra Lamy ne se laisse pas déborder par la profondeur de son engagement pour la cause des femmes, ni par son affection pour sa terre cévenole où elle a choisi de situer l’action de son film. Elle reste focus. Concentrée sur son sujet, qu’elle ne surplombe pas, ni n’écrase. Elle le cadre droit dans les yeux, à hauteur de femme, sans dogmatisme, ni misérabilisme. La caméra est à l’épaule, mais le point sur le cœur. C’est en sœur d’âme qu’elle filme ces « sœurs d’arme » (on y revient) ou plutôt qu’elle les embrasse du regard, en ce sens qu’elle les étreint dans un élan de sororité tout en cherchant à saisir dans son ensemble, ce qu’elles incarnent.
Plus que les violences en elles-mêmes, dont chaque jour nous rappelle l’insupportable réalité, c’est la reconstruction qui lui importe. « On fait quoi, après ? Voilà ce qui m’intéresse », confiait à Midi Libre, en février, Alexandra Lamy.
« Comment peut-on avancer ? En montrant mon film je me suis rendu compte que les hommes aussi étaient très touchés, bouleversés même… Je mets en scène des personnes qui ont subi des violences, des traumatismes, mais qui se bagarrent pour sortir la tête de l’eau et se reconstruire, et je crois que c’est ça qui touche. Je montre combien cela peut être long et dur de se remettre, qu’il faut du courage pour demander de l’aide, pour aller dans une association, pour parler… »
Patient, attentif, son film suit ce parcours vers la résilience, sans occulter ce qu’il comporte d’épreuve et d’échec. Il montre aussi qu’être aidé, cela s’apprend, cela peut toujours s’apprendre, et qu’il est toujours temps de se soigner, avant qu’il ne soit trop tard.