Chronique littéraire février 2023: Nos pères, nos frères, nos amis

C’est lors de ma présence au colloque sur les Violences conjugales: les auteurs en question que j’ai découvert cet ouvrage, cité par un intervenant.

Interloqué par le contenu, j’ai été sidéré par la teneur et la pertinence des témoignages. J’ai décidé de me l’approprier et de le lire dans la foulée.

Nos pères, nos frères, nos amis est une enquête immersive, un livre essentiel pour comprendre un point aveugle de notre société
 » La petite graine de la violence, elle pousse, elle pousse, et je pense que cette graine est en moi depuis longtemps, elle fait partie de mon bagage, de ce que m’ont transmis mes parents. La violence surgit comme un instinct animal, et vous murmure à l’oreille : « C’est la faute de l’autre.’ « 
Pendant quatre ans, le journaliste Mathieu Palain s’est rendu dans des groupes de parole, dans une Maison des femmes, à des auditions judiciaires. Il a eu accès à des histoires et des témoignages d’une rare puissance

J’ai trouvé ce livre totalement extraordinaire et permettant d’ouvrir les horizons, et d’entrevoir les Violences conjugales sous un autre angle.

 

 

 

REPORTAGE. Violences conjugales : huit femmes sur dix victimes, comment éviter la récidive ?

En France, huit femmes sur dix déclarent avoir déjà subi des violences conjugales. En occitanie, un centre de prise en charge des auteurs de ces violences au sein du couple a pour objectif d’éviter la récidive. Stages et colloques tentent d’enrayer ce dangereux fléau.

« Battez-vous votre femme ? » En 1975, l’émission « Aujourd’hui Madame »  pose directement la question des violences dans le couple à des hommes croisés au hasard. Ces archives de l’INA parlent d’elles-mêmes.

 » – Vous la battez souvent votre femme ? 

 – Non, jamais.

 – Et vous monsieur ?  

 – Personnellement, je ne bats pas la mienne, bien que souvent j’en ai envie…

 – Moi, oui. Un coup malheureux. Elle ne le méritais pas spécialement, un coup de colère…

 – Des petites gifles, trois fois rien. » 

Presque 50 ans plus tard, huit femmes sur dix déclarent avoir subi des violences conjugales. Dans la lutte contre ce fléau, un constat : la seule condamnation en justice des auteurs ne suffit pas.

Dans cette salle, une dizaine d’hommes, tous condamnés par la justice, suivent un stage de responsabilisation, coordonné par le centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales de l’Hérault,  le CPCA Sud Occitanie.

« On peut faire le constat ensemble c’est que si vous êtes là aujourd’hui, c’est qu’il y a quelque chose qui a dysfonctionné dans votre couple. On est là pour discuter, on est là pour réfléchir ensemble sur ce qu’il s’est passé », annonce d’emblée l’animatrice du stage, avant d’entamer le débat avec les auteurs de ces violences au sein du couple.

« – C’est quoi les violences verbales ? », interrogent-elles hommes présents.

 » – Les insultes », répond l’un d’eux.

 » – Et les violences physiques ? » poursuit-elle.

 » – C ‘est taper… » , murmure un participant.

On a un discours de victimisation au démarrage du type : « ce n’est pas ma faute » ou « on m’a poussé à bout » ou encore « c’est la société qui m’a mis en cause. »

Anne Krugler, intervenante socio-judiciaire association d’entraide et de reclassement social

« On a donc un discours de victimisation au démarrage des stages et au fur et à mesure des interventions, ils vont pouvoir se rendre compte de leurs responsabilités et surtout des conséquences que ça a pour eux et pour leur entourage. Petit à petit, on les amène à la responsabilisation et à la prise de conscience des faits », explique Anne Krugler, intervenante socio-judiciaire association d’entraide et de reclassement social.

 

Eviter la récidive

Pendant deux jours, les intervenants se succèdent. Psychologues, juristes et travailleurs sociaux échangent avec les stagiaires sur la gestion des émotions, les rapports de domination, les addictions. Avec un objectif clair : éviter la récidive.

« En France, les centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales n’existent que depuis 2021, donc on a pas encore assez de recul sur ces questions. Mais par exemple au Québec, où ils sont très avancés sur ces questions, les résultats sont encourageants », indique Charlotte Cedo, directrice adjointe du centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales à Montpellier

La prise de conscience est une première étape. Le centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales propose ensuite des suivis adaptés à chaque situation. Les violences dans le couple concernent toutes les tranches d’âges et toutes les catégories sociales.

 

Focus sur la loi concernant « LES VICTIMES DE VIOLENCES CONJUGALES »

La loi visant à protéger les victimes de violences conjugales est la transcription législative des travaux du Grenelle des violences conjugales.

 

La loi a été promulguée le Elle a été publiée au Journal officiel du 

La loi entend mieux protéger les victimes de violences conjugales.

Pour cela, elle permet la suspension du droit de visite et d’hébergement de l’enfant mineur au parent violent.

En cas de violence au sein du couple, l’inscription au fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes est automatique (sauf décision contraire du juge) pour les infractions les plus graves. La notion de harcèlement au sein du couple est considérée comme une circonstance aggravante. La procédure de médiation en matière pénale et en matière civile est encadrée dans les cas de violences conjugales.

La loi décharge de leur obligation alimentaire les ascendants, descendantsfrères ou soeurs de personnes condamnées pour un crime ou un délit portant atteinte à l’intégrité de la personne commis par un parent sur l’autre parent.

Le harcèlement moral au sein du couple qui a conduit au suicide ou à sa tentative est dorénavant puni d’une peine de dix ans de prison et de 150 000 euros d’amende.

La levée du secret médical devient possible lorsque les violences mettent la vie de la victime majeure en danger immédiat et que celle-ci se trouve sous l’emprise de son auteur. Le professionnel de santé doit s’efforcer d’obtenir l’accord de la victime. En cas d’impossibilité d’obtenir cet accord, il doit l’informer du signalement fait au procureur de la République.

Le loi comporte aussi des mesures en matière de logement (jouissance du logement conjugal attribuée par principe au conjoint qui n’est pas l’auteur des violences même s’il a bénéficié d’un hébergement d’urgence), sur les étrangers victimes de violences familiales ou conjugales, sur l’aggravation des peines en cas de violation du secret des communications ou de géolocalisation par le conjoint et sur la protection des mineurs contre les messages pornographiques.

Violences conjugales en France : une femme victime toutes les trois minutes, et ce chiffre est en forte hausse

Les violences conjugales ont fait 208 000 victimes en France en 2021, et sont en forte hausse de 21 % par rapport à 2020, selon les statistiques publiées ce jeudi 15 décembre 2022 par le ministère de l’Intérieur. Parmi elles, les viols conjugaux progressent encore plus, de 31 %. Les homicides conjugaux sont eux aussi en progression.

Toutes les trois minutes en France, une femme est victime de violence conjugale, qu’elle soit physique, sexuelle ou psychologique, et la tendance est en forte hausse, de 21 %. Telles sont les conclusions des chiffres publiés ce jeudi 15 décembre par le ministère de l’Intérieur, qui recense et détaille ce phénomène qui a pratiquement doublé en cinq ans et qui reste au cœur de l’actualité, touchant tous les milieux sociaux.

Meurtres, actes de torture et de barbarie

Dans les deux tiers des cas, il s’agit de violences physiques légères ou modérées, la part des violences physiques criminelles (meurtres et tentatives, tortures ou actes de barbarie) restant très rare (moins de 1 % des cas).

De même, la part des violences sexuelles dans les violences conjugales reste faible (4 %), mais il s’agit dans 85 % des cas d’un viol ou d’une tentative de viol.

145 homicides, soit 18 de plus qu’en 2020

Le nombre d’homicides conjugaux enregistrés en 2021 est de 143, soit 18 de plus qu’en 2020, mais est inférieur à celui de 2019 : ce chiffre fluctue ces dernières années autour de 150 victimes par an, sans qu’une tendance très claire ne se distingue sur le long terme.

Un département d’Occitanie dans le rouge

Parmi les dix départements qui affichent le taux de violences conjugales les plus élevés pour les femmes de 15 à 64 ans se trouve un département d’Occitanie : les Pyrénées-Orientales affichent un taux de 10,4 femmes victimes pour 1000 habitantes, et se classe ainsi au huitième rang national des départements les plus touchés.

On compte en tête de ce triste palmarès trois des cinq départements d’Outre-Mer (Guyanne avec 12,7 pour mille, puis Réunion et Guadeloupe), suivis en métropole de la Seine-Saint-Denis  (11,6 pour mille), Nord, Pas-de-Calais, Lot-et-Garonne. Derrière les Pyrénées-Orientales arrivent les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône.

Les départements de l’Hérault, du Gard et de l’Aude se situent à des taux variant entre 7,7 et 9,8 pour mille.

Avec 6 717 cas recensés en 2021, les viols et tentatives de viols restent en très forte hausse de 31 % par rapport à 2020, où ces chiffres étaient déjà en progression de 27 %. Aujourd’hui, selon ces chiffres, on recense en France 18 viols ou tentatives de viols conjugaux par jour.

Neuf victimes sur dix sont des femmes

Près de neuf victimes de violences conjugales sur dix sont des femmes, principalement âgées de 25 à 39 ans, et sont françaises à 85 %.

Concernant les auteurs de victimes conjugales, les services de sécurité ont arrêté 178 000 personnes en 2021, dont 70 % pour des violences physiques, et 4 % pour des violences sexuelles. Il s’agit d’hommes dans quasi-totalité des cas (88 %), et principalement d’hommes de nationalité française (83 %).

Une victime sur quatre ne dépose pas plainte

Ces chiffres donnent une vision sans doute sous-estimée de la réalité : selon une étude effectuée en France en 2021, selon des critères européens, et portant sur 169 060 personnes, un peu moins d’une personne sur quatre victime de violence conjugale a déclaré cette atteinte aux services de sécurité.