Chronique littéraire du mois de novembre : Tweeter ou mourir

RÉSUMÉ

Dans la nuit du 16 au 17 avril 2018, après plusieurs années de violences conjugales, Laura trouve enfin le courage de porter plainte : son conjoint a tenté de l’étrangler sous les yeux d’Alice, leur fille de deux ans.

Après un an de détention provisoire pour tentative d’homicide, stupéfaction : son ex-conjoint est remis en liberté dans l’attente du procès et placé sous contrôle judiciaire qu’il enfreindra à plusieurs reprises.

Sourde au danger que courent les deux victimes dont elle ignore les appels à l’aide, la justice ne lui laisse pas le choix : Laura se tourne vers les réseaux sociaux.

Le 14 mai 2019, elle lance un SOS sur Twitter :  » Je ne sais pas si je vais mourir demain, je veux juste être entendue. Protégez-moi, protégez ma fille jusqu’au procès.  »

Que faire lorsque la justice abandonne les victimes à elles-mêmes ? Avec une précision clinique, Laura Rapp restitue sa lente descente aux enfers, broyée par un système favorable aux criminels. Un récit choc, qui interroge sur l’urgente réflexion à mener sur notre institution judiciaire.

  • Livre désormais disponible en libre service à l’association.

Focus: Porter plainte pour violences conjugales

Les violences au sein d’un couple font partie des plus délicates du fait de la proximité et de l’attachement entre l’auteur et la victime qui se retrouve confrontée à des sentiments ambivalents. Pourtant, il est important d’agir vite en déposant une plainte avant que la situation ne se répète. Comment s’y prendre dans une telle situation ? À qui s’adresser ? Explications.

Porter plainte pour violences conjugales

-Qu’est-ce qu’un dépôt de plainte ?

Le dépôt de plainte permet à une victime de dénoncer l’auteur de son agression afin de demander à la justice sa condamnation pénale (amende, prison).

-Qui peut porter plainte pour violences conjugales ?

Vous pouvez porter plainte pour violence conjugale à partir du moment où vous en êtes victime et êtes en couple, c’est-à-dire uni par un mariage, un PACS ou en concubinage.

-Comment porter plainte pour violences au sein du couple ?

Pour que la plaine pour violence conjugale soit recevable, vous devez la déposer dans les 6 années qui suivent les faits. Pour cela, différents procédés sont à votre disposition.

Vous pouvez d’abord vous présenter dans un commissariat de police ou une brigade de gendarmerie. Vous n’êtes pas tenu par une sectorisation particulière néanmoins, il est préférable de s’orienter vers le service de proximité qui sera plus à même d’intervenir rapidement en cas d’urgence. Une messagerie instantanée vous permet désormais d’échanger avec un agent de police et de signaler un acte de violence au sein du ménage.

Ensuite, il est aussi possible de déposer plainte auprès du procureur de la République par papier libre en indiquant l’état civil du plaignant, le nom de l’auteur de l’infraction, le récit des faits, le lieu et la date de l’infraction, les coordonnées des éventuels témoins, une estimation du préjudice et tout document servant de preuve (certificat médical, arrêt de travail, etc.).

Enfin, vous pouvez exceptionnellement adresser votre déclaration au juge d’instruction en vous portant partie civile.

Bon à savoir : Il existe de nombreux services en capacité de vous proposer assistance en cas de violence. N’hésitez pas à contacter le 3919 (Violences Femmes Info, accessible 24h sur 24 et 7 jours sur 7), une association France Victimes via le numéro 116 006 ou à consulter le site parcours-victimes.fr.

J’ai été victime de violences conjugales — Témoignage

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Un an et demi. Voilà aujourd’hui ce qui me sépare de lui ; ça peut paraître peu mais en dix-huit mois, tellement de choses ont changé dans ma vie… maintenant je suis heureuse.

Écrire mon histoire, la raconter et le dénoncer, lui et tous ces autres, je n’y avais pas songé avant. Peut-être par honte, mais « Honte de quoi ? », m’a un jour demandé ma sœur.

Honte d’être moi, trop naïve. Honte de m’être laissée faire, honte de ne pas être partie avant, honte de ne pas avoir remarqué le problème, honte d’avoir menti pour cacher mes problèmes, honte d’avouer que je me suis trompée sur lui. Voilà de quoi j’avais honte : être une victime.

Je ne veux pas qu’on me regarde comme une victime, car je ne veux pas engendrer la pitié dans mon entourage, c’est pourquoi beaucoup ne savent rien de ce qui m’est arrivé.

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Un an et demi plus tard, alors que la page est tournée, au fond je sais qu’on n’oublie jamais. On reste marquée, et il arrive que des souvenirs me réveillent encore en sursaut la nuit.

Maintenant que vous connaissez la fin de cette histoire, intéressons nous au commencement.

Il était une fois un prince charmant…

J’avais 17 ans tout juste quand je l’ai rencontré à une soirée entre amis, au réveillon du Nouvel An. Ça n’a pas été le coup de foudre, il n’était pas particulièrement attirant, mais nous sommes devenus très bons amis.

Maintenant que j’y repense, il était l’ami idéal, un peu trop même : il a fait en sorte d’aimer les choses que j’aimais (les séries télé, les musiques, mon job d’été…), pour pouvoir ensuite les détester radicalement.

Il était l’ami idéal, un peu trop même : il a fait en sorte d’aimer les choses que j’aimais.

Nos amis communs ont commencé à nous pousser l’un vers l’autre, et au fil des semaines, l’idée fit son chemin. Après tout, il me comprend et me connaît si bien… Du coup, je tombe de haut quand j’apprends qu’il vient de se mettre en couple avec une autre.

Néanmoins, nous restons amis, et il finit par me confier qu’il n’est pas amoureux, qu’il pense à la rupture. Lorsqu’il la quitte, je comprends que c’est pour moi, mais il ne me le dit pas clairement, attendant que je fasse le premier pas… ce que je finis par faire. Je signe sans le savoir le début de ma fin.

De la violence conjugale psychologique…

Les débuts sont magiques, d’autant plus qu’il s’agit de ma première « vraie histoire » : on est tellement semblables, il est toujours là pour moi, et me rend bien des services. Avec le recul, je me rends compte qu’il travaillait à se rendre indispensable.

Nous sommes entrés à la fac dans la même ville, mais avec deux logements séparés, pour ne pas nous étouffer : on se donne un soir par semaine chacun de notre côté, et on voit nos parents le week-end. Au bout de deux mois, il en réclame davantage, exigeant de me voir chaque soir ; face à mon refus, il s’énerve, et me dit que si on finit par se séparer, ce sera de ma faute.

Après de nombreuses disputes, poussée à bout, je cède, et je lâche mon indépendance. Quelques semaines après, je fais une autre concession, énorme pour moi : je ne vois plus mes parents qu’un week-end sur deux, passant l’autre avec lui. Chaque jour, la liste des choses sur lesquelles je cède s’allonge, mais lui ne lâche pas un pouce de terrain.

violences conjugales psychologiqueAu lit, tout se passait bien : on s’amusait quotidiennement, et il respectait mes choix quand je n’avais pas envie. Là aussi, la situation s’est dégradée en quelques mois : il me reprochait mes refus, finissant par m’ignorer complètement, ou par me faire croire que c’était le signe que je ne l’aimais plus.

Je me rends bien compte, aujourd’hui, que j’aurais dû fuir, déjà, à ce moment-là.

C’est dans ce cadre que le premier signe de violence physique est arrivé, même si je ne l’ai pas remarqué : chez lui, clouée au lit avec une grippe, je ne voulais qu’une chose, dormir.

Lui voulait faire l’amour ; il m’a crié dessus, indifférent à mes pleurs, me reprochant de ne plus l’aimer, et m’a violemment lancé un coussin avant de menacer de me mettre dehors. Il a fait mine de rompre avec moi et a passé la nuit par terre, mais s’est excusé au petit matin, et m’a promis de ne plus jamais recommencerPauvre de moi, je l’ai cru.

…à la première violence conjugale physique

Mes amies et moi avions depuis longtemps planifié de partir trois jours ensemble, sans lui. Il a attendu la semaine précédent le départ pour me supplier de ne pas y aller, en larmes, et ce n’est que sous l’impulsion de ma mère que j’ai réussi à partir.

Mais mes vacances, et celles de mes amies, furent gâchées : il m’a bombardée de textos, d’appels, me reprochait d’avoir trahi sa confiance, me disait ne plus jamais vouloir me revoir.

En rentrant, je me suis excusée ; je réalise à présent que je n’avais absolument rien fait de mal, mais je me sentais tellement coupable. Et jusqu’à la fin, il m’a rappelé cette histoire, l’utilisant durant nos désaccords, nos disputes, alors qu’il était exclu, pour moi, de lui reprocher ses erreurs passées.

violences conjugales physiqueL’année scolaire a fini, entrecoupée de moments similaires, et comme chaque été, je travaillai en centre aéré pour gagner un peu d’argent.

J’adorais discuter de mon job avec lui, mais au début des grandes vacances, il m’a reproché de trop en parler, en a fait un sujet tabou : selon lui, il ne souhaitait pas l’évoquer parce que lorsque je travaillais, nous étions séparés, et il en souffrait.

Comme je ne pouvais plus lui raconter mes journées, on ne parlait que des siennes, ce qui était assez rapide puisqu’il ne faisait rien de ses vacances.

Il me lance alors la télécommande avec rage. Quand je parle de violences conjugales, il me dit de ne pas exagérer.

Nous sommes ensuite partis ensemble dans une maison qui appartient à ma famille. Un soir, à nouveau, je n’ai pas envie de lui, et sous la contrariété, voyant que je ne compte pas céder, il se rapatrie dans le salon et met le son de la télévision à fond, pour m’empêcher de dormir.

Lorsque je lui demande de baisser le volume, il m’ignore et j’éteins le poste ; il me lance alors la télécommande, avec rage.

Sous le choc, je suis restée figée quelques instants, avant de lui dire de faire ses valises pour le lendemain, car il n’était plus le bienvenu ici. Le lendemain, il se confond en excuse, pleure, me supplie de le pardonner. Quand je parle de violences conjugales, il me dit de ne pas exagérer…

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Je l’aimais, et je crois sincèrement que lui aussi. Il ne cessait de me répéter que sans moi, il n’était rien. En public ou en soirée, il restait collé à moi, toujours à m’embrasser, ce qui me gênait et m’empêchait de profiter des autres invités.

Si je le lui faisais remarquer, ou tentais de m’éloigner, il me le reprochait : c’était moi qui avait un problème, car c’était la façon dont un couple devait agir. Encore un motif de disputes, où j’étais toujours en tort : il ne se remettait jamais en question, ne répondait même pas à mes accusations.

C’était difficile de se sentir aussi ignorée. Je me rends compte, maintenant, que ce que j’éprouvais n’était pas de l’amour, car je ne sais pas comment on peut aimer quelqu’un qui vous traite ainsi ; les psychologues ont peut-être un terme pour ce sentiment, moi je n’en ai pas.

À lire aussi : « Some Call That Love », un clip sur les violences conjugales aussi pertinent qu’insoutenable

Le chantage, une autre forme de violence conjugale

C’était un grand maître du chantage. Je ne sais plus combien de fois j’ai dû choisir : entre faire ce qu’il voulait ou le perdre, entre lui et mes amis, ma famille, et si je ne le choisissais pas, c’est que je ne l’aimais pas.

C’est ainsi que, peu à peu, j’ai perdu le droit de sortir de mon côté, ne serait-ce que pour accompagner une amie. Si je voulais manger entre potes le midi, il fallait que lui soit occupé avec les siens. Même chez le médecin, il entrait en rage s’il ne m’accompagnait pas dans le cabinet, et quittait la salle d’attente, me laissant rentrer seule et fiévreuse.

C’est ainsi que peu à peu, j’ai perdu le droit de sortir de mon côté.

Durant les trois ans qu’a duré notre relation, jamais il n’a eu confiance en moi : il m’accusait de voir d’autres garçons, de le tromper avec mon patron… Je suis toujours restée fidèle, mais je devais sans cesse justifier mes faits et gestes, éviter de mentionner mes amis masculins.

Le pire a été mon rendez-vous chez un gynécologue : pour lui, « écarter les cuisses devant un inconnu, c’est être une salope ». J’ai choisi une femme pour le rassurer, mais il s’en fichait. Quand je lui ai reproché de m’en vouloir pour ça, et de m’avoir laissée seule pour ce premier rendez-vous, il s’est excusé et a pleuré… une fois de plus. Et j’ai été naïve une fois de plus.

Des concessions, encore et toujours

La chose que je regrette le plus, aujourd’hui, c’est d’avoir été en froid avec ma soeur à cause de lui. Elle était ma confidente, et a très vite cerné le personnage, alors elle lui a dit que sa façon d’agir était inacceptable.

Il m’a tout mis sur le dos, me reprochant de raconter « notre » vie à ma soeur, et s’est mis à la rabaisser sans cesse. S’il était chez mes parents, elle n’y venait pas, et j’ai fini par ne plus la voir, ce qui m’a blessée. Il a réussi à s’engouffrer dans la brèche, m’a dit qu’elle ne me méritait pas, et m’a insidieusement montée contre ma propre soeur.

Physiquement, il avait certaines exigences. Si je me maquillais, ou que je portais une jupe, une robe, un décolleté, c’était forcément pour séduire. Je ne pouvais plus me faire belle : je ne devais pas me plaire, mais lui plaire. Les seuls bijoux autorisés étaient ceux qu’il m’avait offerts, il fallait qu’il approuve chaque nouveau vêtement…

Physiquement, il avait certaines exigences. Je ne devais pas me plaire, mais lui plaire.

Lors d’une soirée entre amis, je portais une robe et un collier qui ne venait pas de lui. Il m’a prise à part dans une pièce et m’a reproché de m’être faite belle pour tout le monde, sauf pour lui, criant et pleurant assez fort pour que les autres convives l’entendent. J’étais extraordinairement mal à l’aise, mais en rejoignant les autres, j’ai menti pour le « couvrir ».

Après deux ans de concessions toujours plus importantes, nous avons emménagé ensemble, et la violence a monté d’un cran.

Pour lui, cela signifiait que je ne devais plus rentrer chez mes parents qu’une seule fois par mois, un week-end qu’il me faisait payer, en m’ignorant totalement avant, pendant et après.

Une fois, il a menacé de se suicider pour me retenir de partir, commençant à s’entailler les poignets, et je n’ai pu quitter l’appartement qu’en promettant que je n’irai pas le mois d’après. Encore une fois, il avait eu gain de cause.

Puis, vint l’humiliation et le summum de la violence conjugale

Nos disputes se faisaient de plus en plus violentes, et je commençais à me sentir vraiment humiliée. Détestant faire la vaisselle, il trouvait souvent une raison de m’en vouloir lorsque c’était son tour ; il m’est arrivé plus d’une fois de recevoir l’éponge sale en plein visage pour avoir osé le contredire, lui faire une remarque.

Pour des motifs toujours anodins, la violence montait : j’ai reçu son portefeuille en plein visage, il m’a un jour fouetté le visage avec un t-shirt mouillé, assez fort pour casser mes lunettes. Des coups de pied dans le dos (il faisait particulièrement attention à ne laisser aucune marque visible) m’ont fait mal pendant plusieurs jours.

À chaque fois, il se confondait en excuses, en promesses, et j’y croyais. C’était une violence invisible, mentale et physique, qui me rendait malade. Je n’étais plus heureuse, ni joyeuse, comme je l’étais ; je pensais à partir malgré les sentiments, mais je n’en trouvais pas le courage.

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Je sais que beaucoup ne comprendront pas pourquoi je suis restée, pourquoi j’ai même emménagé avec lui, et moi-même, j’ai mis du temps à le comprendre.

La première raison était l’amour : j’y croyais dur comme fer, et quand il tentait de se racheter, il redevenait celui que j’avais aimé au début, me faisant croire que c’était fini pour de bon.

Je manquais également de courage, et j’avais peur des conséquences. Enfin, je doutais moi-même : chaque fois que je songeais à une rupture, je ne savais pas comment la justifier, et je craignais d’exagérer ce qui se passait entre lui et moi. On peut résumer tout cela par un manque cruel de confiance en moi.

Elle le quitta…

Je n’oublierai jamais la veille de mon départ. C’était les vacances de Pâques, et je travaillais ; il était donc prévu que je dorme chez mes parents, qui vivaient tout près de mon job. Mais pour lui faire plaisir, je n’y passais que deux nuits par semaine, faisant le reste du temps une heure et demie de route quotidienne pour le satisfaire.

violences conjugales blessureUn soir, nous nous sommes disputés, et j’ai à nouveau cédé : le lendemain, je ne passerai qu’une nuit en famille, au lieu de deux. Au moins, nous avons pu passer une soirée normale.

Mais le lendemain matin, au moment de partir, il a tenté de me retenir, prétextant qu’il avait une envie de moi. En réalité, il cherchait surtout une raison pour commencer une dispute. Ce furent les pires instants de ma vie, un déchaînement de violence.

Il m’a donné des coups avec un étendoir à linge, m’a traitée de pouffiasse, m’a faite tomber au sol plusieurs fois, tentant de me faire avaler de la poussière. Il a jeté mes affaires par terre, et m’a dit que tout était fini. Je suis partie en courant et en larmes.

Ce furent les pires instants de ma vie, un déchaînement de violence.

Avant d’arriver au travail, je me suis arrêtée chez mes parents pour tout raconter à ma mère. La voir pleurer m’a touchée, et je me suis sentie coupable, mais aussi libérée : même si je flanchais, jamais mes parents ne me laisseraient y retourner. Lui et moi, c’était fini.

Quand je suis retournée chercher mes affaires, j’ai demandé à mes parents de rester au bas de l’immeuble, espérant qu’il ne ferait pas d’histoires.

Mais quand il a compris que je n’étais pas là pour implorer son pardon, il a verrouillé la porte à clé, m’a suppliée, a menacé à nouveau de se tuer. Lorsqu’il est allé chercher un couteau, j’ai ouvert la porte et appelé mes parents à l’aide.

Une fois de retour, j’avais peur qu’il se suicide ; je lui ai donc laissé entendre que j’avais besoin de réfléchir, qu’il y avait encore une chance que ça marche. Je ne savais pas encore que les gens comme lui sont bien trop lâches pour se tuer, et n’utilisent ça comme une forme de chantage affectif. Il m’a appelée, écrit, suppliée, il a même consulté un psychologue, espérant me redonner confiance.

Auprès de nos amis communs, il a endossé le rôle de victime. Mais la victime c’était bien moi.

Pour se justifier, il a prétendu que son père battait sa mère, ce qu’il ne m’avait jamais dit en trois ans de relation – je ne sais pas si c’est vrai ou non, mais je m’en fiche. Cela ne justifie en rien son attitude. Auprès de nos amis communs, il a endossé le rôle de victime, et certains, aujourd’hui, refusent de me parler.

Mais la victime, c’était bien moi, incapable de dormir à cause de cauchemars dans lesquels il apparaissait… Le pire, c’est qu’il m’a fallu du temps pour lui en vouloir. Mais il m’en a fallu encore plus pour en parler.

… et vécut heureuse.

Un an et demi aujourd’hui que je ne le vois plus, je ne l’aime plus. Que serais-je devenue si j’étais restée ? Je préfère ne pas y penser, mais regarder ce que je suis. Plus forte.

J’ai tiré les leçons de mes erreurs, et je ne les referai pas. Aujourd’hui, je vis pour moi-même, je me coiffe et je m’habille comme je veux, je vois qui je veux quand je veux, et j’ai rencontré quelqu’un il y a plusieurs mois.

Je ne suis pas prête à emménager avec lui, et je ne le serai pas avant longtemps, mais je découvre ce qu’est une relation de couple saine, normale, dans le respect de l’autre.

À toutes les madmoiZelles qui sont victimes de violences physiques ou mentales, je voudrais vous dire de ne pas perdre confiance en vous : le premier pas vers la liberté, c’est d’en parler à quelqu’un.

À toutes celles qui connaissent une personne victime de violences conjugales, je vous dirai de vous rendre disponible, de faire comprendre à votre ami-e que vous serez toujours joignable, quoi qu’il arrive, et ne le/la jugez pas… sortir d’une telle emprise est long et difficile.

Violences faites aux femmes : journée internationale le 25 novembre

 

C’est l’Organisation des Nations unies (ONU) qui a choisi en 1999 de proclamer le 25 novembre comme journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Lors de cette journée, des opérations de sensibilisation sont menées par les gouvernements, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales pour lutter contre la violence à l’égard des femmes. Service-Public.fr retrace les mesures mises en place face à ce grave phénomène.

La Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes a été adoptée le 20 décembre 1993 par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU). Elle définit ces violences comme « tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».

Quelles sont les différentes formes de violences sexistes et sexuelles ?

  • violences au sein du couple ;
  • violences sexuelles ;
  • harcèlements ;
  • outrages sexistes ;
  • mutilations sexuelles féminines ;
  • mariage forcé ;
  • système prostitutionnel.

Le site dédié arretonslesviolences.gouv.fr oriente vers des numéros d’appel ou la plateforme de signalement en ligne des violences conjugales, sexuelles ou sexistes.

Le gouvernement a organisé, à l’automne 2019, le premier Grenelle contre les violences conjugales. Retrouvez sur le site Vie-publique.fr un dossier complet sur la lutte contre les violences faites aux femmes.

Le nombre de féminicides a augmenté de 20 % en France en 2021 par rapport à l’année précédente, avec 122 femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, contre 102 en 2020, selon un bilan publié par le ministère de l’Intérieur.

  À savoir : Cette célébration de la journée internationale a pour origine l’assassinat le 25 novembre 1960, en République dominicaine, des sœurs Mirabal sur les ordres du dictateur et chef de l’État, Rafael Trujillo, après qu’elles aient subi des violences, au sein de leur famille ou hors du cercle familial (viols, coups et harcèlement sexuel), et des violences commises par l’État (tortures, viols des femmes incarcérées pour des raisons politiques).

E-learning de sensibilisation dans les structures d’hébergement mixtes

la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) publie un e-learning pour agir contre les violences sexistes et sexuelles au sein des structures d’hébergement mixtes.

Cet outil s’adresse à l’ensemble des personnes intervenant au sein de ces structures (membres de l’équipe éducative, responsables de service et de structure, veilleurs de nuit, agents de restauration) et a pour but :

  • d’informer sur les violences sexuelles et sexistes ;
  • de sensibiliser au repérage des violences sexistes et sexuelles, et à la gestion des situations.

Le 3919, Violences Femmes Info

La ligne d’écoute 3919 pour les femmes victimes de violences, est joignable 24 h/24 et 7 jours sur 7, y compris par les personnes sourdes ou ayant des troubles du langage. Il s’agit d’un numéro d’écoute national destiné :

  • aux femmes victimes de violences ;
  • à leur entourage ;
  • aux professionnels concernés.

Anonyme et gratuit, il est accessible depuis un poste fixe et un mobile en métropole et dans les DOM. Ce numéro permet d’assurer une écoute et une information, et, en fonction des demandes, effectue une orientation adaptée vers des dispositifs locaux d’accompagnement et de prise en charge. Le 3919 ne traite pas les situations d’urgence (ce n’est pas un service de police ou de gendarmerie). L’appel ne figure pas sur les factures de téléphone.

Le « 08 victimes » (08 842 846 37)

Un numéro dédié à toutes les victimes de violences quel que soit le préjudice subi. Victimes ou témoins de harcèlement peuvent contacter le 08 Victimes, 7 jour/7, de 9h à 21 h. Ce numéro est non surtaxé.

La plateforme Mémo de Vie

Conçue sous l’égide du ministère de la Justice, la plateforme Mémo de Vie est portée par la Fédération nationale d’aide aux victimes France Victimes qui fédère 130 associations locales réparties dans chaque région, intervenant dans l’accueil et l’écoute des victimes. Elle a été créée pour répondre à vos besoins que vous soyez sujets à des violences, que vous soyez proches ou professionnels et vous informe sur les droits, le soutien psychologique et l’accompagnement social des victimes.

Lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans la fonction publique

À l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le ministère de la Fonction publique a publié le 25 novembre 2022 un guide destiné aux employeurs publics : « Lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans la fonction publique – Guide des outils statutaires et disciplinaires ».

Ce guide pratique présente les bonnes attitudes à adopter et les outils statutaires et disciplinaires susceptibles d’être mobilisés. Il vise à informer et à accompagner les employeurs, les services des ressources humaines, les acteurs de la prévention et les agents victimes ou témoins de violences sexistes ou sexuelles. L’objectif est d’améliorer la connaissance des actes de violences sexistes et sexuelles et la prise en charge des signalements.

Structuré en deux parties, connaître les faits et réagir aux faits, ce guide :

  • décrit et illustre les propos et comportements qui peuvent constituer des faits de violences sexistes et sexuelles ;
  • présente les bonnes attitudes à adopter ;
  • expose les outils statutaires et disciplinaires qui peuvent être mobilisés face aux violences sexistes et sexuelles.