Chronique littéraire du mois de mars 2023: Le corps n’oublie rien

« Un livre capital qui donne un sens à la souffrance et offre des pistes de guérison. » Booklist

Le traumatisme fait partie de la vie.Et le corps en garde les traces et une mémoire qui imprègne nos émotions.

Le psychiatre Bessel van der Kolk a passé quarante ans à soigner des survivants. En racontant les histoires  vécues par ses patients (vétérans, femmes et enfants maltraités, victimes d’accidents ou d’agressions), il entraîne le lecteur dans un parcours passionnant à travers les méandres du syndrome du stress post-traumatique.

Unique en son genre, ce livre conjugue neurosciences, pratique clinique et réflexion sur la maladie. Il montre notre extraordinaire capacité à souffrir, mais aussi à guérir, en offrant de nouveaux espoirs pour retrouver goût à la vie.

Bessel van der Kolk, psychiatre américain d’origine néerlandaise, spécialiste du syndrome de stress post-traumatique, professeur de psychiatrie à la Boston University, a fondé le Trauma Center de Boston.

Quelle est la place réelle des femmes dans la société moderne ?

La place des femmes dans la société moderne varie en fonction de la culture, du pays et des circonstances individuelles.

Cependant, dans de nombreuses régions du monde, les femmes ont fait des progrès significatifs en termes de droits légaux, d’éducation et de possibilités d’emploi.

En termes de droits légaux, les femmes ont obtenu le droit de voter, de posséder des biens et d’avoir un accès égal à l’éducation et à l’emploi dans de nombreux pays.

D’ailleurs, des lois ont été mises en place pour protéger les femmes contre la discrimination et les abus sur le lieu de travail et dans leur vie personnelle.

En matière d’éducation, les femmes ont fait des progrès considérables ces dernières années.

De nombreux pays ont mis en œuvre des politiques visant à promouvoir l’égalité des sexes dans l’éducation, ce qui fait que les femmes sont désormais plus nombreuses que les hommes dans les universités et les collèges de nombreuses régions du monde.

En termes d’emploi, les femmes ont augmenté leur participation au marché du travail et ont progressé dans des domaines traditionnellement dominés par les hommes, tels que la technologie, la finance et la politique.

Toutefois, dans de nombreux pays, les femmes ont encore tendance à être sous-représentées aux postes de direction et sont moins bien payées que les hommes pour le même travail.

Hmm…

En résumé, la place des femmes dans la société moderne a évolué ces dernières années, mais il reste de nombreux défis à relever.

Les femmes ont obtenu davantage de droits et d’opportunités, mais elles sont toujours confrontées à la discrimination et aux obstacles dans de nombreux aspects de leur vie.

Outre les opportunités juridiques, éducatives et professionnelles que j’ai mentionnées précédemment, les femmes de la société moderne sont également confrontées à des défis liés aux stéréotypes de genre et aux attentes de la société.

Les stéréotypes de genre sont des notions préconçues sur les rôles et les caractéristiques qui conviennent aux hommes et aux femmes.

Ces stéréotypes peuvent limiter les choix et les opportunités des femmes dans la vie, et peuvent également conduire à la discrimination et au harcèlement.

Les femmes peuvent plaider en faveur de politiques qui promeuvent l’égalité des sexes, telles que l’égalité de rémunération pour un travail égal, le congé parental payé et des services de garde d’enfants abordables.

Elles peuvent également soutenir les organisations et les groupes qui œuvrent en faveur de ces objectifs.

  • Remettre en question les attentes et les stéréotypes de la société

Les femmes peuvent remettre en question les attentes et les stéréotypes de la société en menant leur vie d’une manière qui défie ces normes.

Cela inclut le choix de carrières et de loisirs que l’on considère généralement comme « masculins » ou « féminins », et l’abandon de l’idée qu’il y a certaines choses que les femmes « devraient » ou « ne devraient pas » faire.

Il est important de noter que le changement n’est pas seulement une question d’actions individuelles, mais aussi d’actions collectives et de solidarité.

Les femmes doivent travailler ensemble, au-delà de leurs origines et de leurs identités, pour faire pression en faveur d’un changement systémique et pour créer une société plus égalitaire.

Il est également important de reconnaître que la création d’une société plus égalitaire n’est pas seulement la responsabilité des femmes, mais de la société dans son ensemble.

Les hommes, ainsi que d’autres groupes marginalisés, ont également un rôle à jouer dans la lutte contre les stéréotypes et la discrimination et dans le soutien aux femmes et à l’égalité des sexes.

Violences conjugales : 10 femmes témoignent

Nous avons décidé de donner la parole à celles qui ont été confrontées à la violence morale ou physique de leur compagnon. Parce qu’elles ne sont pas coupables. Parce qu’elles ont parfois été confrontées au silence complice de leur entourage. Parce que ces comportements inacceptables doivent être punis par la loi. A l’occasion de la journée contre les violences faites aux femmes, 10 femmes nous racontent leurs années de galère ou comment l’amour vire parfois à la haine. Elles nous expliquent le déclic qui les a poussées à fuir, cet « instinct de survie ». Témoignages.

 

« QUAND JE VOIS SON NOM SUR MON TÉLÉPHONE, J’AI PEUR »

Cécile, 40 ans
« J’ai passé huit ans avec quelqu’un que j’aimais, mais pour qui je n’étais rien. A l’extérieur, les gens lui donnent le bon dieu sans confession, mais à la maison, c’est quelqu’un d’insupportable. Il m’a appâtée avec des petites attentions, des poèmes et des belles paroles, qui se sont rapidement transformées en critiques : j’étais mal habillée, pas assez jolie… Au bout de quelques années, il m’a fait couper les ponts avec ma famille et mes amis et arrêter de travailler. « Elle est jalouse de toi », « il est nocif  » : il arrivait toujours à me retourner le cerveau. Je ne voyais que par lui et je n’arrivais pas à me dire que c’était quelqu’un de mauvais. Je pensais alors que la meilleure défense était de dire « oui » à tout, pour éviter les problèmes. Quand je voulais le quitter, les enfants devenaient un moyen de pression. Le déclic qui m’a fait partir ? Quand il m’a trompée et que je l’ai entendu s’en vanter. « On va faire un break, c’est temporaire, c’est moi qui te fais souffrir, je ne te mérite pas. » C’est ce que je lui ai dit pour qu’il s’en aille. J’ai ensuite demandé le divorce, pas pour faute mais par consentement mutuel : j’ai tout fait pour que les choses ne dégénèrent pas. Il ne pensait pas que j’irai jusqu’au bout, mais il ne faut jamais céder. Aujourd’hui encore, quand je vois son nom sur mon téléphone, j’ai peur. J’appelle la police quand il débarque à l’improviste, et je dépose des mains courantes. J’en suis déjà à dix : c’est la seule manière de me faire entendre. »

« LE PIRE ÉTAIT LES MOTS »

Daphné, 36 ans
« Dissimuler les bleus et les bosses était devenu une préoccupation régulière. Quand cacher n’était plus possible, il fallait mentir : pour un hématome, je disais que j’avais pris une porte, pour un bras cassé, c’était un tas de bûches qui s’était écroulé. Quand je ne pouvais pas sortir, c’était une gastro. J’étais devenue très maladroite, souvent malade et personne ne s’en étonnait. Le pire était les mots. Leur violence était invisible mais tellement douloureuse ! J’entends encore résonner : im-bé-ci-le, bien articulé pour que je comprenne. Je gérais seule le quotidien, mais j’étais « incapable » selon les dires de mon époux. Il fallait anticiper ses désirs : une envie de hamburger et le petit plat mitonné partait à la poubelle ! Lorsque je suis tombée enceinte, mon mari a souhaité faire un test de paternité, « juste pour être sûr ». Ses amis ont ri de cette bonne blague ADN, j’ai serré les dents. Je pensais naïvement que mon fils ne se rendait compte de rien car les « disputes » se passaient après son coucher… La dernière a eu lieu après son huitième anniversaire. J’en suis sortie avec un œil au beurre noir, des contusions, une  grosse migraine, des bourdonnements d’oreille et une image de maman très amochée. Le lendemain, j’ai  décidé de quitter  mon mari après avoir été convaincue par SOS Femmes battues qu’il fallait se sauver et que si mon mari finissait par me tuer, la vie du petit en serait transformée. J’ai enfin porté plainte et fait constater les blessures, un médecin de l’unité médico-judiciaire les a toutes mesurées. Après deux mois, j’ai bénéficié d’une mesure de protection et nous avons pu regagner le domicile. Monsieur a déménagé, non sans avoir emporté une bonne partie de mes affaires personnelles. J’ai été reconnue victime de violence conjugale au pénal, même si lui, ne reconnaît qu’une petite gifle. Il est toujours persuadé que je suis partie pour un autre et non à cause de sa violence. Mon fils m’a avoué récemment que, petit, il entendait les cris de papa la nuit et qu’il voulait que le matin arrive vite. La procédure de divorce est toujours en cours, trois ans après. Le petit et moi sommes toujours suivis par des psys, mais la vie est plus jolie. Pour ses 11 ans, mon fils a demandé que nous soyons enfin divorcés… Ce sera en avril, j’espère ! »

« UNE PERFUSION DE POISON »

Mohana, 39 ans
« La première fois que je l’ai rencontré, il m’a fait froid dans le dos. Il avait jeté son dévolu sur moi et cela me mettait mal à l’aise. Je le croisais tous les jours au travail mais j’ai gardé mes distances pendant quatre ans. Puis, après une déception amoureuse, nous avons commencé à discuter. J’étais jeune, quelqu’un s’intéressait à moi, il m’a beaucoup fait parler. Je me suis ensuite aperçue qu’il avait utilisé ce que je lui avais confié. C’est comme s’il avait mis un masque et calqué son personnage sur ce que je lui avais décrit du partenaire idéal. Avec cet homme, nous sommes restés ensemble six ans. Six ans de violence psychologique. C’est très insidieux, je compare ça à une perfusion de poison administré au quotidien. Au départ, c’est juste de l’humour glacial. Puis, des réflexions assassines, des SMS jour et nuit et la sensation d’être en permanence jugée et épiée. J’en parlais à mes proches mais je passais pour la râleuse : « T’exagères, il est sympa ». Puis, il y a eu les insultes, un travail de sape, d’humiliation, de plus en plus violent au fil des mois et des années. Jusqu’à ces mots : « Je veux que tu crèves ». Je venais de perdre mon père et j’allais accoucher de mon deuxième enfant : ça a été le déclic. Un instinct de survie. Deux semaines après, j’ai quitté mon travail, ma maison, Paris, et je suis partie avec mes deux enfants à Toulouse. Il n’y a que la distance qui permet de sortir la tête de l’eau. J’avais porté plainte, mon dossier était tellement gros que je le trimballais dans un sac de voyage, mais il y en avait pour 3 à 7 ans de lutte judiciaire acharnée et j’ai décidé d’abandonner. Je me suis dit que ça allait être l’horreur pour mes enfants et que je préférais les élever dans la musique et la bonne humeur. J’ai repris des études : avoir mon bac à 37 ans, ça m’a aidée à reprendre confiance en moi. Je ne suis pas la débile pour qui il me faisait passer. »

« 5 MINUTES POUR FAIRE MON SAC ET ME RETROUVER DEHORS À 4H DU MATIN SANS SOUS-VÊTEMENTS »

Camille,  34 ans
« Quand j’entendais le bruit de sa clé dans la serrure au petit matin, je ne savais jamais quel serait mon sort. Virée du lit à coups de pied ? Virée de l’appartement avec 5 minutes pour faire mon sac et me retrouver dehors à 4h du matin sans sous-vêtements, juste le temps d’enfiler un jean, un sweat mais surtout sans nulle part où aller ? Moi, sa femme. Celle sans qui, il n’est « rien », me disait-il en pleurs, recroquevillé comme un enfant, en regardant les dégâts dans l’appartement, et moi terrorisée, cachée dans la salle de bain. Au nom de lui, et surtout de mon amour inconditionnel, j’ai tout accepté. Démunie, me retrouvant seule et sans aucune solution, j’ai voulu mourir. Mourir, pour mettre un terme à cette situation que je ne maîtrisais pas et surtout afin que cesse cette douleur insupportable qui me brûlait, me dévorait. Mourir à cause de lui mais pas pour lui. J’ai été sauvée par ma grande sœur, sans qui je ne pourrais pas témoigner. Jamais je n’oublierai le désarroi de ma famille, en me découvrant sur mon lit d’hôpital amaigrie, le regard vide et triste. Jamais je n’oublierai que ma famille s’est retrouvée seule face à une situation dont elle ne mesurait pas l’ampleur parce que je n’avais rien dit, rien montré.  Elle a dû agir avec les seuls moyens dont elle disposait : l’amour, la patience, et la vigilance. Aujourd’hui, deux ans après, grâce à des rencontres lors des groupes de paroles pour femmes violentées par leur conjoint, grâce à ma thérapeute et encore et toujours grâce à ma famille, je vais bien. Au nom de lui, j’allais mourir, au nom de moi, je vais vivre ! »

« TOUT LE MONDE VOYAIT QUE ÇA N’ALLAIT PAS, SAUF MOI »

Sabrina, 35 ans
« Je sortais d’un divorce quand je l’ai rencontré. Après un mois de relation, il s’est installé chez moi, je n’ai pas trop osé dire non. J’ai deux enfants de 3 et 7 ans : il a commencé à leur interdire de manger sucré après 16h, à me dire que je leur faisais trop de câlins, que j’allais les rendre gagas. Je n’ai rien dit, il laissait entendre que j’étais une mauvaise mère et je pensais qu’il avait raison. Ça choquait les gens autour de nous mais je le défendais… J’étais brune, il m’a demandé de devenir blonde, ce que j’ai fait, et il a alors déclaré devant tout le monde : « En blonde, tu as une gueule de pétasse. » Il m’a aussi demandé de maigrir sinon il me quittait. Il surveillait tout ce que je mangeais : j’ai perdu 14 kilos. Il voulait une femme taille 36 et si je prenais un kilo, il ne me touchait plus, ça me rendait malade. Je suis tombée enceinte et j’ai fait une fausse couche. A peine sortie de l’hôpital, très affaiblie, il m’a dit : « Tu as repris du poids, va courir. » Il pleuvait à verse, je suis allée courir. Tout le monde voyait que ça n’allait pas, sauf moi. Il rabaissait tout le temps ma fille et j’ai atteint mes limites quand j’ai découvert qu’elle avait écrit dans son journal intime : « Je ne le supporte plus, je vais le tuer. » Elle commençait à développer des TOC, je l’ai emmenée voir un psy. Cela fait six mois que nous sommes séparés désormais, je suis soulagée mais un peu démolie. Il ne faut jamais croire qu’un homme peut changer, il faut partir. L’amour, ce n’est pas ça. »

« J’ÉTAIS SA PROIE »

Nadège, 39 ans
« J’avais l’impression d’avoir rencontré le prince charmant. Au début, j’étais dans un rêve puis ça s’est dégradé petit à petit. J’avais déjà été victime de violences physiques, je ne connaissais pas cette torture psychologique. Là, il a pris son temps, j’étais sa proie. C’est comme un film qu’on voit défiler mais on est spectatrice de notre destruction : c’est surréaliste ! J’ai deux ados et ma fille me disait : « Mais maman, réagis ! Comment peux-tu accepter qu’il te parle comme ça ? Tu n’étais pas comme ça avant ! » Je suis restée avec lui un an. Un an à essayer de tuer cet amour que j’avais pour lui. Je l’ai quitté plusieurs fois mais il revenait, s’excusait, redevenait attentionné et je le reprenais. Le soir où ça a vraiment été trop loin, on s’est disputé et je lui ai demandé de partir. Il a menacé de  « casser les murs » de la maison, j’ai appelé la police. Quand ils sont arrivés, il avait un marteau à la main. Depuis qu’il n’est plus dans ma vie, j’ai repris du poids, je dors mieux, j’ai repris confiance en moi. « On est fiers de toi, on a retrouvé notre maman », m’ont dit mes enfants. »

« J’ÉTAIS À SA MERCI JOUR ET NUIT »

Laetitia, 30 ans
« Je l’ai connu à 17 ans et ça a été le coup de foudre. Et puis son ego et sa jalousie ont pris le dessus. Un soir, il m’a renversé une bouteille de vin sur la tête en rentrant d’une soirée où il n’avait pas supporté de voir un ami me parler dans l’oreille. Il m’a ensuite enfermée sur la terrasse, dans le froid. Quand j’ai pu enfin rentrer dans l’appartement 30 minutes plus tard, j’ai hurlé qu’il me laisse tranquille et pour me faire taire, il m’a brûlé le palais avec sa cigarette et m’a frappé sur la bouche. Je crachais du sang et lui me disait : « Arrête ton cinéma ». Le lendemain, ma lèvre a triplé de volume, pourtant je devais aller travailler. J’ai mis un glaçon sur ma lèvre pour faire dégonfler et je me suis maquillée pour tout camoufler. Pendant trois ans, j’ai continué comme ça, sans rien dire. J’étais à sa merci jour et nuit : il rentrait ivre à 5 h du matin et me forçait à coucher avec lui, il a caché un magnétophone sous un meuble de la cuisine pour écouter mes conversations téléphoniques, il m’a mis des coups de pied dans le ventre lorsque je suis tombée enceinte prétextant qu’il n’était pas le père…  Il me faisait tellement peur qu’en pleine nuit, je me suis échappée plusieurs fois, pieds nus. Il me ramenait par les cheveux. Emmenée à l’hôpital en sang, on m’a prescrit dix jours d’ITT (interruption temporaire de travail). C’est un policier qui m’a fait réagir : « Vous êtes jolie, intelligente, indépendante, pas mariée, sans enfant ! Quittez-le, il va vous tuer ! » J’ai replongé mais à 27 ans, j’ai enfin réussi à le quitter. »

« A 3 MOIS DE GROSSESSE, IL M’A GIFLÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS »

Amélie, 33 ans
« J’étais promise à une belle vie, jusqu’à ce que je rencontre mon ex… Nous étions ensemble depuis trois ans quand nous avons emménagé et voulu un bébé. Quand je suis tombée enceinte, il a fait marche arrière, me pressant pour que j’avorte. Il en était hors de question ! A 3 mois de grossesse, il m’a giflée pour la première fois. Maintenant, en quelque sorte, je lui appartenais. Pendant toute ma grossesse, il partait avec ma voiture, mon portable, ma CB et il m’enfermait dans l’appartement, pour m’empêcher de voir mon « amant « , celui qu’il s’était imaginé. J’ai accouché un 14 février d’un beau garçon, l’ironie ! Deux mois après, il est rentré tard, ivre et énervé car il était tombé sur un ex à moi qui l’avait félicité pour le bébé et m’avait passé le bonjour. J’étais en train de donner le biberon à mon fils, j’ai juste eu le temps de le poser dans son berceau. Le reste est un mélange d’horreur, de cris, de larmes, de sang, de viol… Le matin, mon fils a bu son biberon les yeux grands ouverts sur mon visage tuméfié. Je lui ai dit : « C’est juste du maquillage mon chéri, c’est pour rigoler. » C’était mon premier mensonge et j’ai pensé que soit je partais sur cette voie, soit j’arrêtais tout maintenant. Il avait oublié la clé de l’appart sur la porte, je suis sortie en pyjama, ensanglantée, les gens changeaient de trottoir à ma vue, je n’ai jamais eu aussi honte de ma vie. Mes parents m’ont recueillie puis j’ai pu reprendre un appart avec mon fils à 200 kilomètres de lui, ce qui ne l’empêchait pas de venir taper à la porte, de me menacer de mort et de kidnapper mon fils. J’ai porté plainte et il a été condamné à 3 mois de sursis pour coups et blessures, 3 mois de sursis ! Cela s’est passé il y a 8 ans. On ne l’a pas aperçu depuis 5 ans, mais je vérifie toujours si je ne suis pas suivie en voiture et on n’ouvre jamais la porte avant d’avoir regardé par la fenêtre qui est là. »

« IL M’A ENLEVÉ MES ENFANTS »

Fatima, 45 ans
« J’ai vécu avec cet homme pendant dix ans. Après trois ans de vie commune, il a réussi à me faire quitter Paris pour la Bretagne. Tout a basculé : il m’intimait de ne plus lui parler et de ne plus parler aux enfants. Il me faisait passer pour une folle. Je me suis retrouvée à l’hôpital, où il a fait croire à tout le monde que je me blessais toute seule. Nous vivions dans un village et j’ai vu les gens se détourner de moi. J’ai découvert qu’il me filmait sous la douche avec une caméra. J’ai voulu prendre cette caméra, une preuve de ce qu’il me faisait subir. Quand il s’en est aperçu, il est devenu enragé. Il m’a coursée comme un lapin dans le jardin, j’ai fait une chute d’un mètre de haut, j’ai perdu connaissance. Je suis allée faire constater mes blessures à l’hôpital, une assistante sociale m’a conseillé de porter plainte pour violences conjugales. Celle-ci a été classée sans suite. J’ai déposé trois autres plaintes pour violences qui ont toutes été classées sans suite, et j’ai fait beaucoup de mains courantes. Il m’a alors enlevé mes enfants pendant 5 mois. Quand je le croisais, il me répétait qu’il allait me détruire. Il avait monté un énorme dossier contre moi, il disait que j’avais des troubles psychologiques et qu’il devait protéger les enfants. La justice a décidé que les enfants restaient avec leur père provisoirement et m’a demandé de quitter le domicile conjugal. Je ne comprenais rien, j’étais dans un état d’épuisement psychologique et physique extrême…. J’ai contacté un nouvel avocat, je lui ai raconté mon histoire et il m’a alors dit une chose magnifique : « Madame, je vous crois, je vais vous aider ». Enfin, quelqu’un me croyait ! Pendant deux ans, je voyais mes enfants un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Je les ai fait suivre par un psy qui a constaté qu’ils développaient des troubles de la personnalité. Il a rédigé trois rapports pour le juge, sans suite. J’ai l’impression que toutes les portes se sont fermées. Le 28 juillet dernier, on m’a enlevé définitivement mes enfants. Les récupérer, c’est ma raison de vivre. »

« JE PENSAIS AVOIR LE NEZ CASSÉ »

Malau, 24 ans
« J’étais étudiante quand j’ai rencontré cet homme, de onze ans mon aîné. Il a d’abord voulu que je ressemble aux femmes de ses amis : j’ai donc dû changer ma garde-robe, abandonner le style jean Converse pour être plus féminine. Il fallait que je lui parle aussi, il voulait que je lui parle. Mais je ne savais pas de quoi, alors il s’énervait. Au début, il jetait des assiettes, des verres, un bout de carrelage dans l’appartement. Ensuite, ça a été son poing dans le mur puis ma tête dans le mur. Il m’appuyait les mollets contre le rebord du lit jusqu’à me faire des bleus aussi gros que mes mollets eux-mêmes. Il m’a aussi poussée dans l’armoire, cassant la porte. J’ai perdu près de 10 kilos en quelques mois. Mon déclic ? J’ai croisé un ami dans la rue et il ne m’a pas reconnue ! J’ai décidé de le quitter après les vacances d’été. Je suis donc partie au Portugal, où j’ai passé 3 heures dans une voiture parce qu’il fallait encore que « je parle ». Epuisée, j’ai voulu sortir, mais ça ne lui a pas plu et il a collé son poing dans mon nez. Ma robe bleue est devenue noire de sang : je pensais avoir le nez cassé. Il est allé m’acheter une robe, des mouchoirs et s’est longuement excusé. Comme après chaque crise. De retour en France, j’hésitais entre en finir ou appeler au secours. J’ai choisi la deuxième solution. Mes parents sont venus me chercher. J’ai compris que c’était terminé, et cette fois-là, ce sont des larmes de joie qui ont coulé le long de mes joues. »

* Les prénoms ont été modifiés

Si vous êtes en danger
Appelez le 3919, violences femmes info
Tous les numéros sur le site du gouvernement Stop Violences Femmes
Et sur le site de la Fédération nationale Solidarité Femmes

Trois livres pour aller plus loin
« Frapper n’est pas aimer » de Natacha Henry, Denoël.
« La manipulation affective dans le couple. Faire face à un pervers narcissique » de Pascale Chapaux-Morelli et Pascal Couderc, Albin Michel.
« La Violence morale au quotidien. Des maux sans bleus. Des mots qui tuent », association ajc, éditions J.Lyon.

 

Prendre son Envol adhère au dispositif Angela.

Le dispositif Angela est déployé dans le cœur de ville d’Alès.

Ce dispositif vise à créer un réseau sur et solidaire de lieux ( bars, hôtels, commerces, administrations) ayant la capacité d’assister et de soutenir des personnes qui se trouvent en situation de harcèlement de rue.

Comment ça marche ?.

  • Vous êtes victime de harcèlement de rue
  • vous cherchez à vous mettre à l’abri pour vous sortir de cette situation
  • entrez dans un établissement refuge (repérable grâce au macaron sur les vitrines) et demandez Angela
  • Vous êtes pris en charge dans l’établissement (mise en sécurité, alerte des secours)

L’association Prendre Son Envol à signé la charte d’engagement et adhère au dispositif Angela.

Prendre son Envol situé au 10 rue Michelet, galerie Centre Alès et donc un, des établissement refuge.

 

 

Les auteurs de violences conjugales: comprendre et agir.

En finir d’oublier d’aller aux sources des forces de destruction, de haine et de déshumanisation du lien social

1S’il n’est déjà pas facile d’appréhender les forces de destruction et de déshumanisation qui se glissent au sein des diverses formes de lien social pour les dénoncer et les « travailler », combien il est difficile de les faire reconnaître et de les faire changer dans le domaine de l’idéologique, du politique et du sociétal ! Combien il est également difficile de les repérer en tant que telles et de chercher à les transformer quand c’est au niveau subjectif et intersubjectif que s’entendent l’agressivité, la violence voire l’horreur. Des défenses individuelles et collectives se hérissent pour ne pas regarder, entendre, travailler de face la violence là où elle jaillit. Force est de la considérer du point de vue des victimes : ce qui est déjà important, inéluctable, normalement de droit et de devoir. Mais il a fallu encore beaucoup de temps pour la considérer depuis d’autres points de vue : l’avac (Association vivre autrement ses conflits) a tenu, dès sa création, à aborder ces graves situations de violence depuis plusieurs places.

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L’avac est un regroupement de personnes constitué fin 1995, à Toulouse, à l’initiative d’une psychologue clinicienne, thérapeute familiale psychanalytique. Elle constatait, à travers son exercice professionnel au sein d’un chrs accueillant femmes et enfants, une lacune quant à la prise en charge des hommes violents. Le conseil d’administration de l’avac regroupe des enseignants-chercheurs, des sociologues, des psychologues, des psychothérapeutes, des psychosociologues, des travailleurs sociaux, des responsables de structures sociales, des médecins, des personnes engagées dans l’humanitaire, toutes et tous intéressés par les problèmes psychiques en lien avec les malaises sociaux, et en particulier par l’incidence de la violence sur les individus et les familles.
La violence en famille est un phénomène social de plus en plus pris en considération et qui se donne les moyens d’être entendu, reconnu, pris en charge. Mais tous les collaborateurs et toutes les collaboratrices de l’association ont acquis la conviction que, pour faire reculer les violences faites aux femmes, il importait de travailler en direction des hommes auteurs de violences. L’avac a donc été dès ses débuts dans le petit groupe des quelques associations françaises qui offrent des consultations ouvertes aux hommes. Tout récemment, en plus du cadre individuel ou de couple, se sont mises en place des modalités pour un travail interrelationnel en groupe de parole pour les hommes pris dans des attitudes violentes, car le malaise psychique de l’homme violent reste encore peu entendu.

 

3Les images de la mort, de certaines morts, le désir de destructivité, voire de destruction, éveillent le déni, le clivage, la forclusion, le dégoût. L’homme, qui en est le plus souvent le porteur, est sinon craint, en tout cas enfermé dans une représentation de « monstre ». Il est pourtant essentiel qu’il soit abordé, parfois affronté, contrecarré, endigué (et le judiciaire en est le principal moyen), en tout cas dénoncé (par les proches, la ou les victimes…).

4Il est tout aussi essentiel qu’il ne soit pas réduit à cette seule dimension de sa personnalité, mais au contraire mis devant l’évidence que cette violence fait partie de tout l’ensemble de sa vie émotionnelle, sentimentale, de sa subjectivité.

5Il est enfin fondamental que la réalité de cette composante de violence – en général décrite comme s’imposant, incontrôlable, inexplicable a priori – soit reconnue. De cette réalité, il n’est ni plus ni moins « homme » (dans les diverses acceptions d’une telle notion) : il n’a pas à en faire les feux de la rampe à la Rambo ; il n’en est pas pour autant un paria.

6Nous pouvons alors souligner au porteur d’une telle destructivité que sa place n’est pas dans une quelconque marge de la société (voire hors du lien conjugal ou du lien familial, pour ce qui nous concerne ici aujourd’hui), mais que c’est en ayant place dans ce sociétal qu’il peut évoluer (sauf graves pathologies qui ne sont pas ce qui est dominant chez les acteurs de violence). Il pourra changer dans son mode à être et dans son mode à faire lien avec la personne la plus mêlée, la plus impliquée dans sa vie affective. Il pourra s’approcher de ce mode à vivre où l’autre est à respecter, et non à dominer, à posséder, à vampiriser, et où lui-même devra se montrer comme un être humain respectable car attentif (ou pour le moins, le plus possible vigilant) à l’humanité de l’autre et de lui-même.

Que faut-il pour qu’un tel trajet s’effectue ou pour le moins s’initie ?

7Un auteur de violence doit :

  • comprendre que sa destructivité, sa destruction, est reconnue, nommée en tant que telle (c’est la sortie du déni, du clivage, de la forclusion…). L’intervention de la justice est prépondérante à ce niveau : elle le désigne responsable et coupable. Mais il est important que tout travail psychologique, quel qu’il soit, commence par cette énonciation : « votre attitude est correctionnalisable » ; cela signifie à la fois :
    • que la justice a une place primordiale, lieu marquant de ce qui peut se faire et de ce qui ne se fait pas,
    • que la place d’une consultation psychologique à l’avac (pour un seul entretien ou pour une psychothérapie) s’inclut dans une dimension sociétale, mais qu’en même temps ce n’est pas là que se « crée » la loi, ce n’est pas un lieu de jugement. Mais c’est aussi donner de l’importance au réseau dans lequel vit l’avac : la justice, la police, la gendarmerie, les maisons de justice et du droit, le spip, les représentants du social, de l’éducatif, de l’information, du droit des femmes et des familles, de la délégation régionale du droit des femmes… ;
  • pouvoir être accueilli, trouver un lieu où sa destructivité soit déposée, entendue avec une ouverture la plus fine possible, jusqu’aux racines dans lesquelles elle est intriquée : iceberg d’un ferment social et subjectif personnel, interpersonnel, intragénérationnel et intergénérationnel. Cela implique un accueil effectivement sans jugement ni préjugé, sans compassion non plus ;
  • trouver une écoute convaincue que son identité n’est pas la violence, mais qu’elle inclut cette violence, en capacité d’interagir avec d’autres éléments de sa subjectivité ; alors il aura les moyens de dénouer ce qui l’a conduit à être sur un mode à vivre sa symptomatologie d’une manière inacceptable pour autrui et pour lui-même.

Tout cela passe par une rencontre, voire un processus préthérapeutique, et si possible thérapeutique, comme cela est mis en place par les psychologues et psychothérapeutes de l’avac, d’obédience psychanalytique (quelques-uns sont aussi psychanalystes et, parmi eux, certains sont des psychothérapeutes psychanalystes du couple et de la famille). Les psychothérapeutes sont, dans un premier temps, convoqués à la place de témoins passifs de cette violence, pour en devenir progressivement des témoins actifs : « l’action » thérapeutique est d’être facteur de symbolisation, ce qui donne sens à des pulsions, des sentiments, des angoisses, des fantasmes. En même temps qu’elle est levier de libération de parole et de sens, elle est aussi « pare-excitation » : arriver à ne pas se laisser « envahir », « déborder » par ce « volcan », selon les termes des auteurs de violence, mais à l’endiguer au plus tôt, en particulier dans une mise en mots à la place des gesticulations de tout genre, de tout sens et de tout non-sens. 

Quels processus l’avac met-elle en place pour cela ?

8L’avac dispose d’un éventail de possibilités pour être au plus proche de la demande et surtout de ce qui est le plus adapté à la problématique et à la personnalité de chacun :

  • une psychothérapie individuelle ;
  • une psychothérapie de couple ;
  • une psychothérapie de Monsieur en présence de Madame, en particulier dans des cas de grands déficits d’idéation chez Monsieur, de pauvreté d’élaboration (avec l’accord bien sûr de l’un et de l’autre) ;
  • un groupe de parole d’hommes auteurs de violence, animé par un couple mixte d’intervenants psychothérapeutes.

Ces divers dispositifs, disponibles en permanence à l’avac, peuvent être utilisés éventuellement de manière concomitante ou successive (dans la mesure où un psychothérapeute sera désigné sur un seul cadre de travail psychothérapeutique, un autre interviendra dans un autre cadre au sein de l’avac). Lors d’un entretien préliminaire qui évalue la pertinence d’un choix ou d’un autre, il y a aussi une vigilance à ce que la venue de Monsieur à l’avac ne soit pas une volonté d’emprise sur Madame, dans le cas où elle-même s’y rend également. 

Qu’en est-il des groupes de parole d’auteurs de violence ?

9Il y a des nuances dans le protocole de déroulement selon :

  • qu’il s’établit en lien avec le spip dans le cadre de l’obligation de soin : ce sont alors des « stages de responsabilisation » ;
  • qu’il propose un lieu regroupant : soit des hommes qui ont participé aux stages de responsabilisation mais qui souhaitent approfondir leur démarche personnelle par ce moyen ; soit des hommes qu’un médiateur judiciaire d’une Maison de la justice et du droit (mjd) a motivés pour un tel lieu de réflexion, d’analyse et de changement ; soit enfin des hommes qui ont d’eux-mêmes décidé de leur participation. Ils peuvent mener, en parallèle ou non, d’autres cadres de travail psychologique.
  • qu’il se passe en collaboration avec les mjd, des « ateliers de sensibilisation », sans prétention thérapeutique mais dont le but est précisément d’attirer l’attention sur les problématiques liées aux expressions violentes chez les hommes suivis par ces services (ceci est en projet).

Les deux premiers types de groupes sont toujours introduits par un entretien individuel qui a pour but de repérer d’une part tout élément psychique temporaire ou structurel qui serait contraire à une participation au groupe, et d’autre part, d’apprécier la motivation personnelle à tirer parti de cette participation. 

10En séances de groupe de parole, l’observation montre que la prise de parole et l’exposé de chaque situation vécue par les personnes présentes se font d’emblée avec plus ou moins de précision et de recul, mais en toute responsabilisation, avec une émotion non affectée qui en signe l’authenticité. Ce qui diffère entre les participants, c’est leur capacité d’analyse assortie d’un désir d’aller plus loin dans la compréhension personnelle de leur violence, leur possibilité d’accepter des éléments interprétatifs et le degré d’autonomie psychique dont ils semblent faire preuve ou qu’ils sont en mesure de vivre dans leur vie filiale, parentale, familiale, professionnelle ou de couple. Ces éléments font ressortir quelques-uns d’entre eux comme immatures ou plus faibles, plus dépendants. À l’inverse, d’autres stagiaires peuvent être qualifiés de « tempéraments forts » sans que ce soit pour autant vécu comme une valorisation sociale. Les différences d’âge et la variété des professions sont plutôt un stimulant qu’un inconvénient, et elles sont reconnues ainsi par les participants.

Qu’attend un participant de tels groupes ?

11Pour les groupes d’hommes montés avec le spip apparaît une quête de mise en conformité avec les obligations qui ont entraîné la condamnation. Le cadre judiciaire coercitif qui les conduit vers le travail psychologique à l’avac déclenche une interrogation qui n’aurait pas été menée en d’autres circonstances. Mais la décision d’obligation de soins n’est pertinente et efficace qu’à la condition d’être reprise judicieusement dans le suivi au spip où le conseiller d’insertion et de probation évalue le juste moment pour le proposer. L’entretien préliminaire à l’avac reprendra encore autrement ce passage à l’acte pour le situer avec l’intéressé dans la globalité de son histoire, de sa personnalité, de ses mal-être (importance du lien au père, mais peut-être d’abord de celui à la mère). Sous cet angle, pour certains, l’effort à fournir pour suivre le stage et s’y impliquer participe volontairement à une sorte « d’expiation » devant le remords et la honte de leurs actes. Mais un tel but se retrouve dans toute forme de stage.

12Souvent, pour les migrants primo-arrivants ou encore de première ou deuxième génération, c’est une attente de trouver des hommes qui, comme dans un rite initiatique, leur apprendront à être un homme, en particulier dans leur rencontre et leur compagnonnage avec une femme. Dans le transfert vite établi sur le couple thérapeutique mixte se découvre l’image du calme et du respect entre un homme et une femme.

13La plupart manifestent une attente de s’exprimer et saisissent une occasion souvent jamais trouvée jusqu’alors de parler, de parler de soi, d’entendre les autres, de chercher à comprendre ce qui les a amenés à de tels comportements.

Ce qui fonctionne dans de tels groupes

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  • L’entraide à la conceptualisation de l’un à l’autre des participants pour des personnalités qui n’ont pas maturé psychiquement, qui ont des défaillances dans la mentalisation et dans l’élaboration de leurs émotions, de leurs sentiments, dans la mise en pensée de leurs angoisses.
  • L’évolution vers une identification masculine plus harmonieuse.
  • La mise en place d’une réflexion avant l’action, liée à l’écoute attentive de la parole de chacun.
  • La possibilité d’une vision nouvelle de ses capacités de réaction à expérimenter le respect de l’autre, suite à l’expérience racontée par les autres.
  • La capacité retrouvée d’une mise en perspective de chaque histoire singulière.
  • Une renarcissisation en tant qu’homme et père.
  • Le rôle de la peur (voire de l’angoisse) est repéré comme un élément moteur des conflits et de la violence : peur de perdre l’autre, peur de la solitude, peur de ne pas être compris, pas reconnu, pas aimé, peur de « la femme », peur aussi de parler.

 

Qu’est-ce qui est mobilisé chez le psychothérapeute dans un travail thérapeutique avec les auteurs de violence ?

15Ce ne seront pas des choses exceptionnelles pour un psychanalyste psychothérapeute : ce qui va être particulièrement mobilisé avec de tels hommes, c’est la capacité à s’identifier et à être avec sa propre destructivité, son désir de mort, d’emprise, de toute-puissance, de domination pour accepter les leurs. Cela suppose d’être proche de ses propres jouissances perverses pour ne pas rejeter les leurs et d’avoir « réalisé » la place immense de ses propres fonctionnements archaïques pour voyager avec les leurs, prédominants chez de telles personnalités. Cela présuppose aussi d’avoir accepté les avatars de sa maturation psychique, avec ses affres et ses délices en tant que bourreau et en tant que victime, tout comme d’avoir côtoyé, déterré et élucidé ses fantasmes, avec leurs angoisses et leurs douceurs dans leurs représentations du masculin et du féminin.

16En bref, un métier qui est un sport au milieu de tant de combats…