Notre première donation par le Lions Club Alès

J’ai été très honorée, en ce jeudi 22 septembre, de recevoir la première donation de « Prendre son Envol » , de la part du Lions Club, à la mairie d’Alès.

 

Ce coup de pouce, va pourvoir permettre de débuter les projets qui ont étés pensés et élaborés depuis maintenant 2 ans.

Nous allons, bénévoles et professionnels sensibilisés, encadrés les ateliers proposés dans le cadre de la reconstruction des femmes victimes de violences conjugales; ayant pour but de leur redonner une estime de soi, revaloriser leur confiance en elles et les aider à se réapproprier leur corps et leur esprit.

Merci, encore au nom de toutes ces femmes que nous allons aider. 😊

Chaque aide, quelle qu’elle soit est précieuse et nourricière pour le développement de notre projet!

 

 

Nathalie Tomasini: « Le code pénal reste inadapté à la situation des violences conjugales  »

Alexandra Lange, Jacqueline Sauvage, Valérie Bacot… ont tué leur mari. Leur avocate, Nathalie Tomasini, se bat pour que soit reconnu à ces femmes battues un statut de victime. Et plaide une « défense de rupture » pour faire évoluer des textes écrits par des hommes pour des hommes, obsolètes et inadéquats.

Publié le

Samedi 30 Juillet 2022

L’avocate Nathalie Tomasini, est l’une des premières à créer un cabinet dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes.

En 2011, Nathalie Tomasini est l’une des premières avocates à créer un cabinet dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes avec sa consœur Janine Bonaggiunta. En médiatisant ses affaires (Alexandra Lange, Jacqueline Sauvage, Valérie Bacot), l’avocate tente de faire progresser le droit et d’y introduire de nouveaux concepts reconnus ailleurs pour faire avancer la cause des femmes.

La manipulation des auteurs de violences conjugales dans le système judiciaire français

 

 

Lorsque les victimes de violences conjugales trouvent la force de mettre fin à une relation avec un agresseur et de prendre des mesures pour se protéger elles et leurs enfants, leur traumatisme ne s’arrête malheureusement pas là.

Lorsque les victimes de violences conjugales trouvent la force de mettre fin à une relation avec un agresseur et de prendre des mesures pour se protéger elles et leurs enfants, leur traumatisme ne s’arrête malheureusement pas là.

Dans la plupart des cas, les auteurs de violences utilisent des stratégies pour discréditer leur victime et se servent du système judiciaire pour continuer à la contrôler et la dominer.

Nier, attaquer, inverser les rôles de victime et d’agresseur (“DARVO”)

Une stratégie couramment utilisée par les auteurs de violences conjugales est connue sous le nom de « DARVO », un acronyme anglais qui désigne le fait de nier, attaquer et inverser les rôles de victime et d’agresseur. Cette stratégie commence à être mise en lumière dans de nombreux pays pour identifier la manipulation des agresseurs.

Cette stratégie est mise en œuvre pour détourner les accusations des victimes et leur nuire davantage. Les auteurs de violences, souvent aidés de leurs alliés, tentent de nier les violences, de discréditer la victime, et prétendent que ce sont en fait eux les victimes.

Elle peut être utilisée en privé comme en public, notamment dans le cadre de procédures judiciaires.

Nier les violences

Dans l’ensemble, la recherche montre que les fausses accusations de violences conjugales faites par les femmes sont très rares.

Il est bien établi par de nombreuses études que seul un faible pourcentage de femmes font de fausses déclarations de violences conjugales.

Pourtant, dans la majorité des cas, les auteurs de violences prétendent que les accusations à leur égard sont fausses.

Parmi les affirmations courantes de la défense des agresseurs, on trouve notamment :

  • “elle ment pour obtenir la garde exclusive de nos enfants”
  • “elle ment pour des raisons financières”
  • “elle ment pour se venger”
  • “elle ment pour obtenir des papiers d’immigration”
  • “elle est folle / elle souffre d’un grave problème de santé mentale”.

Les experts en violences conjugales savent que ces affirmations n’ont aucun fondement réel. Pourtant, elles sont régulièrement utilisées par les auteurs de violences pour nier leurs comportements violents.

Par ailleurs, il est essentiel de distinguer les accusations “non fondées” des “fausses accusations”. Le terme “non fondé” ne signifie pas que les violences n’ont pas eu lieu, il fait simplement référence à un manque de preuves admissibles.

Attaquer les personnes qui les dénoncent

Il arrive fréquemment que les auteurs de violences tentent de discréditer et d’intimider la victime ainsi que ses enfants et les éventuels témoins.

Des recherches ont montré que de nombreux auteurs de violences s’en prennent activement et sans relâche à leur victime après que celle-ci a dénoncé leurs comportements violents.

Ces stratégies d’attaque incluent généralement :

  • répandre des informations fausses et préjudiciables sur la victime
  • faire de fausses accusations de toxicomanie ou de graves problèmes de santé mentale à l’encontre de la victime
  • invoquer le traitement de santé mentale de la victime pour prétendre qu’elle est un parent inapte
  • engager des procédures judiciaires fondées sur de faux éléments
  • commettre des délits ou infractions, comme la fraude, au nom de la victime
  • menacer la victime de recourir à l’une des stratégies ci-dessus.

Inverser les rôles de victime et d’agresseur

La recherche a montré que de nombreuses victimes de violences conjugales ont fait l’objet de fausses plaintes déposées par leur agresseur auprès des services de police et de protection de l’enfance.

Selon Nicole Bedera, de l’université du Michigan, les auteurs de violences déposent de plus en plus de fausses plaintes à l’encontre de leur victime.

La très grande majorité des études menées dans le monde entier montrent que les femmes sont rarement les auteurs de violences conjugales. En outre, lorsqu’une femme a adopté un comportement pouvant être qualifié de violence conjugale, ce comportement est en général une réaction de résistance au contrôle coercitif auquel elle a été soumise.

Une autre stratégie courante des agresseurs consiste à accuser la victime “d’aliénation parentale”. Cette accusation est utilisée pour discréditer les mères dans les procédures de garde d’enfants.

Le concept “d’aliénation parentale” a été inventé dans les années 1980 par Richard Gardner, militant des droits des hommes et psychiatre controversé, qui a également suggéré que les violences sexuelles faites aux enfants faisaient partie de la condition humaine.

Ce concept a depuis été largement condamné et rejeté par la communauté scientifique. Cependant, les tribunaux et les institutions du monde entier n’ont pas encore reconnu que “l’aliénation parentale” est un concept sans fondement qui met les victimes et leurs enfants en danger.

On estime que la reconnaissance de “l’aliénation parentale” par les tribunaux des États-Unis a contribué à la mort de centaines d’enfants par an.

La vulnérabilité du système judiciaire français, et les solutions à envisager

Alors que la majorité des juges en France sont des femmes, le système juridique français est particulièrement vulnérable à la manipulation des auteurs de violences conjugales en raison de suppositions erronées, de préjugés inconscients et de discriminations existants dans la culture sociétale, notamment :

  • Les attentes à l’égard du comportement des mères sont nettement plus élevées que celles à l’égard des pères.
  • Les femmes victimes sont jugées sur les décisions qu’elles ont prises avant d’être confrontées aux violences.
  • Les femmes racisées font l’objet d’un taux de suspicion plus élevé.
  • Les femmes musulmanes sont confrontées à des présomptions erronées sur leur religion, leur culture et leurs choix en général.
  • Les personnes non-françaises sont suspectées de faire des fausses accusations pour obtenir un droit au séjour.
  • Les hommes victimes sont jugés comme censés pouvoir se protéger en raison de leur genre.
  • Les hommes français blancs issus de bonnes familles/écoles ou occupant des emplois importants sont considérés comme des « hommes respectables » et par conséquent jugés comme incapables de commettre des violences.
  • Les hommes qui se comportent de manière respectueuse, généreuse et bienveillante dans tous les autres aspects de leur vie sont présumés incapables de commettre des violences entre partenaires intimes et parviennent facilement à trouver des alliés pour discréditer la victime.

Les institutions et services qui veulent se protéger des stratégies de manipulation des auteurs de violences doivent :

  • mettre en place des processus d’identification de ces stratégies
  • veiller à évaluer chaque situation avec une perspective holistique et historique
  • agir activement pour éliminer les préjugés inconscients et les discriminations de leurs systèmes.

Women for Women France propose des formations dans ce domaine aux professionnels de premier accueil des victimes et aux professionnels de justice.

Chronique lecture, c’est en juillet que ca commence!!!!!

Tous les mois, un livre sera présenté par un membre de l’Association Prendre Son Envol, sur les victimes de violences, d’agressions ou de harcèlement. A vous cher lecteur de vous faire ensuite une opinion personnelle. Les livres exposés peuvent aider à comprendre les MECANISMES des victimes comme des personnes malveillantes ou malades.

Département Information/Communication Métiers du Livre et du patrimoine |  IUT

Féminicides de 2022: en leur mémoire  » Nous sommes la voie de celles qui n’en n’ont plus »

En 2022, 52 féminicides conjugaux ont lieu dès le  (nombre au 22 juin 2022), selon le Collectif Féminicides par compagnons ou ex 1 et 7 féminicides non conjugaux.

 

Janvier

  • 1er janvier 2022 : Une femme de 45 ans est tuée à Nice, étranglée dans le coffre de sa voiture. Son ex-conjoint s’est rendu aux forces de l’ordre, un des enfants du couple a été mis en garde à vue2.
  • 1er janvier 2022 : Éléonore P, une militaire de 27 ans, est tuée à coups de couteau par son compagnon de 21 ans, lui aussi militaire en Maine-Et-Loire. Elle avait porté deux fois plainte à la gendarmerie3.
  • 1er janvier 2022 : Muriel P-M, 56 ans, est tuée d’une trentaine de coups de couteau en Meurthe-et-Moselle2.
  • 7 janvier 2022 : Une femme et sa fille de deux ans sont tuées à Aubervilliers. L’homme de 29 ans avait déjà été condamné par la justice durant les années précédentes. La sœur de l’homme, présente sur les lieux, a été blessée mais a réussi à s’échapper4.
  • 14 janvier 2022 : Amélie, 21 ans, avec sa voisine de 25 ans, Caroline, sont tuées à coups de couteau en Hérault. Le suspect dit avoir agi dans un état délirant dû à une prise de cannabis5,6.
  • 17 janvier 2022 : Céline, 20 ans, est tuée de 18 coups de couteau par son ex petit-ami à Besançon. Elle avait déjà sollicité l’aide de la police en avril 20217.
  • 22 janvier 2022 : Une femme de 22 ans est tuée par balle par son ex-compagnon de 28 ans en Nouvelle-Calédonie. L’homme, qui était déjà connu pour des faits de violence, s’est ensuite suicidé8.
  • 28 janvier 2022 : Amanda Glain, 28 ans, est retrouvée étranglée dans la baignoire de son conjoint de 29 ans à Paris. L’homme, policier, avait déjà été mis en examen pour violence conjugale. Il a finalement été interpellé dans le Var9.

Février

  • 3 février 2022 : Une femme de 31 ans a été tuée à Coignières (Yvelines) par son compagnon de 25 ans qui a ensuite essayé de dissimuler son corps. 10
  • 16 février 2022 : Une femme sexagénaire est tuée à Amneville. Son conjoint, né en 1963, a reconnu les faits11.
  • 17 février 2022 : Laura de Pradena Caceressus, 31 ans, est tuée à coups de couteau à Marmande. Le suspect avait déjà été condamné pour violence conjugale 12.

Mars

  • 2 mars 2022 : Une femme de 46 ans est tuée à la suite de plusieurs coups de couteau en Corse par son petit-ami de 26 ans. L’homme s’est suicidé en se jetan par la fenêtre du 4ème étage lors de l’interpellation13.
  • 2 mars 2022 : Une femme de 62 ans est tuée par trois tirs d’arme à feu par son mari14.
  • 4 mars 2022 : Une femme est tuée de plusieurs coups dans la tête par son compagnon à Sainte-Marie. L’homme s’est ensuite suicidé en se jetant d’un pont15.
  • 14 mars 2022 : Une femme de 27 ans est tuée par son ex-compagnon à Villefranche-sur-Saône. L’homme a ensuite tenté de se suicider16.
  • 18 mars 2022 : Une femme de 75 ans est tuée par son compagnon à Arriance. L’homme de 64 ans s’est ensuite suicidé.
  • 20 mars 2022 : Une femme de 28 ans a été tuée par strangulation à Villefranche-de-Lauragais.
  • 22 mars 2022 : Une femme de 29 ans a été poignardée par son beau-frère à Villelaure
  • 23 mars 2022 : Une femme de 51 ans a été étranglée par un homme. Celui-ci avait déjà commis un autre meurtre17.
  • 26 mars 2022 : Une femme a été poignardée par son fils à Levallois-Perret.
  • 28 mars 2022 : Une femme d’une cinquantaine d’année a été tuée à Roubaix par son conjoint devant leur fille de 17 ans qui a prévenu les secours. La victime avait déposé plainte le mois dernier et l’homme était déjà connu des services de police pour des faits de violence intra-familiale.

Avril

  • 1 avril 2022 : Une femme de 44 ans est décédée suite aux coups de son conjoint à Saint-Étienne.
  • 1 avril 2022 : Une femme est percutée volontairement par son conjoint en voiture alors qu’ils étaient en instance de divorce. Elle est décédée des suites de ses blessures à l’hôpital.
  • 4 avril 2022 : Une femme de 47 ans et sa fille de 9 ans sont tuées par balle.
  • 4 avril 2022 : Une femme de 76 ans est mortellement poignardée par son fils à Saint-Jean-de-Gonville (Ain). Il se suicidera par la suite18.
  • 7 avril 2022 : Une femme de 39 ans est abattue d’une balle dans la tête par son compagnon à Saint Goazec (Finistère).
  • 20 avril 2022 : Une femme de 46 ans est poignardée à mort par son ex compagnon devant son domicile à Maisons-Alfort ( Val de Marne )

Mai

  • 1er mai 2022 : Une mère âgée de 36 ans est poignardée par son compagnon à Vaulx-en-Velin. 3 de leurs 5 enfants étaient présents19.
  • Nuit du 7 au 8 mai 2022 : Une mère de 26 ans dont le corps a été retrouvé à l’arrière d’une fourgonnette à Bourgoin-Jallieu. Elle avait déjà été victime de violences conjugales de la part de son ex-conjoint qui l’a tuée20.
  • 8 mai 2022 : Ce même ex-conjoint tue une autre de ses ex-conjointes à Grezieu-La-Varenne devant son domicile. Il s’est par la suite rendu à la police au commissariat de Vaulx-en-Velin21.
  • Nuit du 14 au 15 mai 2022 : Frappée, étranglée et sans doute violée, une femme de 32 ans décède dans un jardin public à Béziers. Un SDF réveillé par ses hurlements, donne l’alerte. Il aurait ensuite été témoin d’une partie de la scène. Sur ses indications, un suspect est interpelé22.
  • 16 mai 2022 : Une mère de 38 ans est poignardée par son ex-conjoint, dans son appartement, avenue Clemenceau à Béziers23.
  • 20 mai 2022 : une femme de 60 ans est tuée par arme à feu par son conjoint, qui se suicide, à Bossay-sur-Claise24.

Juin

  • 1er Juin 2022 : Une mère de 34 ans est tuée à coup de couteau par son conjoint, devant son fils de 9 ans, dans la ville de Nice. 25
  • 12 juin 2022 : Une femme d’une trentaine d’années a été tuée par son conjoint, à coups de couteau, à son domicile à Blois. Elle a été retrouvée gisante dans le domicile familial, où se trouvait la fille du couple âgée de 7 ans.26

Une belle initiative pour dénoncer les violences faites aux femmes : L’Œil de la Photographie Marc Melki : #AprèsLesViolences

“Alors que nous sommes au lendemain du deuxième tour de l’élection présidentielle, une femme a encore été tuée le 14 avril dernier par son ex-compagnon.
C’est le 38ème féminicide depuis le début de l’année 2022…
Et pourtant le sujet des violences conjugales a été peu très peu évoqué par nos politiques durant cette campagne …
Malgré quelques notables avancées le bilan n’est pas bon, 113 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint en 2021, une tous les 3 jours.
La société semble prête à se mettre en mouvement contre les violences faites aux femmes, mais il manque une forte volonté politique et les moyens.”
Marc Melki

 

Marc Melki : Depuis le début des années 2000, j’ai été sensibilisé au sujet des violences faites aux femmes parce que la mère de mes enfants travaillait à l’époque pour la Fédération nationale solidarité femmes. Comme j’étais photographe, la FNSF m’avait confié une mission dans un centre d’hébergement pour femmes en Seine-et-Marne. J’y avais rencontré deux femmes incroyables que j’avais photographiées. Elles réhabilitaient des logements pour accueillir des victimes. Par la suite, Jérôme Giusti, alors l’un des premiers avocats bénévoles de Droits d’urgence qui a présidé l’association jusqu’en 2021, voulait depuis environ trois ans que l’on réalise un travail photographique sur les violences faites aux femmes.

Nous avons réfléchi à la manière dont nous pouvions le traiter. Lizzie Sadin a fait un travail remarquable sur les violences faites aux femmes à la fin des années 90 (ndlr : voir son sujet « Est-ce ainsi que les femmes vivent »), mais je ne souhaitais pas faire du reportage dans les commissariats, ni être dans l’actu, je ne voulais pas non plus photographier des femmes maquillées avec des faux bleus. C’est en lisant un article paru dans la presse que j’ai eu un déclic, il décrivait les moments clés où des victimes avaient eu le courage de partir. Je me suis dit qu’il était possible que ces femmes s’en sortent, et il était important de savoir comment. Le projet s’est ensuite dessiné rapidement, je devais partir à la rencontre de ces femmes et c’est grâce à Droits d’urgence que j’ai été mis en contact avec Led By HER – une association qui propose aux femmes victimes de violences une reconstruction professionnelle par l’entrepreneuriat.

Geneviève Garrigos pose pour Daniela. Conseillère de Paris, déléguée au maire du 20e en charge de la ville du quart d’heure. #AprèslesViolences ©Marc Melki

Sophie #AprèslesViolences ©Marc Melki

9 Lives : Gwenaelle Thomas-Maire, vous êtes directrice générale de Droits d’urgence, Anne-Thalia Crespo quant à vous, vous êtes en contact direct avec les victimes de violences conjugales, pouvez-vous nous présenter l’association et nous parler de votre rôle ?

Gwenaelle Thomas-Maire : L’Association Droits d’urgence a été créée en 1995, elle est spécialisée dans l’accès au droit, de manière générale. Nous allons vers les publics en situation d’exclusion et nous les accompagnons par le droit. Ce qui est important de comprendre, c’est que lorsqu’on est en situation d’exclusion, ce sont les ruptures de droits qui viennent aggraver notre situation, jusqu’à devenir de plus en plus critique.
Notre mission est donc d’informer et d’aider les personnes en situation d’exclusion à faire valoir leurs droits. Depuis 2006, via la démarche d’Anne-Thalia, nous avons mis en place des actions destinées aux victimes de violences conjugales, nous avons ainsi commencé à construire un réseau de professionnels de différentes disciplines dans le 20ème arrondissement de Paris. Lorsque ces femmes arrivent, la première réponse sera généralement une prise en charge psychologique ou leur trouver un hébergement pour qu’elles soient en sécurité. Si nous sommes une première porte d’entrée, nous devons être en mesure d’orienter ces victimes. En 2017, nous avons mis en place une plateforme numérique dédiée aux victimes de violences conjugales, qui a été financée par la Fondation la France s’engage.
Le droit est fondamental. C’est la colonne vertébrale pour sortir des violences. Les victimes concernées ont besoin que des procédures civiles et pénales soient mises en place. Mais à côté de ça, il faut pouvoir travailler avec d’autres professionnels qui prennent en charge la partie sociale et psychologique.

Anne-Thalia Crespo :  En effet, nous avons ouvert avec la Ville de Paris ce point d’accès aux droits dans le 20ème, et avons créé un accueil renforcé pour les victimes de violences conjugales. Elles peuvent ainsi venir en urgence à n’importe quel moment. Cet accueil a évolué avec le temps, avec les lois, grâce à l’accélération du mouvement #metoo et du Grenelle des violences conjugales en 2019. Année où l’on a commencé le décompte des féminicides. Ces dernières années on remarque un intérêt grandissant des pouvoirs publics. En 2006, c’était très différent, il est important de dire à quel point les réveils de la société se font et qu’on avance. À force d’en entendre parler, le grand public s’intéresse à ces questions, contraignant les politiques à réagir !
Il n’y a jamais eu autant de lois que depuis 2019. Il y avait des violences auxquelles on ne prêtait pas attention et qui aujourd’hui sont bien mises en valeur, comme les cyber violences par exemple.

Malgré toutes les discussions et les nombreux sujets dans les médias, pour beaucoup la violence conjugale ce sont les coups. La violence psychologique est peu prise en compte car très difficile à prouver, je ne parle même pas des violences économiques et administratives dont on ne tient absolument pas compte, qui sont pourtant très fortes parce qu’elles permettent l’emprise quasi immédiate, par exemple pour les victimes qui n’ont pas de titre de séjour. À ce titre, depuis 6 mois, nous formons les policiers parisiens des 18e, 19e et 20e arrondissement avec lesquels des liens se nouent, et ça change beaucoup de choses.

Marc Melki : C’est tout un maillage de compétences qui est nécessaire pour résoudre ce problème : la justice, la police, l’éducation… Je pense que c’est un des soucis que rencontrent les gouvernements successifs français. Quand une femme veut partir, elle ne sait pas où aller, nous en sommes encore là ! C’est pour cela que j’avais envie de développer ce sujet pour montrer et donner la parole à celles qui s’en étaient sorties.

Anne-Thalia Crespo : Moi, je me bats depuis des années ! Cela fait 12 ans qu’il y a un dispositif qui permet aux victimes de rester au domicile et d’expulser le conjoint violent. Je n’ai pas envie que ce soit aux femmes – les victimes – de partir dans des hébergements d’urgence. Il y a des rats, des cafards, souvent elles ont de jeunes enfants. Ça suffit la double, triple, quadruple violence. Et depuis très peu de temps, quand une plainte est déposée le conjoint est placé en garde à vue le temps de faire une enquête. Mais pour ça il faut qu’il y ait des marques. Quand une femme est violée et qu’elle ne peut pas le prouver car elle subit des viols depuis 4 ans tous les deux jours, c’est sa parole contre celle de son agresseur.
S’il s’agit de violences constatées, l’agresseur est systématiquement orienté vers un contrôle judiciaire, donc vers une audience déportée ou en comparution immédiate. Ce contrôle judiciaire va interdire au conjoint de revenir au domicile et d’entrer en contact avec la victime de quelque façon que ce soit, avec obligation de soins… Ceux qui ne respectent pas leur contrôle judiciaire vont en prison ! Alors pour éviter qu’ils retournent au domicile, il y a des hôtels sociaux qui ont été mis en place. Finalement, cela me choque moins que ce soit eux, plutôt que la victime avec ses enfants qui soient dans ces hébergements.

Gaëlle #AprèslesViolences ©Marc Melki

Geneviève #AprèslesViolences ©Marc Melki

La victime ne peut pas s’en sortir seule. Elle s’en sort parce qu’elle trouve un réseau qui s’organise autour d’elle, qui va l’accompagner dans les démarches de réinsertion sociale, de réinsertion professionnelle, pour lui trouver un nouveau logement… Nous, par exemple, à partir du moment où une femme a une ordonnance de protection, nous lui trouvons un logement immédiatement. Mais il y a deux types de cas, le premier où une femme qui a vécu ces horreurs est dans l’urgence de quitter le foyer et de divorcer, parce que sa vie est menacée. Pour elle, l’urgence n’est pas de dénoncer les faits. Elle va se retrouver souvent sans ses enfants dans un hébergement éloigné, et va entamer les démarches de divorce. Mais elle ne se rend pas compte que le fait d’engager ces procédures va lui desservir. Le juge va la rendre coupable d’avoir abandonné sa famille et elle va tout perdre. Dans un second cas, on explique à la victime que la première démarche est de dénoncer les violences avant de partir. Sur la base de ces dénonciations, elle pourra se voir attribuer le domicile en urgence et avoir la garde des enfants et généralement en deux mois, on leur attribue un nouveau logement. En moyenne, 7 femmes sur 10 qui viennent nous voir sortent des violences grâce à un accompagnement suivi

Gwenaelle Thomas-Maire : Pour s’en sortir, il faut une première porte d’entrée. Il faut ensuite avoir des professionnels qui puissent les accompagner. C’est quand même un parcours du combattant, sur la partie juridique mais aussi la partie médicale, parfois parce qu’il y a les aspects psychologiques qui sont importants sur l’hébergement sur la question de l’autonomie financière et économique.

9 Lives : Marc, tu as débuté quelques portraits mais tu fais face à la difficulté de trouver des témoignages car cela peut mettre ces femmes en danger. Quelles solutions peuvent être mises en place

Marc Melki : On fait souvent face à ce problème en photographie, comment faire pour que les personnes acceptent d’être photographiées ? Ces femmes sont là pour donner d’elle, de leur expérience. Et effectivement, un des points pour lesquels ça bloque, c’est la difficulté de trouver ces femmes et c’est pourquoi j’avais pensé à faire une action solidaire avec des femmes qui prennent le relais. Parce que ça permet de porter leur parole.

Les quatre femmes que j’ai photographiées nous ont été trouvées par l’association Led By HER. Nous devons continuer à trouver des femmes qui accepteraient de témoigner. C’est possible, car nous sommes bien encadrés, mais il reste le problème du financement. Je reste convaincu que libérer la parole des femmes – celles qui arrivent à se libérer de ces carcans de la violence – vont aider d’autres femmes. Lorsqu’on a montré les quelques portraits faits c’est la force de ces femmes qui a été transmise. Si l’agresseur voit les photos, comment peut-il réagir et est-ce qu’il y a un risque ? Et c’est pour cela que je reprends un peu l’idée de faire incarner les témoignages par des personnalités, comme je l’avais fait pour #ExilIntraMuros.

« On n’est pas victime, on ne naît pas victime, on ne meurt pas victime, parfois, dans la vie, on le devient et on en sort. Ces femmes victimes de violences conjugales ont une force intérieure extrême, dont elles n’ont pas conscience, elles ne s’en rendent compte qu’après coup. Ce sont pourtant des héroïnes, des guerrières. Quand elles s’en sortent elles brisent leurs carcans, abandonnent le projet familial pour être libre, pour ne plus subir, pour ne plus être victime, pour que leurs enfants puissent vivre dans des conditions correctes ». – A.-T. C.

 

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TRIBUNE FÉMINICIDES 📣 de Nathalie Tomasini.

TRIBUNE. Féminicides : « Monsieur le Président, quand serons-nous entendues ? »

Près de 50 féminicides depuis le début de l’année. Une « terrible piqûre de rappel » soulignant « l’insuffisance » de l’action du président de la République contre les violences faites aux femmes, selon plusieurs personnalités et associations (Nathalie Tomasini, Femen France, Osez le féminisme, la Maison des femmes 93…). Elles lui adressent une lettre ouverte.

Voici leur tribune : « Monsieur le président de la République. 1er mai 2022, Vaulx-en-Velin : une mère de famille mortellement poignardée, son époux en garde à vue. 4 mai, Dordogne : l’autopsie confirme la thèse d’un féminicide suivi d’un suicide. 4 mai, Yvelines : un homme de 27 ans mis en examen pour féminicide. 8 mai, Lyon : une femme retrouvée morte, son compagnon en garde à vue. 9 mai, Saône-et-Loire : les corps de deux femmes et d’une enfant découverts poignardés, le suspect, père de la fillette, retrouvé mort. 9 mai,  Val-de-Marne : un homme poignarde sa compagne, lui coupe une oreille et lui crève les yeux. 14 et 16 mai, Béziers : de nouveaux féminicides…

 

Pouvons-nous encore fermer les yeux ? Ce mois de mai 2022, mois meurtrier de femmes et d’enfants, doit être pour votre gouvernement une terrible piqûre de rappel, qui souligne l’insuffisance de votre action. Presque 50 femmes sont mortes depuis le début de l’année. Il n’y a aucune baisse significative des chiffres des féminicides (141 en 2019 ; 110 en 2020 ; 121 en 2021).

Lire aussi – Égalité femmes-hommes : après le Grenelle contre les violences conjugales, Isabelle Rome devient ministre

 

Oui, Monsieur le Président, au-delà d’une communication adroite en faveur d’une prise en charge des victimes de violences intrafamiliales, il n’y eu lors de votre précédent quinquennat, aucune réelle volonté politique qui ait pu se traduire en actions déterminantes et mise à disposition de moyens suffisants pour juguler ce fléau des violences conjugales qui s’avère pourtant être une priorité de santé publique.

Aussi, les victimes espèrent avec une fébrilité certaine que les ministres nouvellement nommés soient à la hauteur de cet enjeu sociétal qu’est cette nécessaire lutte contre les violences intra-familiales.

Monsieur le Président, quand serons-nous entendues ?

Monsieur le Président, en ce qui concerne les moyens mis en œuvre jusqu’à présent : que ce soient les téléphones grave danger ou les bracelets anti-rapprochement, ils sont, vous le savez, en nombre insuffisant au regard des 225 000 plaintes déposées pour violences conjugales chaque année en France. Au-delà du manque d’effectifs des policiers et magistrats qui encadrent l’ensemble des plaintes déposées, la majorité des associations et des professionnels avertis ont souhaité la création de brigades spécialisées violences conjugales et leur généralisation dans tous les commissariats de France, ainsi que la création de tribunaux spécialisés afin qu’il y ait une coordination réelle et efficace entre le juge civil et le juge pénal.

Lire aussi – Au procès de sa fille, Jean-Jacques Bertin se bat pour que la justice prenne mieux en compte les féminicides

Monsieur le Président, quand serons-nous entendues ? Au-delà des effets d’annonces, la formation des professionnels et la nécessaire radicalisation des sanctions à l’encontre des auteurs de violences conjugales ne sont toujours pas mises en œuvre. Compte tenu de la dangerosité des auteurs de violences conjugales et de la multiplicité des féminicides, il convient de :

  • Réfléchir à la nécessité de mettre en place des peines planchers pour ce type de crimes.
  • Réfléchir à introduire une nouvelle exception au principe de légitime défense pour les femmes atteintes d’un syndrome de femme battue, qui tuent leur compagnon violent pour ne pas mourir
  • Réfléchir à élargir l’appréciation de « l’abolition du discernement » des femmes victimes de violences depuis des années lors d’un passage à l’acte
  • Réfléchir, pour protéger les victimes de violences conjugales, notamment celles victimes de tentatives d’homicides, à la mise en place d’un processus d’exfiltration (avec système de protection et changement d’identité…)
  • Envisager, à l’ère du numérique, une application gouvernementale et gratuite dans les mobiles de toutes les Françaises en lien direct avec les commissariats les plus proches plutôt que la lourdeur de la fabrication et l’attribution des téléphones grave danger…

Cette réflexion doit être interministérielle, en lien étroit avec les associations de victimes qui pourraient être force de proposition d’une feuille de route pour le quinquennat à venir. Monsieur le Président, votre Première ministre Elisabeth Borne a exhorté « les petites filles de France à aller jusqu’au bout de leurs rêves », il vous appartient de leur en donner les moyens !

L’heure est grave, des femmes meurent, la colère des victimes est immense

Il vous faut désormais, au-delà des mots, poser des actes forts. L’urgence est le vote d’un budget spécifique violences conjugales à la hauteur des enjeux soit, à minima d’un milliard d’euros ! Si vous souhaitez maintenir comme une priorité la lutte contre les violences intrafamiliales pour les cinq ans à venir, il vous faut aujourd’hui mettre les moyens « sur la table ». En espérant, Monsieur le Président, que cette lettre publique ne restera pas lettre morte…

Stand-Up: Dispositif pour lutter contre le « harcèlement de rue » .

80% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics.

Nous en sommes témoins, mais nous détournons souvent le regard. Peut-être parce que nous ne savons pas quoi faire, comment aider. Le moment est venu de réagir. Chacune d’entre nous fait partie de la solution.

Agissons ensemble contre le harcèlement de rue.

Oréal Paris, l’ONG Right To Be et la Fondation des Femmes s’unissent pour lutter ensemble contre le harcèlement de rue. Stand up est un programme de formation permettant à chacune de mettre fin aux situations de harcèlement de rue, qu’on en soit témoin ou victime, grâce à des gestes simples, mais déterminants.

Le harcèlement de rue est parmi les violences sexistes les plus communes que subissent les femmes. C’est une réelle atteinte à leur liberté de mouvement. Il est urgent d’agir. Mais comment ? Grâce à Stand Up, ce sont des centaines de milliers de personnes qui pourront mieux comprendre et mieux réagir face à ces violences.

Cela se décline sous deux formes possibles:

  • une session de formation en 10 min via le site internet pour appréhender ce genre de situation soit en tant que témoin ou victime. 
  • des sessions de formations d’une heure en ligne ou en présentielle par des expertes

    Distraire

    Faites semblant de connaître la personne harcelée, demandez l’heure ou créez une distraction : soyez créative.

    Déléguer

    Trouvez une personne qui représente une forme d’autorité et demandez-lui de vous aider à intervenir.

    Documenter

    Filmez discrètement la scène et proposez à la victime de lui fournir la preuve ou de témoigner.

    Diriger

    Demandez au harceleur d’arrêter, rassurez la victime, demandez de l’aide (en évitant de vous confronter directement).

    Dialoguer

    Réconfortez la personne harcelée après coup, dites-lui que ce qu’elle a vécu n’est pas acceptable, agissez comme une amie.

Lien : Agissons ensemble contre le harcèlement de rue (standup-international.com)

Une femme engagée : Maître Tomasini Nathalie

L’avocate Nathalie Tomasini est une figure de la défense des violences faites aux femmes. 

Avocat au Barreau de Paris, a prêté serment en décembre 1989.

Exerce pendant 18 ans son activité en matière de droit des affaires et plus spécifiquement en droit immobilier.

Devenue en 2007 Directrice Juridique au sein de la branche immobilière d’un grand groupe financier, elle réintègre le Barreau de Paris en 2010 et décide, après avoir côtoyé la violence des banques d’affaires, de la crise immobilière et financière et de ses impacts sur le plan humain, de s’intéresser de plus près à cette violence initiale au sein de la cellule familiale : violence physique, harcèlement moral et violence psychologique.

Création en 2011 avec sa consoeur, Maître Bonaggiunta, du Cabinet BT & Associés pour lutter contre les violences faites aux femmes dans la sphère privée et professionnelle.

Formation (HEC) de coaching en 2016 pour maîtriser les outils de développement personnel et aider les victimes à affronter les procédures judiciaires ainsi que leur reconstruction.

Nathalie Tomasini, depuis 10 ans, a alerté la société française sur l’existence d’un fléau international, celui des violences conjugales et intrafamiliales, et sur la nécessité de faire avancer leur prise en charge en réfléchissant à la mise en place de nouveaux textes de loi en faveur des victimes et ce, à travers de grands procès médiatiques qui ont eu un retentissement international.

Un engagement européen : le 08 mars 2019, journée internationale des droits des femmes, Nathalie Tomasini a déclaré sa candidature aux élections européennes 2019, sur sa propre liste, À Voix Egales pour l’égalité des droits femmes / hommes.

A publié en 1999 un ouvrage « L’art et la Loi » aux éditions CEDAT

Co-auteur des ouvrages :
– « Acquittée » d’Alexandra Lange, édité en 2012 chez Michel Lafon ;
– « Le jour où j’ai dit Non », de Samia Jaber, édité en 2013, chez Michalon ;
– « Je voulais juste que ça s’arrête », de Jacqueline Sauvage, édité en 2017 chez Fayard ;
– « Une défense légitime », sur le Cabinet BT & Associés, co-écrit avec Janine Bonaggiunta, édité en 2020 chez Fayard.

 

L’affaire Bacot : Une affaire… – Tomasini & Avocats | Facebook

Extrait de la masterclass « L’Affaire Bacot » sur l’art de la plaidoirie pour les étudiants de l’ISD – Bing video

« Quand on veut protéger les agneaux,… – Tomasini & Avocats | Facebook

“Je veux être alignée avec les… – Tomasini & Avocats | Facebook