Violence Conjugale : Le cercle infernal

Aujourd’hui, je vous partage un documentaire ressource sur « les violences conjugales » :

En Suisse, toutes les deux semaines, une femme meurt sous les coups de son partenaire. Reste que la violence conjugale n’est pas forcément synonyme de femmes battues. Les hommes aussi sont concernés et la violence dans le couple ne commence pas à partir des coups. Pourquoi les victimes acceptent-elles, parfois pendant des années, l’inacceptable ? Pour Temps Présent, des Romands témoignent de leur calvaire. Regards croisés sur un problème de santé publique, qui coûte des millions à la société et nous concerne tous.

Générique

Un reportage de Marie Abbet et Cédric Louis
Image : Yvan Illi Son : Otto Cavadini Montage : Emmanuelle Eraers

 

Chronique littéraire du mois avril: Roxane Gay BAD FEMINIST

« Je préfère être une mauvaise féministe que ne pas être féministe du tout. »

Roxane Gay

Bad Feminist explore la politique contemporaine, la culture populaire, la sexualité, la race et l’histoire personnelle de Roxane Gay afin de souligner les multiples discriminations subies par les femmes.

Bad Feminist rappelle que la défense de l’égalité des sexes ne dispense pas d’assumer ses contradictions : on peut s’épiler, chanter des chansons pop, être fan de téléréalité et militer pour les droits historiquement aliénables des femmes.

Bad Feminist marque le début d’un nouveau féminisme, décomplexé et libérateur.

Née dans le Nebraska en 1974 d’une famille haïtienne, Roxane Gay s’est imposée comme une des plus grandes voix du féminisme américain. Bad Feminist est un véritable best-seller aux États-Unis.

« L’écrivaine assume et revendique un « féminisme imparfait », humain et non culpabilisateur. »
Libération

 

Violences conjugales : quatre choses à savoir sur le pack « nouveau départ » lancé ce vendredi

Isabelle Rome, ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, lance ce vendredi dans le Val-d’Oise, la première expérimentation du pack « nouveau départ » pour aider les femmes victimes de violences conjugales. Le dispositif sera généralisé « d’ici à la fin 2025 ».

3. Où est-il lancé ?

Ce dispositif sera expérimenté pendant douze semaines dans le Val-d’Oise « Puis dans quatre autres territoires, dont un rural et un territoire des Outre-mer », précise Isabelle Rome. « Nouveau départ » sera ensuite « généralisé progressivement jusqu’à la fin 2025. » Par ailleurs, le rapport de la mission confiée à deux parlementaires pour réfléchir à une « justice spécialisée » dans les violences faites aux femmes sera rendu « début mars », ajoute la ministre.

4. Quelles sont les réactions des associations ?

L’annonce ne fait pas encore sensation. Sur France Info , Michelle Dayan, présidente de l’association Lawyers For Women, qui lutte contre les violences faites aux femmes, a émis, ce vendredi, quelques doutes. « Je crains qu’on ne se trompe d’arme pour lutter contre les violences faites aux femmes », déplore l’avocate, pour qui les victimes « ont besoin de justice, pas d’un pack ». Pour elle, le dispositif sous-entend aussi que « c’est à la victime de quitter le domicile mais c’est au conjoint violent de partir »17

Un dispositif pour sauver des vies. La ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome, a détaillé, ce vendredi 3 mars 2023, les contours du pack « nouveau départ », destiné aux femmes victimes de violences conjugales sur France 2. Ce même jour, une première expérimentation est lancée dans le Val-d’Oise, six mois après l’annonce de sa création.

1. C’est quoi ce pack ?

Ce pack est destiné « à aider les femmes qui se sentent en situation de danger auprès de leur conjoint violent, à s’extraire des griffes de celui-ci », explique la ministre, invitée sur la chaîne télévisée. Pour l’ancienne magistrate, il s’agit de « permettre à ces femmes de partir avant qu’il ne soit trop tard » et ainsi, faciliter « ce parcours qu’elles peuvent imaginer très compliqué. »

2. Comment ça marche ?

Une femme victime de violences pourra se rendre auprès « d’une association, un médecin, à la police ou même auprès d’un maire dans un village » pour alerter sur sa situation. « Cette personne va pouvoir ensuite faire un signalement et contacter un seul référent » par département.

Ce signalement déclenchera auprès des « autres partenaires les aides financières » nécessaires pour favoriser un « retour à l’emploi », la « garde d’enfants »« l’accompagnement psychologique » ou encore le déclenchement d’un « hébergement d’urgence », liste la ministre. Fait important, le pack n’est pas conditionné à une plainte.

Lire aussi : Violences conjugales : vers une aide d’urgence pour les victimes

Pour rappel, « seules 34 % des victimes de violences conjugales portent plainte », appuie la responsable. Selon le gouvernement, les services de sécurité ont enregistré 208 000 victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire. Soit une augmentation de 21 % par rapport à l’année passée.

3. Où est-il lancé ?

Ce dispositif sera expérimenté pendant douze semaines dans le Val-d’Oise « Puis dans quatre autres territoires, dont un rural et un territoire des Outre-mer », précise Isabelle Rome. « Nouveau départ » sera ensuite « généralisé progressivement jusqu’à la fin 2025. » Par ailleurs, le rapport de la mission confiée à deux parlementaires pour réfléchir à une « justice spécialisée » dans les violences faites aux femmes sera rendu « début mars », ajoute la ministre.

4. Quelles sont les réactions des associations ?

L’annonce ne fait pas encore sensation. Sur France Info , Michelle Dayan, présidente de l’association Lawyers For Women, qui lutte contre les violences faites aux femmes, a émis, ce vendredi, quelques doutes. « Je crains qu’on ne se trompe d’arme pour lutter contre les violences faites aux femmes », déplore l’avocate, pour qui les victimes « ont besoin de justice, pas d’un pack ». Pour elle, le dispositif sous-entend aussi que « c’est à la victime de quitter le domicile mais c’est au conjoint violent de partir ».

 

Ampleur de la violence conjugale au Québec.

Ampleur de la violence conjugale au Québec

Puisque la violence conjugale survient dans le cadre d’une relation intime et qu’elle se manifeste de diverses manières, et ce, de façon cyclique, il est difficile d’en déterminer l’ampleur avec exactitude. Les limites associées aux sources de données et aux instruments de mesure (voir l’encadré « Sources et limites ») se traduisent par des portraits de la violence conjugale très variables. Par exemple, la notion de pouvoir et de contrôle, au centre de la définition de la violence conjugale privilégiée par le gouvernement du Québec, n’est pas prise en considération ni dans les données policières ni dans les enquêtes populationnelles [6]. En fait, plusieurs composantes qui sont considérées par les chercheurs dans le domaine comme des éléments caractérisant la violence conjugale ne sont pratiquement jamais mesurées pour en déterminer l’ampleur; c’est notamment le cas du harcèlement [5]. Aux États-Unis, les plus récents travaux des Centers for Disease Control and Prevention sur la surveillance de la problématique ont introduit la notion de harcèlement dans la définition de la violence entre partenaires intimes, et proposent des indicateurs pour mesurer cet aspect [64].

Une autre difficulté pour déterminer l’ampleur du phénomène est liée à la provenance des données, par exemple s’il s’agit de données administratives ou si elles proviennent plutôt d’une enquête populationnelle4. Ces différentes sources, quoique souvent complémentaires, mesurent parfois des réalités fort distinctes : enquêtes auprès de la population générale ou de groupes particuliers (ex. : parents d’enfants), infractions enregistrées par les services policiers, données colligées auprès de populations cliniques (ex. : femmes en maisons d’hébergement ou conjoints judiciarisés) ou d’organismes qui offrent des services aux femmes et aux enfants victimes (ex. : maisons d’hébergement, réseau de la santé et des services sociaux, système de justice). De ce fait, le portrait de la violence conjugale au Québec et au Canada, que l’on retrouve dans les statistiques diffusées par différents organismes, affiche parfois des différences quant aux caractéristiques de la violence conjugale (ex. : répartition des victimes de violence conjugale selon le sexe, nature des comportements). Les statistiques permettant de déterminer l’ampleur et les caractéristiques de la violence conjugale présentées dans ce chapitre doivent donc être analysées en tenant compte de ces considérations.

Sources et limites

Les différentes façons de définir et de mesurer la violence conjugale ont donné lieu à un débat autour de la symétrie de la violence conjugale entre les hommes et les femmes5 [5,67]. En se basant sur des données issues d’enquêtes réalisées auprès de jeunes adultes et de la population générale, les tenants de la théorie de la symétrie soutiennent que les femmes seraient aussi violentes que les hommes dans un contexte conjugal, remettant en question la perspective féministe [65]. Les opposants à cette théorie relèvent quant à eux les limites des instruments de mesure avec lesquelles les données d’enquêtes sont obtenues, et leur discordance avec le portrait du phénomène tiré des données policières ou des données provenant des services sociaux et médicaux [67].

Dans certaines études et plusieurs enquêtes populationnelles, dont l’Enquête sociale générale (ESG) sur la victimisation, la violence conjugale est définie et mesurée sur la base d’un ensemble d’actes violents entre partenaires dont la gravité varie. La plupart des instruments utilisés dans ces études considèrent uniquement les dimensions physique et sexuelle de la violence pour établir la prévalence, et s’attardent peu aux dynamiques de pouvoir et de contrôle. Les principales limites des instruments font en sorte qu’il est difficile de mesurer d’autres formes de violence conjugale, la directionnalité de la violence, les motivations sous-jacentes (contrôle coercitif, autodéfense, réciprocité, etc.) et le contexte dans lequel (ex. : niveau de contrôle) s’inscrit cette violence.

En ce qui a trait aux données issues des statistiques policières, elles ne représentent qu’une portion de la violence commise en contexte conjugal. Les enquêtes populationnelles révèlent qu’une faible part des incidents de violence conjugale est signalisée aux autorités policières. En 2009, seuls 20 % des Québécoises et des Québécois ayant été victimes de violence physique ou sexuelle de la part d’un conjoint ou d’un ex-conjoint ont déclaré avoir rapporté l’incident à la police [68]. Par ailleurs, certaines manifestations de violence conjugale ne correspondent pas à des infractions criminelles; c’est notamment le cas de la violence verbale (à l’exception des menaces de mort).

Au Québec, les statistiques colligées de façon cyclique qui permettent de dresser un portrait de l’ampleur, de l’évolution, des caractéristiques et des conséquences de la violence conjugale proviennent de deux sources principales : les données d’enquêtes populationnelles (victimisation autorapportée) et les infractions criminelles commises dans un contexte conjugal rapportées à la police (voir l’encadré « Sources et limites »).

La violence conjugale mesurée à l’échelle de la population dans l’ESG sur la victimisation

Au Québec, aucune enquête populationnelle réalisée régulièrement ne mesure la violence conjugale vécue par les femmes et les hommes adultes dans leurs relations conjugales ou intimes. Les seules données récoltées à un intervalle régulier sont celles tirées de l’ESG sur la victimisation que mène Statistique Canada. Les tailles d’échantillon pour le Québec limitent cependant l’analyse approfondie des données à l’échelle de la province [69]. Aussi, elles ne permettent pas de faire des estimations pour chacune des régions, ce qui limite l’étude des variations régionales de la violence conjugale. En 2014, on y apprend que 3,5 % des Québécois ont vécu de la violence conjugale6 (physique ou sexuelle) de la part d’un conjoint ou d’un ex-conjoint dans les cinq ans précédant l’enquête [70]. Tant au Québec qu’au Canada, les données de l’ESG 2014 présentent une prévalence de la violence conjugale similaire entre les hommes et les femmes [71]. Cependant, quand les items sont analysés de façon isolée, on distingue des différences. Par exemple, les femmes sont plus susceptibles de vivre les formes plus sévères de violence conjugale documentées dans l’enquête, soit avoir été agressée sexuellement, battue, étranglée, menacée avec une arme à feu ou un couteau (34 % des femmes contre 16 % des hommes à l’échelle canadienne7).

La criminalité commise en contexte conjugal

Au Québec, en 2014, 18 746 personnes ont été victimes de crimes contre la personne commis dans un contexte conjugal8 [9]. Ces crimes ont fait 14 716 victimes féminines (79 %) et 4 030 victimes masculines (21 %). Lorsqu’on analyse ces statistiques par type d’infraction, il se dégage que les femmes composent la totalité ou presque des victimes d’homicides (100 %), d’enlèvements (100 %), de séquestration (97,8 %) et d’agressions sexuelles (97,2 %). Les victimes âgées de 18 à 29 ans constituent le groupe d’âge chez qui le taux d’infractions commises dans un contexte conjugal est le plus élevé, et ce, particulièrement chez les femmes. Les auteurs présumés de violence conjugale étaient des hommes 8 fois sur 10 (80,5 %).

En ce qui a trait à la répartition régionale de la criminalité commise en contexte conjugal, on observe des variations considérables à travers les régions du Québec (figure 1). La Côte-Nord, l’Abitibi-Témiscamingue et l’Outaouais affichent les taux de violence conjugale les plus élevés, tandis que les taux les plus bas se trouvent en Chaudière-Appalaches, en Estrie, dans le Bas-Saint-Laurent et le Nord-du-Québec9 [9]. Outre le fait qu’il puisse y avoir des différences réelles dans la survenue de la violence conjugale, différentes raisons peuvent expliquer ces variations territoriales : les caractéristiques démographiques de la population (ex. : structure des âges), le taux de signalement des infractions à la police, les politiques, procédures et pratiques d’application des lois des services de police locaux, les facteurs socioéconomiques et les changements technologiques [72].

Figure 1 – Taux de criminalité commise en contexte de violence conjugale, par région et pour l’ensemble du Québec, 2014

 

Source : Ministère de la Sécurité publique. Données du Programme DUC 2.

Évolution de la violence conjugale au Québec et au Canada

Le taux de prévalence de la violence conjugale mesuré dans l’ESG a diminué de façon importante depuis 1999 (tableau 2). Au Québec, il est passé de 7,4 % à 3,5 %. Cette diminution s’observe également dans les homicides conjugaux (tableau 3). Les facteurs pouvant expliquer la tendance à la baisse des homicides conjugaux au Canada ont été explorés par Dawson et ses collaborateurs (2009). Les deux facteurs qui ressortent de leur analyse sont la diminution de l’écart dans les niveaux d’emploi entre les hommes et les femmes, et l’augmentation du niveau de scolarité des hommes [73]. L’hypothèse de l’effet bénéfique et préventif de la réduction des inégalités entre les sexes sur les homicides conjugaux se démontre donc empiriquement. Par contre, le taux d’infractions commises en contexte conjugal est en légère hausse (tableau 3). Cette augmentation des infractions signalées à la police pourrait être due notamment aux campagnes sociétales de sensibilisation visant à diminuer la tolérance sociale à l’égard de la violence conjugale et à faire ressortir son caractère criminel. Elle peut également s’expliquer par les efforts déployés pour améliorer la réponse policière dans les situations de violence conjugale (ex. : protocoles, formation, escouades dédiées).

En somme

  • Malgré une prévalence de la violence conjugale autorapportée similaire entre les hommes et les femmes dans les enquêtes populationnelles sur la victimisation, ces statistiques démontrent que les femmes subissent davantage les formes les plus sévères de violence conjugale. Elles sont aussi les principales victimes d’infractions commises en contexte conjugal.
  • Des variations selon le sexe, les groupes d’âge et les régions dans les taux de criminalité commise en contexte conjugal démontrent que la violence conjugale n’est pas répartie de façon uniforme au Québec, et ce, même si l’ensemble des régions et des groupes d’âge sont touchés.
  • Depuis quelques années, on observe une évolution à la baisse de la violence conjugale autorapportée et des homicides conjugaux, mais une hausse du taux d’infractions contre la personne en contexte conjugal.

  1. Enquête populationnelle : collecte d’information qui consiste à documenter un phénomène auprès d’une population définie. L’analyse des données recueillies permet de faire des estimations pour l’ensemble de la population (inférence) lorsque les données sont recueillies à partir d’un échantillon représentatif de la population.
  2. Le débat de la symétrie de la violence dépasse largement le cadre de ce chapitre. Un lecteur qui voudrait approfondir davantage cette question peut, notamment, se référer aux articles suivants : [65–67].
  3. Bien que l’ESG documente la violence psychologique et l’exploitation financière, seules les dimensions physique ou sexuelle de la violence sont prises en compte dans le calcul de la prévalence rapportée ici et telle que publiée par Statistique Canada.
  4. Cette donnée est non disponible pour le Québec compte tenu du risque de divulgation en raison de petits nombres [71].
  5. Les infractions commises en contexte conjugal sont celles qui ont été signalées à la police et jugées fondées par les autorités policières.
  6. Les données pour la région Nord-du-Québec sont incomplètes en raison de l’absence de données provenant de certains corps de police autochtones [9].

9 conséquences de la violence conjugale.

La violence conjugale est une épreuve importante dans une vie. Elle a de nombreuses répercussions sur la santé physique, sociale et psychologique des victimes, ainsi que sur leurs enfants, leurs proches et la société. Il importe de connaître ces conséquences pour mieux comprendre les réactions des victimes et les soutenir adéquatement. Les réactions des victimes de violence conjugale sont normales, c’est la violence conjugale qui ne l’est pas.

 

Souffrance émotionnelle

La violence a de nombreuses conséquences sur le bien-être psychologique des victimes: détresse, perte de confiance et d’estime de soi, anxiété, crises d’angoisse ou de panique, tristesse, honte, culpabilité, tension intérieure, stress, colère, désespoir, etc.

Confusion

La violence conjugale se produit dans un cycle, qui fait en sorte que la situation n’est pas toujours la même. La victime passe de moments de tension où elle ne sait pas trop ce qui se passe, à des moments où la violence éclate, et à des moments d’accalmie où le conjoint s’excuse… tout en la manipulant pour lui insuffler (ou lui imposer) une vision de la situation où elle est partiellement (ou entièrement) responsable. Il est donc normal de voir la victime passer de moments où elle voit plus clair dans la situation, à des moments où elle doute d’elle-même, et où il lui est très difficile de voir la violence.

Stress post-traumatique

Les victimes de violence conjugale et leurs enfants présentent souvent les symptômes de l’état de stress post-traumatique, au même titre que les vétérans de guerre. On peut constater des souvenirs envahissants, des cauchemars et des flashbacks très souffrants pour la victime. Elle peut tenter de s’en protéger par une coupure émotionnelle, une consommation d’alcool ou de drogue, l’incapacité à parler de la situation, l’oubli, etc. Cet état d’alerte constant a également d’autres effets : des sursauts, des difficultés de concentration, de la déprime, de l’irritabilité, etc.

Détérioration de l’état de santé physique

L’état de stress subi sur une période prolongée a des répercussion sur le bien-être physique des victimes: difficultés liées au sommeil, à l’alimentation, perte d’énergie, faible système immunitaire, etc. Les victimes peuvent également souffrir de différents problèmes de santé associés au stress, tels que les syndromes de douleur chroniques, les problèmes cutanés ou digestifs, des maux de têtes fréquents, etc.

Blessures physiques

Lorsque la violence physique est présente, elle peut entraîner des blessures telles que des ecchymoses, des fractures, des dents cassées, une perforation des tympans, des commotions cérébrales, etc. Les blessures infligées aux victimes peuvent être très sérieuses, comme c’est le cas des lésions cérébrales traumatiques causées par des commotions cérébrales répétées, et peuvent bouleverser la vie des victimes à long terme et même entraîner la mort.

Altération des liens avec les proches

La violence conjugale affecte négativement le réseau social de la victime. Elle peut être la source de conflits interpersonnels et la victime peut perdre la confiance et l’estime de ses proches ou même perdre ses liens avec eux. L’isolement qui résulte de la violence conjugale est souvent très important. La situation a également des répercussions sur les proches eux-mêmes: épuisement, stress, impuissance, etc.

Altération de la relation avec les enfants

Dans une famille sans violence, les parents se partagent le pouvoir et exercent ensemble l’autorité parentale. Dans une situation de violence conjugale, l’agresseur prend tout le pouvoir dans la famille, tandis que la victime n’en a presque plus. Ce déséquilibre affecte beaucoup les enfants et les adolescents, qui y réagissent souvent en refusant l’autorité de la victime. Le déséquilibre familial peut aussi faire en sorte que certains enfants se sentent le devoir de protéger la victime, ce qui peut devenir très dangereux pour eux.

Pertes financières, pauvreté et exclusion sociale

La violence conjugale coûte très cher aux victimes: frais d’avocat (souvent dans des procédures légales interminables et répétées à différentes instances), frais de déménagement et de réorganisation, traitements médicaux, psychothérapie (souvent à long terme, pour la victime et pour ses enfants), congés de maladie, incapacité de travailler de façon prolongée ou permanente, etc. La pauvreté guette souvent les victimes de violence conjugale et ce, peu importe leur statut social d’origine ou leur scolarité. Certaines victimes de violence conjugale peuvent se retrouver complètement exclues du marché du travail et à la rue de façon durable.

Coûts sociaux

La violence conjugale met une pression importante sur le système de solidarité sociale et entraîne des coûts très importants pour notre collectivité: coût des services de sécurité publique, coût des procédures judiciaires criminelles, civiles ainsi qu’à la protection de la jeunesse, coûts pour le système de santé et pour les services sociaux, prestations d’assurance-emploi et de la sécurité du revenu, etc. Les employeurs font également face aux effets de la violence conjugale sur les victimes: absentéisme, baisse de rendement, perte de talents, hausse des coûts associés aux assurances collectives, etc.

Se remettre des conséquences de la violence conjugale prend du temps.
Lorsque la violence se poursuit après la rupture, il est encore plus difficile
d’en surmonter les répercussions.

Les victimes de violence conjugale ont besoin de soutien continu et d’aide concrète
pour les soutenir dans la reprise du pouvoir sur leur vie, tant et aussi longtemps
qu’elles n’auront pas retrouvé la sécurité et la paix.

Etre là pour une victime de violence, c’est important. Rester là tant que les répercussions de la violence sont présentes dans sa vie l’est encore plus.

 

Chronique littéraire du mois de mars 2023: Le corps n’oublie rien

« Un livre capital qui donne un sens à la souffrance et offre des pistes de guérison. » Booklist

Le traumatisme fait partie de la vie.Et le corps en garde les traces et une mémoire qui imprègne nos émotions.

Le psychiatre Bessel van der Kolk a passé quarante ans à soigner des survivants. En racontant les histoires  vécues par ses patients (vétérans, femmes et enfants maltraités, victimes d’accidents ou d’agressions), il entraîne le lecteur dans un parcours passionnant à travers les méandres du syndrome du stress post-traumatique.

Unique en son genre, ce livre conjugue neurosciences, pratique clinique et réflexion sur la maladie. Il montre notre extraordinaire capacité à souffrir, mais aussi à guérir, en offrant de nouveaux espoirs pour retrouver goût à la vie.

Bessel van der Kolk, psychiatre américain d’origine néerlandaise, spécialiste du syndrome de stress post-traumatique, professeur de psychiatrie à la Boston University, a fondé le Trauma Center de Boston.

Quelle est la place réelle des femmes dans la société moderne ?

La place des femmes dans la société moderne varie en fonction de la culture, du pays et des circonstances individuelles.

Cependant, dans de nombreuses régions du monde, les femmes ont fait des progrès significatifs en termes de droits légaux, d’éducation et de possibilités d’emploi.

En termes de droits légaux, les femmes ont obtenu le droit de voter, de posséder des biens et d’avoir un accès égal à l’éducation et à l’emploi dans de nombreux pays.

D’ailleurs, des lois ont été mises en place pour protéger les femmes contre la discrimination et les abus sur le lieu de travail et dans leur vie personnelle.

En matière d’éducation, les femmes ont fait des progrès considérables ces dernières années.

De nombreux pays ont mis en œuvre des politiques visant à promouvoir l’égalité des sexes dans l’éducation, ce qui fait que les femmes sont désormais plus nombreuses que les hommes dans les universités et les collèges de nombreuses régions du monde.

En termes d’emploi, les femmes ont augmenté leur participation au marché du travail et ont progressé dans des domaines traditionnellement dominés par les hommes, tels que la technologie, la finance et la politique.

Toutefois, dans de nombreux pays, les femmes ont encore tendance à être sous-représentées aux postes de direction et sont moins bien payées que les hommes pour le même travail.

Hmm…

En résumé, la place des femmes dans la société moderne a évolué ces dernières années, mais il reste de nombreux défis à relever.

Les femmes ont obtenu davantage de droits et d’opportunités, mais elles sont toujours confrontées à la discrimination et aux obstacles dans de nombreux aspects de leur vie.

Outre les opportunités juridiques, éducatives et professionnelles que j’ai mentionnées précédemment, les femmes de la société moderne sont également confrontées à des défis liés aux stéréotypes de genre et aux attentes de la société.

Les stéréotypes de genre sont des notions préconçues sur les rôles et les caractéristiques qui conviennent aux hommes et aux femmes.

Ces stéréotypes peuvent limiter les choix et les opportunités des femmes dans la vie, et peuvent également conduire à la discrimination et au harcèlement.

Les femmes peuvent plaider en faveur de politiques qui promeuvent l’égalité des sexes, telles que l’égalité de rémunération pour un travail égal, le congé parental payé et des services de garde d’enfants abordables.

Elles peuvent également soutenir les organisations et les groupes qui œuvrent en faveur de ces objectifs.

  • Remettre en question les attentes et les stéréotypes de la société

Les femmes peuvent remettre en question les attentes et les stéréotypes de la société en menant leur vie d’une manière qui défie ces normes.

Cela inclut le choix de carrières et de loisirs que l’on considère généralement comme « masculins » ou « féminins », et l’abandon de l’idée qu’il y a certaines choses que les femmes « devraient » ou « ne devraient pas » faire.

Il est important de noter que le changement n’est pas seulement une question d’actions individuelles, mais aussi d’actions collectives et de solidarité.

Les femmes doivent travailler ensemble, au-delà de leurs origines et de leurs identités, pour faire pression en faveur d’un changement systémique et pour créer une société plus égalitaire.

Il est également important de reconnaître que la création d’une société plus égalitaire n’est pas seulement la responsabilité des femmes, mais de la société dans son ensemble.

Les hommes, ainsi que d’autres groupes marginalisés, ont également un rôle à jouer dans la lutte contre les stéréotypes et la discrimination et dans le soutien aux femmes et à l’égalité des sexes.

Violences conjugales : 10 femmes témoignent

Nous avons décidé de donner la parole à celles qui ont été confrontées à la violence morale ou physique de leur compagnon. Parce qu’elles ne sont pas coupables. Parce qu’elles ont parfois été confrontées au silence complice de leur entourage. Parce que ces comportements inacceptables doivent être punis par la loi. A l’occasion de la journée contre les violences faites aux femmes, 10 femmes nous racontent leurs années de galère ou comment l’amour vire parfois à la haine. Elles nous expliquent le déclic qui les a poussées à fuir, cet « instinct de survie ». Témoignages.

 

« QUAND JE VOIS SON NOM SUR MON TÉLÉPHONE, J’AI PEUR »

Cécile, 40 ans
« J’ai passé huit ans avec quelqu’un que j’aimais, mais pour qui je n’étais rien. A l’extérieur, les gens lui donnent le bon dieu sans confession, mais à la maison, c’est quelqu’un d’insupportable. Il m’a appâtée avec des petites attentions, des poèmes et des belles paroles, qui se sont rapidement transformées en critiques : j’étais mal habillée, pas assez jolie… Au bout de quelques années, il m’a fait couper les ponts avec ma famille et mes amis et arrêter de travailler. « Elle est jalouse de toi », « il est nocif  » : il arrivait toujours à me retourner le cerveau. Je ne voyais que par lui et je n’arrivais pas à me dire que c’était quelqu’un de mauvais. Je pensais alors que la meilleure défense était de dire « oui » à tout, pour éviter les problèmes. Quand je voulais le quitter, les enfants devenaient un moyen de pression. Le déclic qui m’a fait partir ? Quand il m’a trompée et que je l’ai entendu s’en vanter. « On va faire un break, c’est temporaire, c’est moi qui te fais souffrir, je ne te mérite pas. » C’est ce que je lui ai dit pour qu’il s’en aille. J’ai ensuite demandé le divorce, pas pour faute mais par consentement mutuel : j’ai tout fait pour que les choses ne dégénèrent pas. Il ne pensait pas que j’irai jusqu’au bout, mais il ne faut jamais céder. Aujourd’hui encore, quand je vois son nom sur mon téléphone, j’ai peur. J’appelle la police quand il débarque à l’improviste, et je dépose des mains courantes. J’en suis déjà à dix : c’est la seule manière de me faire entendre. »

« LE PIRE ÉTAIT LES MOTS »

Daphné, 36 ans
« Dissimuler les bleus et les bosses était devenu une préoccupation régulière. Quand cacher n’était plus possible, il fallait mentir : pour un hématome, je disais que j’avais pris une porte, pour un bras cassé, c’était un tas de bûches qui s’était écroulé. Quand je ne pouvais pas sortir, c’était une gastro. J’étais devenue très maladroite, souvent malade et personne ne s’en étonnait. Le pire était les mots. Leur violence était invisible mais tellement douloureuse ! J’entends encore résonner : im-bé-ci-le, bien articulé pour que je comprenne. Je gérais seule le quotidien, mais j’étais « incapable » selon les dires de mon époux. Il fallait anticiper ses désirs : une envie de hamburger et le petit plat mitonné partait à la poubelle ! Lorsque je suis tombée enceinte, mon mari a souhaité faire un test de paternité, « juste pour être sûr ». Ses amis ont ri de cette bonne blague ADN, j’ai serré les dents. Je pensais naïvement que mon fils ne se rendait compte de rien car les « disputes » se passaient après son coucher… La dernière a eu lieu après son huitième anniversaire. J’en suis sortie avec un œil au beurre noir, des contusions, une  grosse migraine, des bourdonnements d’oreille et une image de maman très amochée. Le lendemain, j’ai  décidé de quitter  mon mari après avoir été convaincue par SOS Femmes battues qu’il fallait se sauver et que si mon mari finissait par me tuer, la vie du petit en serait transformée. J’ai enfin porté plainte et fait constater les blessures, un médecin de l’unité médico-judiciaire les a toutes mesurées. Après deux mois, j’ai bénéficié d’une mesure de protection et nous avons pu regagner le domicile. Monsieur a déménagé, non sans avoir emporté une bonne partie de mes affaires personnelles. J’ai été reconnue victime de violence conjugale au pénal, même si lui, ne reconnaît qu’une petite gifle. Il est toujours persuadé que je suis partie pour un autre et non à cause de sa violence. Mon fils m’a avoué récemment que, petit, il entendait les cris de papa la nuit et qu’il voulait que le matin arrive vite. La procédure de divorce est toujours en cours, trois ans après. Le petit et moi sommes toujours suivis par des psys, mais la vie est plus jolie. Pour ses 11 ans, mon fils a demandé que nous soyons enfin divorcés… Ce sera en avril, j’espère ! »

« UNE PERFUSION DE POISON »

Mohana, 39 ans
« La première fois que je l’ai rencontré, il m’a fait froid dans le dos. Il avait jeté son dévolu sur moi et cela me mettait mal à l’aise. Je le croisais tous les jours au travail mais j’ai gardé mes distances pendant quatre ans. Puis, après une déception amoureuse, nous avons commencé à discuter. J’étais jeune, quelqu’un s’intéressait à moi, il m’a beaucoup fait parler. Je me suis ensuite aperçue qu’il avait utilisé ce que je lui avais confié. C’est comme s’il avait mis un masque et calqué son personnage sur ce que je lui avais décrit du partenaire idéal. Avec cet homme, nous sommes restés ensemble six ans. Six ans de violence psychologique. C’est très insidieux, je compare ça à une perfusion de poison administré au quotidien. Au départ, c’est juste de l’humour glacial. Puis, des réflexions assassines, des SMS jour et nuit et la sensation d’être en permanence jugée et épiée. J’en parlais à mes proches mais je passais pour la râleuse : « T’exagères, il est sympa ». Puis, il y a eu les insultes, un travail de sape, d’humiliation, de plus en plus violent au fil des mois et des années. Jusqu’à ces mots : « Je veux que tu crèves ». Je venais de perdre mon père et j’allais accoucher de mon deuxième enfant : ça a été le déclic. Un instinct de survie. Deux semaines après, j’ai quitté mon travail, ma maison, Paris, et je suis partie avec mes deux enfants à Toulouse. Il n’y a que la distance qui permet de sortir la tête de l’eau. J’avais porté plainte, mon dossier était tellement gros que je le trimballais dans un sac de voyage, mais il y en avait pour 3 à 7 ans de lutte judiciaire acharnée et j’ai décidé d’abandonner. Je me suis dit que ça allait être l’horreur pour mes enfants et que je préférais les élever dans la musique et la bonne humeur. J’ai repris des études : avoir mon bac à 37 ans, ça m’a aidée à reprendre confiance en moi. Je ne suis pas la débile pour qui il me faisait passer. »

« 5 MINUTES POUR FAIRE MON SAC ET ME RETROUVER DEHORS À 4H DU MATIN SANS SOUS-VÊTEMENTS »

Camille,  34 ans
« Quand j’entendais le bruit de sa clé dans la serrure au petit matin, je ne savais jamais quel serait mon sort. Virée du lit à coups de pied ? Virée de l’appartement avec 5 minutes pour faire mon sac et me retrouver dehors à 4h du matin sans sous-vêtements, juste le temps d’enfiler un jean, un sweat mais surtout sans nulle part où aller ? Moi, sa femme. Celle sans qui, il n’est « rien », me disait-il en pleurs, recroquevillé comme un enfant, en regardant les dégâts dans l’appartement, et moi terrorisée, cachée dans la salle de bain. Au nom de lui, et surtout de mon amour inconditionnel, j’ai tout accepté. Démunie, me retrouvant seule et sans aucune solution, j’ai voulu mourir. Mourir, pour mettre un terme à cette situation que je ne maîtrisais pas et surtout afin que cesse cette douleur insupportable qui me brûlait, me dévorait. Mourir à cause de lui mais pas pour lui. J’ai été sauvée par ma grande sœur, sans qui je ne pourrais pas témoigner. Jamais je n’oublierai le désarroi de ma famille, en me découvrant sur mon lit d’hôpital amaigrie, le regard vide et triste. Jamais je n’oublierai que ma famille s’est retrouvée seule face à une situation dont elle ne mesurait pas l’ampleur parce que je n’avais rien dit, rien montré.  Elle a dû agir avec les seuls moyens dont elle disposait : l’amour, la patience, et la vigilance. Aujourd’hui, deux ans après, grâce à des rencontres lors des groupes de paroles pour femmes violentées par leur conjoint, grâce à ma thérapeute et encore et toujours grâce à ma famille, je vais bien. Au nom de lui, j’allais mourir, au nom de moi, je vais vivre ! »

« TOUT LE MONDE VOYAIT QUE ÇA N’ALLAIT PAS, SAUF MOI »

Sabrina, 35 ans
« Je sortais d’un divorce quand je l’ai rencontré. Après un mois de relation, il s’est installé chez moi, je n’ai pas trop osé dire non. J’ai deux enfants de 3 et 7 ans : il a commencé à leur interdire de manger sucré après 16h, à me dire que je leur faisais trop de câlins, que j’allais les rendre gagas. Je n’ai rien dit, il laissait entendre que j’étais une mauvaise mère et je pensais qu’il avait raison. Ça choquait les gens autour de nous mais je le défendais… J’étais brune, il m’a demandé de devenir blonde, ce que j’ai fait, et il a alors déclaré devant tout le monde : « En blonde, tu as une gueule de pétasse. » Il m’a aussi demandé de maigrir sinon il me quittait. Il surveillait tout ce que je mangeais : j’ai perdu 14 kilos. Il voulait une femme taille 36 et si je prenais un kilo, il ne me touchait plus, ça me rendait malade. Je suis tombée enceinte et j’ai fait une fausse couche. A peine sortie de l’hôpital, très affaiblie, il m’a dit : « Tu as repris du poids, va courir. » Il pleuvait à verse, je suis allée courir. Tout le monde voyait que ça n’allait pas, sauf moi. Il rabaissait tout le temps ma fille et j’ai atteint mes limites quand j’ai découvert qu’elle avait écrit dans son journal intime : « Je ne le supporte plus, je vais le tuer. » Elle commençait à développer des TOC, je l’ai emmenée voir un psy. Cela fait six mois que nous sommes séparés désormais, je suis soulagée mais un peu démolie. Il ne faut jamais croire qu’un homme peut changer, il faut partir. L’amour, ce n’est pas ça. »

« J’ÉTAIS SA PROIE »

Nadège, 39 ans
« J’avais l’impression d’avoir rencontré le prince charmant. Au début, j’étais dans un rêve puis ça s’est dégradé petit à petit. J’avais déjà été victime de violences physiques, je ne connaissais pas cette torture psychologique. Là, il a pris son temps, j’étais sa proie. C’est comme un film qu’on voit défiler mais on est spectatrice de notre destruction : c’est surréaliste ! J’ai deux ados et ma fille me disait : « Mais maman, réagis ! Comment peux-tu accepter qu’il te parle comme ça ? Tu n’étais pas comme ça avant ! » Je suis restée avec lui un an. Un an à essayer de tuer cet amour que j’avais pour lui. Je l’ai quitté plusieurs fois mais il revenait, s’excusait, redevenait attentionné et je le reprenais. Le soir où ça a vraiment été trop loin, on s’est disputé et je lui ai demandé de partir. Il a menacé de  « casser les murs » de la maison, j’ai appelé la police. Quand ils sont arrivés, il avait un marteau à la main. Depuis qu’il n’est plus dans ma vie, j’ai repris du poids, je dors mieux, j’ai repris confiance en moi. « On est fiers de toi, on a retrouvé notre maman », m’ont dit mes enfants. »

« J’ÉTAIS À SA MERCI JOUR ET NUIT »

Laetitia, 30 ans
« Je l’ai connu à 17 ans et ça a été le coup de foudre. Et puis son ego et sa jalousie ont pris le dessus. Un soir, il m’a renversé une bouteille de vin sur la tête en rentrant d’une soirée où il n’avait pas supporté de voir un ami me parler dans l’oreille. Il m’a ensuite enfermée sur la terrasse, dans le froid. Quand j’ai pu enfin rentrer dans l’appartement 30 minutes plus tard, j’ai hurlé qu’il me laisse tranquille et pour me faire taire, il m’a brûlé le palais avec sa cigarette et m’a frappé sur la bouche. Je crachais du sang et lui me disait : « Arrête ton cinéma ». Le lendemain, ma lèvre a triplé de volume, pourtant je devais aller travailler. J’ai mis un glaçon sur ma lèvre pour faire dégonfler et je me suis maquillée pour tout camoufler. Pendant trois ans, j’ai continué comme ça, sans rien dire. J’étais à sa merci jour et nuit : il rentrait ivre à 5 h du matin et me forçait à coucher avec lui, il a caché un magnétophone sous un meuble de la cuisine pour écouter mes conversations téléphoniques, il m’a mis des coups de pied dans le ventre lorsque je suis tombée enceinte prétextant qu’il n’était pas le père…  Il me faisait tellement peur qu’en pleine nuit, je me suis échappée plusieurs fois, pieds nus. Il me ramenait par les cheveux. Emmenée à l’hôpital en sang, on m’a prescrit dix jours d’ITT (interruption temporaire de travail). C’est un policier qui m’a fait réagir : « Vous êtes jolie, intelligente, indépendante, pas mariée, sans enfant ! Quittez-le, il va vous tuer ! » J’ai replongé mais à 27 ans, j’ai enfin réussi à le quitter. »

« A 3 MOIS DE GROSSESSE, IL M’A GIFLÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS »

Amélie, 33 ans
« J’étais promise à une belle vie, jusqu’à ce que je rencontre mon ex… Nous étions ensemble depuis trois ans quand nous avons emménagé et voulu un bébé. Quand je suis tombée enceinte, il a fait marche arrière, me pressant pour que j’avorte. Il en était hors de question ! A 3 mois de grossesse, il m’a giflée pour la première fois. Maintenant, en quelque sorte, je lui appartenais. Pendant toute ma grossesse, il partait avec ma voiture, mon portable, ma CB et il m’enfermait dans l’appartement, pour m’empêcher de voir mon « amant « , celui qu’il s’était imaginé. J’ai accouché un 14 février d’un beau garçon, l’ironie ! Deux mois après, il est rentré tard, ivre et énervé car il était tombé sur un ex à moi qui l’avait félicité pour le bébé et m’avait passé le bonjour. J’étais en train de donner le biberon à mon fils, j’ai juste eu le temps de le poser dans son berceau. Le reste est un mélange d’horreur, de cris, de larmes, de sang, de viol… Le matin, mon fils a bu son biberon les yeux grands ouverts sur mon visage tuméfié. Je lui ai dit : « C’est juste du maquillage mon chéri, c’est pour rigoler. » C’était mon premier mensonge et j’ai pensé que soit je partais sur cette voie, soit j’arrêtais tout maintenant. Il avait oublié la clé de l’appart sur la porte, je suis sortie en pyjama, ensanglantée, les gens changeaient de trottoir à ma vue, je n’ai jamais eu aussi honte de ma vie. Mes parents m’ont recueillie puis j’ai pu reprendre un appart avec mon fils à 200 kilomètres de lui, ce qui ne l’empêchait pas de venir taper à la porte, de me menacer de mort et de kidnapper mon fils. J’ai porté plainte et il a été condamné à 3 mois de sursis pour coups et blessures, 3 mois de sursis ! Cela s’est passé il y a 8 ans. On ne l’a pas aperçu depuis 5 ans, mais je vérifie toujours si je ne suis pas suivie en voiture et on n’ouvre jamais la porte avant d’avoir regardé par la fenêtre qui est là. »

« IL M’A ENLEVÉ MES ENFANTS »

Fatima, 45 ans
« J’ai vécu avec cet homme pendant dix ans. Après trois ans de vie commune, il a réussi à me faire quitter Paris pour la Bretagne. Tout a basculé : il m’intimait de ne plus lui parler et de ne plus parler aux enfants. Il me faisait passer pour une folle. Je me suis retrouvée à l’hôpital, où il a fait croire à tout le monde que je me blessais toute seule. Nous vivions dans un village et j’ai vu les gens se détourner de moi. J’ai découvert qu’il me filmait sous la douche avec une caméra. J’ai voulu prendre cette caméra, une preuve de ce qu’il me faisait subir. Quand il s’en est aperçu, il est devenu enragé. Il m’a coursée comme un lapin dans le jardin, j’ai fait une chute d’un mètre de haut, j’ai perdu connaissance. Je suis allée faire constater mes blessures à l’hôpital, une assistante sociale m’a conseillé de porter plainte pour violences conjugales. Celle-ci a été classée sans suite. J’ai déposé trois autres plaintes pour violences qui ont toutes été classées sans suite, et j’ai fait beaucoup de mains courantes. Il m’a alors enlevé mes enfants pendant 5 mois. Quand je le croisais, il me répétait qu’il allait me détruire. Il avait monté un énorme dossier contre moi, il disait que j’avais des troubles psychologiques et qu’il devait protéger les enfants. La justice a décidé que les enfants restaient avec leur père provisoirement et m’a demandé de quitter le domicile conjugal. Je ne comprenais rien, j’étais dans un état d’épuisement psychologique et physique extrême…. J’ai contacté un nouvel avocat, je lui ai raconté mon histoire et il m’a alors dit une chose magnifique : « Madame, je vous crois, je vais vous aider ». Enfin, quelqu’un me croyait ! Pendant deux ans, je voyais mes enfants un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Je les ai fait suivre par un psy qui a constaté qu’ils développaient des troubles de la personnalité. Il a rédigé trois rapports pour le juge, sans suite. J’ai l’impression que toutes les portes se sont fermées. Le 28 juillet dernier, on m’a enlevé définitivement mes enfants. Les récupérer, c’est ma raison de vivre. »

« JE PENSAIS AVOIR LE NEZ CASSÉ »

Malau, 24 ans
« J’étais étudiante quand j’ai rencontré cet homme, de onze ans mon aîné. Il a d’abord voulu que je ressemble aux femmes de ses amis : j’ai donc dû changer ma garde-robe, abandonner le style jean Converse pour être plus féminine. Il fallait que je lui parle aussi, il voulait que je lui parle. Mais je ne savais pas de quoi, alors il s’énervait. Au début, il jetait des assiettes, des verres, un bout de carrelage dans l’appartement. Ensuite, ça a été son poing dans le mur puis ma tête dans le mur. Il m’appuyait les mollets contre le rebord du lit jusqu’à me faire des bleus aussi gros que mes mollets eux-mêmes. Il m’a aussi poussée dans l’armoire, cassant la porte. J’ai perdu près de 10 kilos en quelques mois. Mon déclic ? J’ai croisé un ami dans la rue et il ne m’a pas reconnue ! J’ai décidé de le quitter après les vacances d’été. Je suis donc partie au Portugal, où j’ai passé 3 heures dans une voiture parce qu’il fallait encore que « je parle ». Epuisée, j’ai voulu sortir, mais ça ne lui a pas plu et il a collé son poing dans mon nez. Ma robe bleue est devenue noire de sang : je pensais avoir le nez cassé. Il est allé m’acheter une robe, des mouchoirs et s’est longuement excusé. Comme après chaque crise. De retour en France, j’hésitais entre en finir ou appeler au secours. J’ai choisi la deuxième solution. Mes parents sont venus me chercher. J’ai compris que c’était terminé, et cette fois-là, ce sont des larmes de joie qui ont coulé le long de mes joues. »

* Les prénoms ont été modifiés

Si vous êtes en danger
Appelez le 3919, violences femmes info
Tous les numéros sur le site du gouvernement Stop Violences Femmes
Et sur le site de la Fédération nationale Solidarité Femmes

Trois livres pour aller plus loin
« Frapper n’est pas aimer » de Natacha Henry, Denoël.
« La manipulation affective dans le couple. Faire face à un pervers narcissique » de Pascale Chapaux-Morelli et Pascal Couderc, Albin Michel.
« La Violence morale au quotidien. Des maux sans bleus. Des mots qui tuent », association ajc, éditions J.Lyon.

 

Prendre son Envol adhère au dispositif Angela.

Le dispositif Angela est déployé dans le cœur de ville d’Alès.

Ce dispositif vise à créer un réseau sur et solidaire de lieux ( bars, hôtels, commerces, administrations) ayant la capacité d’assister et de soutenir des personnes qui se trouvent en situation de harcèlement de rue.

Comment ça marche ?.

  • Vous êtes victime de harcèlement de rue
  • vous cherchez à vous mettre à l’abri pour vous sortir de cette situation
  • entrez dans un établissement refuge (repérable grâce au macaron sur les vitrines) et demandez Angela
  • Vous êtes pris en charge dans l’établissement (mise en sécurité, alerte des secours)

L’association Prendre Son Envol à signé la charte d’engagement et adhère au dispositif Angela.

Prendre son Envol situé au 10 rue Michelet, galerie Centre Alès et donc un, des établissement refuge.

 

 

Les auteurs de violences conjugales: comprendre et agir.

En finir d’oublier d’aller aux sources des forces de destruction, de haine et de déshumanisation du lien social

1S’il n’est déjà pas facile d’appréhender les forces de destruction et de déshumanisation qui se glissent au sein des diverses formes de lien social pour les dénoncer et les « travailler », combien il est difficile de les faire reconnaître et de les faire changer dans le domaine de l’idéologique, du politique et du sociétal ! Combien il est également difficile de les repérer en tant que telles et de chercher à les transformer quand c’est au niveau subjectif et intersubjectif que s’entendent l’agressivité, la violence voire l’horreur. Des défenses individuelles et collectives se hérissent pour ne pas regarder, entendre, travailler de face la violence là où elle jaillit. Force est de la considérer du point de vue des victimes : ce qui est déjà important, inéluctable, normalement de droit et de devoir. Mais il a fallu encore beaucoup de temps pour la considérer depuis d’autres points de vue : l’avac (Association vivre autrement ses conflits) a tenu, dès sa création, à aborder ces graves situations de violence depuis plusieurs places.

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L’avac est un regroupement de personnes constitué fin 1995, à Toulouse, à l’initiative d’une psychologue clinicienne, thérapeute familiale psychanalytique. Elle constatait, à travers son exercice professionnel au sein d’un chrs accueillant femmes et enfants, une lacune quant à la prise en charge des hommes violents. Le conseil d’administration de l’avac regroupe des enseignants-chercheurs, des sociologues, des psychologues, des psychothérapeutes, des psychosociologues, des travailleurs sociaux, des responsables de structures sociales, des médecins, des personnes engagées dans l’humanitaire, toutes et tous intéressés par les problèmes psychiques en lien avec les malaises sociaux, et en particulier par l’incidence de la violence sur les individus et les familles.
La violence en famille est un phénomène social de plus en plus pris en considération et qui se donne les moyens d’être entendu, reconnu, pris en charge. Mais tous les collaborateurs et toutes les collaboratrices de l’association ont acquis la conviction que, pour faire reculer les violences faites aux femmes, il importait de travailler en direction des hommes auteurs de violences. L’avac a donc été dès ses débuts dans le petit groupe des quelques associations françaises qui offrent des consultations ouvertes aux hommes. Tout récemment, en plus du cadre individuel ou de couple, se sont mises en place des modalités pour un travail interrelationnel en groupe de parole pour les hommes pris dans des attitudes violentes, car le malaise psychique de l’homme violent reste encore peu entendu.

 

3Les images de la mort, de certaines morts, le désir de destructivité, voire de destruction, éveillent le déni, le clivage, la forclusion, le dégoût. L’homme, qui en est le plus souvent le porteur, est sinon craint, en tout cas enfermé dans une représentation de « monstre ». Il est pourtant essentiel qu’il soit abordé, parfois affronté, contrecarré, endigué (et le judiciaire en est le principal moyen), en tout cas dénoncé (par les proches, la ou les victimes…).

4Il est tout aussi essentiel qu’il ne soit pas réduit à cette seule dimension de sa personnalité, mais au contraire mis devant l’évidence que cette violence fait partie de tout l’ensemble de sa vie émotionnelle, sentimentale, de sa subjectivité.

5Il est enfin fondamental que la réalité de cette composante de violence – en général décrite comme s’imposant, incontrôlable, inexplicable a priori – soit reconnue. De cette réalité, il n’est ni plus ni moins « homme » (dans les diverses acceptions d’une telle notion) : il n’a pas à en faire les feux de la rampe à la Rambo ; il n’en est pas pour autant un paria.

6Nous pouvons alors souligner au porteur d’une telle destructivité que sa place n’est pas dans une quelconque marge de la société (voire hors du lien conjugal ou du lien familial, pour ce qui nous concerne ici aujourd’hui), mais que c’est en ayant place dans ce sociétal qu’il peut évoluer (sauf graves pathologies qui ne sont pas ce qui est dominant chez les acteurs de violence). Il pourra changer dans son mode à être et dans son mode à faire lien avec la personne la plus mêlée, la plus impliquée dans sa vie affective. Il pourra s’approcher de ce mode à vivre où l’autre est à respecter, et non à dominer, à posséder, à vampiriser, et où lui-même devra se montrer comme un être humain respectable car attentif (ou pour le moins, le plus possible vigilant) à l’humanité de l’autre et de lui-même.

Que faut-il pour qu’un tel trajet s’effectue ou pour le moins s’initie ?

7Un auteur de violence doit :

  • comprendre que sa destructivité, sa destruction, est reconnue, nommée en tant que telle (c’est la sortie du déni, du clivage, de la forclusion…). L’intervention de la justice est prépondérante à ce niveau : elle le désigne responsable et coupable. Mais il est important que tout travail psychologique, quel qu’il soit, commence par cette énonciation : « votre attitude est correctionnalisable » ; cela signifie à la fois :
    • que la justice a une place primordiale, lieu marquant de ce qui peut se faire et de ce qui ne se fait pas,
    • que la place d’une consultation psychologique à l’avac (pour un seul entretien ou pour une psychothérapie) s’inclut dans une dimension sociétale, mais qu’en même temps ce n’est pas là que se « crée » la loi, ce n’est pas un lieu de jugement. Mais c’est aussi donner de l’importance au réseau dans lequel vit l’avac : la justice, la police, la gendarmerie, les maisons de justice et du droit, le spip, les représentants du social, de l’éducatif, de l’information, du droit des femmes et des familles, de la délégation régionale du droit des femmes… ;
  • pouvoir être accueilli, trouver un lieu où sa destructivité soit déposée, entendue avec une ouverture la plus fine possible, jusqu’aux racines dans lesquelles elle est intriquée : iceberg d’un ferment social et subjectif personnel, interpersonnel, intragénérationnel et intergénérationnel. Cela implique un accueil effectivement sans jugement ni préjugé, sans compassion non plus ;
  • trouver une écoute convaincue que son identité n’est pas la violence, mais qu’elle inclut cette violence, en capacité d’interagir avec d’autres éléments de sa subjectivité ; alors il aura les moyens de dénouer ce qui l’a conduit à être sur un mode à vivre sa symptomatologie d’une manière inacceptable pour autrui et pour lui-même.

Tout cela passe par une rencontre, voire un processus préthérapeutique, et si possible thérapeutique, comme cela est mis en place par les psychologues et psychothérapeutes de l’avac, d’obédience psychanalytique (quelques-uns sont aussi psychanalystes et, parmi eux, certains sont des psychothérapeutes psychanalystes du couple et de la famille). Les psychothérapeutes sont, dans un premier temps, convoqués à la place de témoins passifs de cette violence, pour en devenir progressivement des témoins actifs : « l’action » thérapeutique est d’être facteur de symbolisation, ce qui donne sens à des pulsions, des sentiments, des angoisses, des fantasmes. En même temps qu’elle est levier de libération de parole et de sens, elle est aussi « pare-excitation » : arriver à ne pas se laisser « envahir », « déborder » par ce « volcan », selon les termes des auteurs de violence, mais à l’endiguer au plus tôt, en particulier dans une mise en mots à la place des gesticulations de tout genre, de tout sens et de tout non-sens. 

Quels processus l’avac met-elle en place pour cela ?

8L’avac dispose d’un éventail de possibilités pour être au plus proche de la demande et surtout de ce qui est le plus adapté à la problématique et à la personnalité de chacun :

  • une psychothérapie individuelle ;
  • une psychothérapie de couple ;
  • une psychothérapie de Monsieur en présence de Madame, en particulier dans des cas de grands déficits d’idéation chez Monsieur, de pauvreté d’élaboration (avec l’accord bien sûr de l’un et de l’autre) ;
  • un groupe de parole d’hommes auteurs de violence, animé par un couple mixte d’intervenants psychothérapeutes.

Ces divers dispositifs, disponibles en permanence à l’avac, peuvent être utilisés éventuellement de manière concomitante ou successive (dans la mesure où un psychothérapeute sera désigné sur un seul cadre de travail psychothérapeutique, un autre interviendra dans un autre cadre au sein de l’avac). Lors d’un entretien préliminaire qui évalue la pertinence d’un choix ou d’un autre, il y a aussi une vigilance à ce que la venue de Monsieur à l’avac ne soit pas une volonté d’emprise sur Madame, dans le cas où elle-même s’y rend également. 

Qu’en est-il des groupes de parole d’auteurs de violence ?

9Il y a des nuances dans le protocole de déroulement selon :

  • qu’il s’établit en lien avec le spip dans le cadre de l’obligation de soin : ce sont alors des « stages de responsabilisation » ;
  • qu’il propose un lieu regroupant : soit des hommes qui ont participé aux stages de responsabilisation mais qui souhaitent approfondir leur démarche personnelle par ce moyen ; soit des hommes qu’un médiateur judiciaire d’une Maison de la justice et du droit (mjd) a motivés pour un tel lieu de réflexion, d’analyse et de changement ; soit enfin des hommes qui ont d’eux-mêmes décidé de leur participation. Ils peuvent mener, en parallèle ou non, d’autres cadres de travail psychologique.
  • qu’il se passe en collaboration avec les mjd, des « ateliers de sensibilisation », sans prétention thérapeutique mais dont le but est précisément d’attirer l’attention sur les problématiques liées aux expressions violentes chez les hommes suivis par ces services (ceci est en projet).

Les deux premiers types de groupes sont toujours introduits par un entretien individuel qui a pour but de repérer d’une part tout élément psychique temporaire ou structurel qui serait contraire à une participation au groupe, et d’autre part, d’apprécier la motivation personnelle à tirer parti de cette participation. 

10En séances de groupe de parole, l’observation montre que la prise de parole et l’exposé de chaque situation vécue par les personnes présentes se font d’emblée avec plus ou moins de précision et de recul, mais en toute responsabilisation, avec une émotion non affectée qui en signe l’authenticité. Ce qui diffère entre les participants, c’est leur capacité d’analyse assortie d’un désir d’aller plus loin dans la compréhension personnelle de leur violence, leur possibilité d’accepter des éléments interprétatifs et le degré d’autonomie psychique dont ils semblent faire preuve ou qu’ils sont en mesure de vivre dans leur vie filiale, parentale, familiale, professionnelle ou de couple. Ces éléments font ressortir quelques-uns d’entre eux comme immatures ou plus faibles, plus dépendants. À l’inverse, d’autres stagiaires peuvent être qualifiés de « tempéraments forts » sans que ce soit pour autant vécu comme une valorisation sociale. Les différences d’âge et la variété des professions sont plutôt un stimulant qu’un inconvénient, et elles sont reconnues ainsi par les participants.

Qu’attend un participant de tels groupes ?

11Pour les groupes d’hommes montés avec le spip apparaît une quête de mise en conformité avec les obligations qui ont entraîné la condamnation. Le cadre judiciaire coercitif qui les conduit vers le travail psychologique à l’avac déclenche une interrogation qui n’aurait pas été menée en d’autres circonstances. Mais la décision d’obligation de soins n’est pertinente et efficace qu’à la condition d’être reprise judicieusement dans le suivi au spip où le conseiller d’insertion et de probation évalue le juste moment pour le proposer. L’entretien préliminaire à l’avac reprendra encore autrement ce passage à l’acte pour le situer avec l’intéressé dans la globalité de son histoire, de sa personnalité, de ses mal-être (importance du lien au père, mais peut-être d’abord de celui à la mère). Sous cet angle, pour certains, l’effort à fournir pour suivre le stage et s’y impliquer participe volontairement à une sorte « d’expiation » devant le remords et la honte de leurs actes. Mais un tel but se retrouve dans toute forme de stage.

12Souvent, pour les migrants primo-arrivants ou encore de première ou deuxième génération, c’est une attente de trouver des hommes qui, comme dans un rite initiatique, leur apprendront à être un homme, en particulier dans leur rencontre et leur compagnonnage avec une femme. Dans le transfert vite établi sur le couple thérapeutique mixte se découvre l’image du calme et du respect entre un homme et une femme.

13La plupart manifestent une attente de s’exprimer et saisissent une occasion souvent jamais trouvée jusqu’alors de parler, de parler de soi, d’entendre les autres, de chercher à comprendre ce qui les a amenés à de tels comportements.

Ce qui fonctionne dans de tels groupes

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  • L’entraide à la conceptualisation de l’un à l’autre des participants pour des personnalités qui n’ont pas maturé psychiquement, qui ont des défaillances dans la mentalisation et dans l’élaboration de leurs émotions, de leurs sentiments, dans la mise en pensée de leurs angoisses.
  • L’évolution vers une identification masculine plus harmonieuse.
  • La mise en place d’une réflexion avant l’action, liée à l’écoute attentive de la parole de chacun.
  • La possibilité d’une vision nouvelle de ses capacités de réaction à expérimenter le respect de l’autre, suite à l’expérience racontée par les autres.
  • La capacité retrouvée d’une mise en perspective de chaque histoire singulière.
  • Une renarcissisation en tant qu’homme et père.
  • Le rôle de la peur (voire de l’angoisse) est repéré comme un élément moteur des conflits et de la violence : peur de perdre l’autre, peur de la solitude, peur de ne pas être compris, pas reconnu, pas aimé, peur de « la femme », peur aussi de parler.

 

Qu’est-ce qui est mobilisé chez le psychothérapeute dans un travail thérapeutique avec les auteurs de violence ?

15Ce ne seront pas des choses exceptionnelles pour un psychanalyste psychothérapeute : ce qui va être particulièrement mobilisé avec de tels hommes, c’est la capacité à s’identifier et à être avec sa propre destructivité, son désir de mort, d’emprise, de toute-puissance, de domination pour accepter les leurs. Cela suppose d’être proche de ses propres jouissances perverses pour ne pas rejeter les leurs et d’avoir « réalisé » la place immense de ses propres fonctionnements archaïques pour voyager avec les leurs, prédominants chez de telles personnalités. Cela présuppose aussi d’avoir accepté les avatars de sa maturation psychique, avec ses affres et ses délices en tant que bourreau et en tant que victime, tout comme d’avoir côtoyé, déterré et élucidé ses fantasmes, avec leurs angoisses et leurs douceurs dans leurs représentations du masculin et du féminin.

16En bref, un métier qui est un sport au milieu de tant de combats…