Joyeux anniversaire : 2 ans de Vie !

Deux ans que l’association a prit « VIE ». Quel chemin parcouru ! En vous « parlant » ou plutôt vous écrivant j’en suis toute émue.

Ce qui m’a conduit aujourd’hui, à mettre mon énergie et mon implication dans la création de cette association en faveur de la lutte contre les violences conjugales c’est mon parcours de vie personnel.

Je suis animée par la volonté de faire de mon « expérience » un savoir afin de le transmettre à d’autres !

Je veux engager ce combat et cette démarche, afin de libérer la parole et déculpabiliser toutes celles qui « se » pensent responsables de ces situations dormantes, insidieuses, silencieuses mais qui broie de l’intérieur.

Toujours avec la volonté d’être une « lueur » d’espoir, une alliée pour toutes celles qui pousseront cette porte.

Deux ans se sont écoulés, avec une évolution au delà de mes espérances pour cette association,  » mon cinquième bébé » comme j’ai coutume, si souvent de l’appeler.

De grandes étapes ont peuplé ces deux années :

l’acquisition d’un local, le démarrage des ateliers, les premiers événements organisés, les premières subventions, les premières  « victoires ».. & j’en passe.

Je n’ai qu’une envie profonde et sincère que tout cela perdure et grandisse ! Cette association c’est moi qui l’ai crée mais elle vous appartient a vous toutes.

Merci. Mélanie Lecomte, La présidente.

Focus: 3919, numéro national à destination des femmes victimes de violences

3919 – Violences Femmes Info

Anonyme, accessible 24h/24 et 7j/7gratuit depuis un poste fixe ou mobile en métropole, comme dans les départements d’outre-mer, ce numéro d’écoute national est une référence pour l’écoute et l’orientation à destination des femmes victimes de violences sexistes.

Les appels peuvent concerner tous les types de violences sexistes : violences conjugales, violences sexuelles, mariages forcés, mutilations sexuelles féminines, violences au travail), de leur entourage et des professionnels concernés. Ce numéro national garantit une écoute, une information et, en fonction des demandes, une orientation adaptée vers les dispositifs locaux d’accompagnement et de prise en charge.

Au 3919, en plus du français, il est possible d’obtenir des informations, une orientation ou une écoute téléphonique dans 12 langues différentes : anglais, arabe, créole, dari, espagnol, hébreu, kabyle, mandarin, persan, polonais, portugais et turc. Cependant, les écoutantes ou chargées de pré-accueil pouvant assurer ce service ne sont pas présentes 24h/24. Aussi, l’appelant·e pourra être invité·e à rappeler aux horaires indiqués par l’équipe du 3919.

Le fonctionnement de ce numéro, géré par la Fédération Nationale Solidarité Femmes et soutenu par le Secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, s’appuie sur de forts liens partenariaux avec les principales associations nationales agissant pour l’égalité femmes/hommes, pour les droits des femmes et luttant contre les violences sexistes et sexuelles qui leur sont faites.

Le 3919 assure dès lors un premier accueil pour toutes les femmes victimes de violences sexistes. Lorsque c’est nécessaire, les chargées de cet accueil orientent vers les associations nationales ou locales partenaires, les mieux à même d’apporter la réponse la plus adaptée.

 

Le 3919 et la Fédération Nationale Solidarité Femmes

Une femme sur 10 est victime de violences conjugales (enquête ENVEFF, 2001) et une femme décède tous les 3 jours sous les coups de son compagnon (étude de la Délégation aux Victimes – Ministère de l’Intérieur, 2013). Telles sont les informations qui ont fait prendre conscience à l’opinion publique que la violence conjugale est un fléau social, un problème de société que les pouvoirs publics doivent prendre en compte.

Dès 1992, la Fédération Nationale Solidarité Femmes créait le service téléphonique national d’écoute « Violence Conjugale – Femmes Info Service » devenu le 3919 -Violences Conjugales Info en 2007. En 2014, les missions du 3919 sont donc étendues à la réponse à toutes les formes de violences faites aux femmes.

Une équipe d’écoutantes professionnelles assure une écoute bienveillante qui permet à la personne qui appelle de parler de la situation vécue dans un climat de confiance. L’objectif de cette écoute est de permettre à la personne d’agir, grâce aux informations apportées sur les démarches à suivre. Le but est, dans la mesure du possible, d’orienter la femme victime vers une association spécialisée qui pourra l’accompagner dans le parcours de sortie des violences qu’elle subit.

En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.

Témoignages : « J’ai été sauvé de la violence conjugale par un élan de solidarité sur internet »

Victime d’une tentative de meurtre par son conjoint, abandonnée par la justice, Laura a lancé un SOS sur Twitter pour mobiliser l’opinion publique.

Laura Rapp, 33 ans, a refusé la fatalité de mourir sous les coups de son ex-conjoint. Sans protection aucune face à lui, elle a livré bataille pour sauver sa vie et celle de sa fille Alice, avec tous les moyens à sa disposition. Notamment en mobilisant l’opinion publique grâce aux réseaux sociaux et aux médias. Aujourd’hui, elle vient de publier un livre Tweeter ou mourir, (éd. Michalon), où elle raconte son combat personnel et son engagement pour les femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants.

« Je n’arrivais pas à admettre qu’il s’agissait de violences conjugales »

A la première gifle que m’a donnée mon conjoint, j’aurais dû partir, c’est certain. Cela semble si simple vu de l’extérieur ! Mais la réalité d’une relation amoureuse toxique est hélas tellement plus complexe… Au fil des mois, je me suis retrouvée prise au piège de son emprise, de son contrôle et de ses menaces. Muselée par la honte et la culpabilité d’accepter l’inacceptable, les insultes, les humiliations, les coups. Je tentais de me persuader que je vivais un amour conflictuel et passionnel, je n’arrivais pas à admettre qu’il s’agissait de violences conjugales. Jusqu’à cette soirée d’avril 2018 où il a tenté de m’étrangler devant notre petite fille de 2 ans. Si des voisins n’étaient pas intervenus, je serais morte. Il a fallu ce drame pour que je décide de porter plainte contre mon bourreau et de m’en remettre à la justice.

« Je me suis soumise à toutes les étapes de la procédure »

Mon conjoint a rapidement été incarcéré et mis en examen pour tentative de meurtre. De mon côté, je me suis soumise à toutes les étapes de la procédure. Dépôt de plainte au commissariat, confrontation avec mon agresseur, examen à l’Unité médico-judiciaire, audition de plusieurs heures avec la juge d’instruction, expertise psychologique. Tout cela était extrêmement lourd et pas toujours d’une grande bienveillance. De manière plus ou moins explicite revenait souvent cette interrogation, tellement culpabilisante : mais pourquoi n’êtes-vous pas partie ? Aucun soutien psychologique ne nous a été proposé, ni à moi ni à ma petite fille qui cette nuit-là avons pourtant vu la mort de près. J’ai dû me débrouiller seule pour trouver un psychiatre pour moi et une pédopsychiatre pour ma fille pour prendre en charge notre traumatisme. Mais j’ai supporté en me disant que c’était le prix à payer pour être enfin libérée de cet homme et avoir droit à une vie normale.

« J’étais abandonnée, livrée à mon bourreau »

Le choc fut donc terrible quand, un an plus tard, mon ex-conjoint a été remis en liberté en attente du procès, sans bracelet électronique. Il était certes assigné à résidence en province, loin de la région parisienne où je vivais. Mais aucun moyen n’a été déployé pour s’assurer qu’il respectait ses obligations. Et il les a évidemment transgressées ! Jusqu’à venir m’attendre devant chez mes parents. Mon père l’a fait fuir, je suis allée déposer une main courante au commissariat et la juge d’instruction en charge du dossier a été alertée. Mais elle ne m’a jamais répondu et n’a pas ordonné la réincarcération de mon ex-conjoint. Il est donc resté en liberté, tandis que moi je vivais comme une bête traquée, m’attendant à chaque instant à ce qu’il me tombe dessus pour tenter à nouveau de me tuer. En état de terreur perpétuelle, j’ai essayée d’obtenir un « téléphone grave danger » mais ma demande est restée sans suite. J’avais été abandonnée, livrée à mon bourreau.

« Il ne me restait que les réseaux sociaux »

A ce moment-là, j’ai compris une chose : si tant de femmes meurent chaque année sous les coups de leur conjoint, cela n’est en rien une fatalité mais trop souvent le résultat d’un système qui dysfonctionne. Les victimes de violences conjugales sont incitées à porter plainte et aller en justice. Mais rien n’est fait pour les soutenir dans ce long et éprouvant parcours ni pour les protéger. Alors j’ai décidé de chercher ailleurs une protection susceptible de me sauver la vie : sur les réseaux sociaux. J’ai bien conscience que ce n’est pas le lieu où la justice doit se rendre. Mais comment faire quand elle ne se rend nulle part ? Après mûre réflexion, le mardi 14 mai 2019, j’ai posté un message sur Twitter, intitulé « A l’aide ». J’y ai exposé ma situation, le danger de mort que je courais et mon désespoir après avoir épuisé sans succès tous les recours officiels.

« Une immense chaine de solidarité s’est formée »

Allait-on me traiter de fabulatrice, m’insulter, lâcher sur moi des torrents de haine comme cela arrive souvent sur les réseaux sociaux ? Cela été tout l’inverse ! En l’espace de quelques heures, j’ai reçu une multitude de messages bienveillants, provenant de femmes mais aussi d’hommes. Mon tweet a été très largement partagé. Une immense chaîne de solidarité s’est formée pour interpeller les pouvoirs publics sur mon sort. J’étais tellement soulagée que quelqu’un m’entende enfin ! Cette vague d’indignation est parvenue aux oreilles de journalistes, ils ont fait des articles et demandé des explications insistantes au Parquet. Face à la pression, la justice a ordonné la réincarcération de mon ex-conjoint. Et tout cela en une semaine, alors que j’alertais et suppliais en vain depuis trois mois. Twitter m’a sauvée la vie et celle de ma fille !

« La médiatisation m’a permis de continuer à me sentir vivante »

Ce tweet a donné de la visibilité aux femmes victimes de violences conjugales qui, une fois qu’elles ont enfin réussi à trouver le courage de porter plainte, subisse l’abandon par le système judiciaire. C’est leurs voix à toutes que j’ai voulu porter lorsque j’ai été invitée au Grenelle sur les violences conjugales organisé par le gouvernement en septembre 2019. J’ai notamment été consultée pour améliorer les procédures d’obtention du « téléphone grand danger » et du « bracelet anti-rapprochement ». Alors que j’attendais le procès aux Assises de mon ex-conjoint, cette médiatisation autour de moi m’a permis de continuer à me sentir vivante, me donnait l’impression d’une bulle protectrice. Même si bien sûr, il y avait aussi le revers de la médaille. Car la médiatisation ne fonctionne pas à sens unique, elle réclame son dû, se repait de votre vie privée étalée aux yeux de tous, suscite des jalousies chez certains et provoque des attentes énormes chez d’autres victimes.

« Ma fille et moi avons pris souffrance à perpétuité »

Le procès a été d’une violence inouïe, j’y ai été traitée comme une criminelle, humiliée par les avocats de la défense. Mais à la fin, mon conjoint a été condamné à 8 ans de réclusion criminelle et 5 ans de suivi socio-judiciaire. Il encourait la perpétuité, il ne s’en est pas si mal sorti… Mais le juge a refusé de le déchoir de ses droits parentaux : il a considéré que sa tentative de meurtre contre moi sous les yeux de notre fille terrifiée n’entachait en rien ses aptitudes à être un bon père ! Peu importe que les pédopsychiatres aient diagnostiqué un sévère syndrome de stress post-traumatique chez Alice : elle devrait continuer à côtoyer son père, au nom du lien biologique sacralisé par la justice de notre pays . Malgré mon épuisement et les énormes difficultés économiques dans lesquelles m’ont plongée ces années de procédures judiciaires, j’ai fait appel et nous avons gagné : mon ex conjoint a été déchu de ses droits parentaux. Cette décision fera jurisprudence et elle constitue un immense espoir pour tous les enfants trop souvent « victimes fantômes » des violences conjugales. Aux dernières nouvelles, mon bourreau a demandé un aménagement de peine, alors même qu’il n’a pas encore effectué la moitié de sa condamnation. Ma fille et moi avons pris souffrance à perpétuité… « .

Fait d’actualité: Le long calvaire d’une femme victime de violences conjugales Une femme, vulnérable car placée sous curatelle, subissait des violences de son compagnon depuis des mois. Interpellé, il a accusé un mystérieux ancien compagnon d’être à l’origine des marques de coups. Le tribunal n’y a pas cru et a envoyé ce quinquagénaire derrière les barreaux.

Ce sont les deux nièces de la victime qui sont intervenues, le 10 octobre dernier. Elles avaient découvert leur tante blessée au visage, avec un coquard à l’œil, ainsi que des gros hématomes sur tout le corps. Elle avait, selon son témoignage, était mise au sol et frappée par son compagnon.

La victime avait été mise en sécurité dans un hôtel, puis avait été conduite à l’hôpital de Saint-Julien-en-Genevois, où l’homme avait été la chercher avant d’être interpellé à son retour.

Il l’enfermait, selon lui, « pour la protéger »

La compagne s’était vue prescrire quatorze jours d’ITT et avait raconté que son calvaire durait depuis des mois avec ce compagnon alcoolique, elle-même reconnaissant qu’elle s’adonnait aussi à la boisson.

Les nièces ne se doutaient de rien, le compagnon leur paraissant très gentil. Il leur assurait que leur tante chutait toute seule. La curatrice s’était aussi inquiétée de voir des bleus sur ses bras, mais la victime minimisait les faits et ne voulait pas porter plainte.

Jugé par le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse, cet homme de 51 ans s’est défendu de toute violence : « C’est une fille formidable. Mais elle tombe toute seule, c’est le mélange entre médicaments et alcool. Et après, je la ramasse par terre. » Il a même expliqué qu’un mystérieux ancien concubin, dont il est le seul à parler, la frappait dans la rue, et qu’il l’avait donc « enfermée pour la protéger ». Jurant même face à ses juges : « Je suis d’accord à 200 % que quelqu’un l’a frappée, mais ce n’est pas moi ».

« Elle a vécu six mois d’enfer avec lui »

« Les bras m’en tombent, il se présente comme une victime », s’est agacée Me Marie Audineau. « Cette femme a été défigurée après avoir vécu six mois d’enfer avec lui. Il l’isolait de sa famille et elle était sous son emprise », constatait l’avocate de la victime.

« Cette femme n’arrivait pas à porter plainte, par peur de se retrouver à la rue. Et je trouve le déni de ce monsieur très inquiétant » estimait la procureure. Elle a requis trois ans de prison dont un avec sursis probatoire, et maintien en détention », contre Philippe Dubar.

« Il a pu garder les clés pour la protéger, qu’elle ne sorte pas la nuit pour se mettre en danger. Mais elle n’était pas séquestrée. Elle avait d’ailleurs son téléphone » relevait Me Juliette Romanet. L’avocate du prévenu pensait que « quelque chose ne colle pas dans le discours de la victime, qui souffre de bipolarité et était toujours ivre quand elle l’accusait ». Elle estimait qu’il y avait « des éléments qui permettent de douter ».

Le tribunal a suivi les réquisitions.

Chronique littéraire du mois de novembre : Tweeter ou mourir

RÉSUMÉ

Dans la nuit du 16 au 17 avril 2018, après plusieurs années de violences conjugales, Laura trouve enfin le courage de porter plainte : son conjoint a tenté de l’étrangler sous les yeux d’Alice, leur fille de deux ans.

Après un an de détention provisoire pour tentative d’homicide, stupéfaction : son ex-conjoint est remis en liberté dans l’attente du procès et placé sous contrôle judiciaire qu’il enfreindra à plusieurs reprises.

Sourde au danger que courent les deux victimes dont elle ignore les appels à l’aide, la justice ne lui laisse pas le choix : Laura se tourne vers les réseaux sociaux.

Le 14 mai 2019, elle lance un SOS sur Twitter :  » Je ne sais pas si je vais mourir demain, je veux juste être entendue. Protégez-moi, protégez ma fille jusqu’au procès.  »

Que faire lorsque la justice abandonne les victimes à elles-mêmes ? Avec une précision clinique, Laura Rapp restitue sa lente descente aux enfers, broyée par un système favorable aux criminels. Un récit choc, qui interroge sur l’urgente réflexion à mener sur notre institution judiciaire.

  • Livre désormais disponible en libre service à l’association.

Focus: Porter plainte pour violences conjugales

Les violences au sein d’un couple font partie des plus délicates du fait de la proximité et de l’attachement entre l’auteur et la victime qui se retrouve confrontée à des sentiments ambivalents. Pourtant, il est important d’agir vite en déposant une plainte avant que la situation ne se répète. Comment s’y prendre dans une telle situation ? À qui s’adresser ? Explications.

Porter plainte pour violences conjugales

-Qu’est-ce qu’un dépôt de plainte ?

Le dépôt de plainte permet à une victime de dénoncer l’auteur de son agression afin de demander à la justice sa condamnation pénale (amende, prison).

-Qui peut porter plainte pour violences conjugales ?

Vous pouvez porter plainte pour violence conjugale à partir du moment où vous en êtes victime et êtes en couple, c’est-à-dire uni par un mariage, un PACS ou en concubinage.

-Comment porter plainte pour violences au sein du couple ?

Pour que la plaine pour violence conjugale soit recevable, vous devez la déposer dans les 6 années qui suivent les faits. Pour cela, différents procédés sont à votre disposition.

Vous pouvez d’abord vous présenter dans un commissariat de police ou une brigade de gendarmerie. Vous n’êtes pas tenu par une sectorisation particulière néanmoins, il est préférable de s’orienter vers le service de proximité qui sera plus à même d’intervenir rapidement en cas d’urgence. Une messagerie instantanée vous permet désormais d’échanger avec un agent de police et de signaler un acte de violence au sein du ménage.

Ensuite, il est aussi possible de déposer plainte auprès du procureur de la République par papier libre en indiquant l’état civil du plaignant, le nom de l’auteur de l’infraction, le récit des faits, le lieu et la date de l’infraction, les coordonnées des éventuels témoins, une estimation du préjudice et tout document servant de preuve (certificat médical, arrêt de travail, etc.).

Enfin, vous pouvez exceptionnellement adresser votre déclaration au juge d’instruction en vous portant partie civile.

Bon à savoir : Il existe de nombreux services en capacité de vous proposer assistance en cas de violence. N’hésitez pas à contacter le 3919 (Violences Femmes Info, accessible 24h sur 24 et 7 jours sur 7), une association France Victimes via le numéro 116 006 ou à consulter le site parcours-victimes.fr.

J’ai été victime de violences conjugales — Témoignage

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Un an et demi. Voilà aujourd’hui ce qui me sépare de lui ; ça peut paraître peu mais en dix-huit mois, tellement de choses ont changé dans ma vie… maintenant je suis heureuse.

Écrire mon histoire, la raconter et le dénoncer, lui et tous ces autres, je n’y avais pas songé avant. Peut-être par honte, mais « Honte de quoi ? », m’a un jour demandé ma sœur.

Honte d’être moi, trop naïve. Honte de m’être laissée faire, honte de ne pas être partie avant, honte de ne pas avoir remarqué le problème, honte d’avoir menti pour cacher mes problèmes, honte d’avouer que je me suis trompée sur lui. Voilà de quoi j’avais honte : être une victime.

Je ne veux pas qu’on me regarde comme une victime, car je ne veux pas engendrer la pitié dans mon entourage, c’est pourquoi beaucoup ne savent rien de ce qui m’est arrivé.

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Un an et demi plus tard, alors que la page est tournée, au fond je sais qu’on n’oublie jamais. On reste marquée, et il arrive que des souvenirs me réveillent encore en sursaut la nuit.

Maintenant que vous connaissez la fin de cette histoire, intéressons nous au commencement.

Il était une fois un prince charmant…

J’avais 17 ans tout juste quand je l’ai rencontré à une soirée entre amis, au réveillon du Nouvel An. Ça n’a pas été le coup de foudre, il n’était pas particulièrement attirant, mais nous sommes devenus très bons amis.

Maintenant que j’y repense, il était l’ami idéal, un peu trop même : il a fait en sorte d’aimer les choses que j’aimais (les séries télé, les musiques, mon job d’été…), pour pouvoir ensuite les détester radicalement.

Il était l’ami idéal, un peu trop même : il a fait en sorte d’aimer les choses que j’aimais.

Nos amis communs ont commencé à nous pousser l’un vers l’autre, et au fil des semaines, l’idée fit son chemin. Après tout, il me comprend et me connaît si bien… Du coup, je tombe de haut quand j’apprends qu’il vient de se mettre en couple avec une autre.

Néanmoins, nous restons amis, et il finit par me confier qu’il n’est pas amoureux, qu’il pense à la rupture. Lorsqu’il la quitte, je comprends que c’est pour moi, mais il ne me le dit pas clairement, attendant que je fasse le premier pas… ce que je finis par faire. Je signe sans le savoir le début de ma fin.

De la violence conjugale psychologique…

Les débuts sont magiques, d’autant plus qu’il s’agit de ma première « vraie histoire » : on est tellement semblables, il est toujours là pour moi, et me rend bien des services. Avec le recul, je me rends compte qu’il travaillait à se rendre indispensable.

Nous sommes entrés à la fac dans la même ville, mais avec deux logements séparés, pour ne pas nous étouffer : on se donne un soir par semaine chacun de notre côté, et on voit nos parents le week-end. Au bout de deux mois, il en réclame davantage, exigeant de me voir chaque soir ; face à mon refus, il s’énerve, et me dit que si on finit par se séparer, ce sera de ma faute.

Après de nombreuses disputes, poussée à bout, je cède, et je lâche mon indépendance. Quelques semaines après, je fais une autre concession, énorme pour moi : je ne vois plus mes parents qu’un week-end sur deux, passant l’autre avec lui. Chaque jour, la liste des choses sur lesquelles je cède s’allonge, mais lui ne lâche pas un pouce de terrain.

violences conjugales psychologiqueAu lit, tout se passait bien : on s’amusait quotidiennement, et il respectait mes choix quand je n’avais pas envie. Là aussi, la situation s’est dégradée en quelques mois : il me reprochait mes refus, finissant par m’ignorer complètement, ou par me faire croire que c’était le signe que je ne l’aimais plus.

Je me rends bien compte, aujourd’hui, que j’aurais dû fuir, déjà, à ce moment-là.

C’est dans ce cadre que le premier signe de violence physique est arrivé, même si je ne l’ai pas remarqué : chez lui, clouée au lit avec une grippe, je ne voulais qu’une chose, dormir.

Lui voulait faire l’amour ; il m’a crié dessus, indifférent à mes pleurs, me reprochant de ne plus l’aimer, et m’a violemment lancé un coussin avant de menacer de me mettre dehors. Il a fait mine de rompre avec moi et a passé la nuit par terre, mais s’est excusé au petit matin, et m’a promis de ne plus jamais recommencerPauvre de moi, je l’ai cru.

…à la première violence conjugale physique

Mes amies et moi avions depuis longtemps planifié de partir trois jours ensemble, sans lui. Il a attendu la semaine précédent le départ pour me supplier de ne pas y aller, en larmes, et ce n’est que sous l’impulsion de ma mère que j’ai réussi à partir.

Mais mes vacances, et celles de mes amies, furent gâchées : il m’a bombardée de textos, d’appels, me reprochait d’avoir trahi sa confiance, me disait ne plus jamais vouloir me revoir.

En rentrant, je me suis excusée ; je réalise à présent que je n’avais absolument rien fait de mal, mais je me sentais tellement coupable. Et jusqu’à la fin, il m’a rappelé cette histoire, l’utilisant durant nos désaccords, nos disputes, alors qu’il était exclu, pour moi, de lui reprocher ses erreurs passées.

violences conjugales physiqueL’année scolaire a fini, entrecoupée de moments similaires, et comme chaque été, je travaillai en centre aéré pour gagner un peu d’argent.

J’adorais discuter de mon job avec lui, mais au début des grandes vacances, il m’a reproché de trop en parler, en a fait un sujet tabou : selon lui, il ne souhaitait pas l’évoquer parce que lorsque je travaillais, nous étions séparés, et il en souffrait.

Comme je ne pouvais plus lui raconter mes journées, on ne parlait que des siennes, ce qui était assez rapide puisqu’il ne faisait rien de ses vacances.

Il me lance alors la télécommande avec rage. Quand je parle de violences conjugales, il me dit de ne pas exagérer.

Nous sommes ensuite partis ensemble dans une maison qui appartient à ma famille. Un soir, à nouveau, je n’ai pas envie de lui, et sous la contrariété, voyant que je ne compte pas céder, il se rapatrie dans le salon et met le son de la télévision à fond, pour m’empêcher de dormir.

Lorsque je lui demande de baisser le volume, il m’ignore et j’éteins le poste ; il me lance alors la télécommande, avec rage.

Sous le choc, je suis restée figée quelques instants, avant de lui dire de faire ses valises pour le lendemain, car il n’était plus le bienvenu ici. Le lendemain, il se confond en excuse, pleure, me supplie de le pardonner. Quand je parle de violences conjugales, il me dit de ne pas exagérer…

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Je l’aimais, et je crois sincèrement que lui aussi. Il ne cessait de me répéter que sans moi, il n’était rien. En public ou en soirée, il restait collé à moi, toujours à m’embrasser, ce qui me gênait et m’empêchait de profiter des autres invités.

Si je le lui faisais remarquer, ou tentais de m’éloigner, il me le reprochait : c’était moi qui avait un problème, car c’était la façon dont un couple devait agir. Encore un motif de disputes, où j’étais toujours en tort : il ne se remettait jamais en question, ne répondait même pas à mes accusations.

C’était difficile de se sentir aussi ignorée. Je me rends compte, maintenant, que ce que j’éprouvais n’était pas de l’amour, car je ne sais pas comment on peut aimer quelqu’un qui vous traite ainsi ; les psychologues ont peut-être un terme pour ce sentiment, moi je n’en ai pas.

À lire aussi : « Some Call That Love », un clip sur les violences conjugales aussi pertinent qu’insoutenable

Le chantage, une autre forme de violence conjugale

C’était un grand maître du chantage. Je ne sais plus combien de fois j’ai dû choisir : entre faire ce qu’il voulait ou le perdre, entre lui et mes amis, ma famille, et si je ne le choisissais pas, c’est que je ne l’aimais pas.

C’est ainsi que, peu à peu, j’ai perdu le droit de sortir de mon côté, ne serait-ce que pour accompagner une amie. Si je voulais manger entre potes le midi, il fallait que lui soit occupé avec les siens. Même chez le médecin, il entrait en rage s’il ne m’accompagnait pas dans le cabinet, et quittait la salle d’attente, me laissant rentrer seule et fiévreuse.

C’est ainsi que peu à peu, j’ai perdu le droit de sortir de mon côté.

Durant les trois ans qu’a duré notre relation, jamais il n’a eu confiance en moi : il m’accusait de voir d’autres garçons, de le tromper avec mon patron… Je suis toujours restée fidèle, mais je devais sans cesse justifier mes faits et gestes, éviter de mentionner mes amis masculins.

Le pire a été mon rendez-vous chez un gynécologue : pour lui, « écarter les cuisses devant un inconnu, c’est être une salope ». J’ai choisi une femme pour le rassurer, mais il s’en fichait. Quand je lui ai reproché de m’en vouloir pour ça, et de m’avoir laissée seule pour ce premier rendez-vous, il s’est excusé et a pleuré… une fois de plus. Et j’ai été naïve une fois de plus.

Des concessions, encore et toujours

La chose que je regrette le plus, aujourd’hui, c’est d’avoir été en froid avec ma soeur à cause de lui. Elle était ma confidente, et a très vite cerné le personnage, alors elle lui a dit que sa façon d’agir était inacceptable.

Il m’a tout mis sur le dos, me reprochant de raconter « notre » vie à ma soeur, et s’est mis à la rabaisser sans cesse. S’il était chez mes parents, elle n’y venait pas, et j’ai fini par ne plus la voir, ce qui m’a blessée. Il a réussi à s’engouffrer dans la brèche, m’a dit qu’elle ne me méritait pas, et m’a insidieusement montée contre ma propre soeur.

Physiquement, il avait certaines exigences. Si je me maquillais, ou que je portais une jupe, une robe, un décolleté, c’était forcément pour séduire. Je ne pouvais plus me faire belle : je ne devais pas me plaire, mais lui plaire. Les seuls bijoux autorisés étaient ceux qu’il m’avait offerts, il fallait qu’il approuve chaque nouveau vêtement…

Physiquement, il avait certaines exigences. Je ne devais pas me plaire, mais lui plaire.

Lors d’une soirée entre amis, je portais une robe et un collier qui ne venait pas de lui. Il m’a prise à part dans une pièce et m’a reproché de m’être faite belle pour tout le monde, sauf pour lui, criant et pleurant assez fort pour que les autres convives l’entendent. J’étais extraordinairement mal à l’aise, mais en rejoignant les autres, j’ai menti pour le « couvrir ».

Après deux ans de concessions toujours plus importantes, nous avons emménagé ensemble, et la violence a monté d’un cran.

Pour lui, cela signifiait que je ne devais plus rentrer chez mes parents qu’une seule fois par mois, un week-end qu’il me faisait payer, en m’ignorant totalement avant, pendant et après.

Une fois, il a menacé de se suicider pour me retenir de partir, commençant à s’entailler les poignets, et je n’ai pu quitter l’appartement qu’en promettant que je n’irai pas le mois d’après. Encore une fois, il avait eu gain de cause.

Puis, vint l’humiliation et le summum de la violence conjugale

Nos disputes se faisaient de plus en plus violentes, et je commençais à me sentir vraiment humiliée. Détestant faire la vaisselle, il trouvait souvent une raison de m’en vouloir lorsque c’était son tour ; il m’est arrivé plus d’une fois de recevoir l’éponge sale en plein visage pour avoir osé le contredire, lui faire une remarque.

Pour des motifs toujours anodins, la violence montait : j’ai reçu son portefeuille en plein visage, il m’a un jour fouetté le visage avec un t-shirt mouillé, assez fort pour casser mes lunettes. Des coups de pied dans le dos (il faisait particulièrement attention à ne laisser aucune marque visible) m’ont fait mal pendant plusieurs jours.

À chaque fois, il se confondait en excuses, en promesses, et j’y croyais. C’était une violence invisible, mentale et physique, qui me rendait malade. Je n’étais plus heureuse, ni joyeuse, comme je l’étais ; je pensais à partir malgré les sentiments, mais je n’en trouvais pas le courage.

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Je sais que beaucoup ne comprendront pas pourquoi je suis restée, pourquoi j’ai même emménagé avec lui, et moi-même, j’ai mis du temps à le comprendre.

La première raison était l’amour : j’y croyais dur comme fer, et quand il tentait de se racheter, il redevenait celui que j’avais aimé au début, me faisant croire que c’était fini pour de bon.

Je manquais également de courage, et j’avais peur des conséquences. Enfin, je doutais moi-même : chaque fois que je songeais à une rupture, je ne savais pas comment la justifier, et je craignais d’exagérer ce qui se passait entre lui et moi. On peut résumer tout cela par un manque cruel de confiance en moi.

Elle le quitta…

Je n’oublierai jamais la veille de mon départ. C’était les vacances de Pâques, et je travaillais ; il était donc prévu que je dorme chez mes parents, qui vivaient tout près de mon job. Mais pour lui faire plaisir, je n’y passais que deux nuits par semaine, faisant le reste du temps une heure et demie de route quotidienne pour le satisfaire.

violences conjugales blessureUn soir, nous nous sommes disputés, et j’ai à nouveau cédé : le lendemain, je ne passerai qu’une nuit en famille, au lieu de deux. Au moins, nous avons pu passer une soirée normale.

Mais le lendemain matin, au moment de partir, il a tenté de me retenir, prétextant qu’il avait une envie de moi. En réalité, il cherchait surtout une raison pour commencer une dispute. Ce furent les pires instants de ma vie, un déchaînement de violence.

Il m’a donné des coups avec un étendoir à linge, m’a traitée de pouffiasse, m’a faite tomber au sol plusieurs fois, tentant de me faire avaler de la poussière. Il a jeté mes affaires par terre, et m’a dit que tout était fini. Je suis partie en courant et en larmes.

Ce furent les pires instants de ma vie, un déchaînement de violence.

Avant d’arriver au travail, je me suis arrêtée chez mes parents pour tout raconter à ma mère. La voir pleurer m’a touchée, et je me suis sentie coupable, mais aussi libérée : même si je flanchais, jamais mes parents ne me laisseraient y retourner. Lui et moi, c’était fini.

Quand je suis retournée chercher mes affaires, j’ai demandé à mes parents de rester au bas de l’immeuble, espérant qu’il ne ferait pas d’histoires.

Mais quand il a compris que je n’étais pas là pour implorer son pardon, il a verrouillé la porte à clé, m’a suppliée, a menacé à nouveau de se tuer. Lorsqu’il est allé chercher un couteau, j’ai ouvert la porte et appelé mes parents à l’aide.

Une fois de retour, j’avais peur qu’il se suicide ; je lui ai donc laissé entendre que j’avais besoin de réfléchir, qu’il y avait encore une chance que ça marche. Je ne savais pas encore que les gens comme lui sont bien trop lâches pour se tuer, et n’utilisent ça comme une forme de chantage affectif. Il m’a appelée, écrit, suppliée, il a même consulté un psychologue, espérant me redonner confiance.

Auprès de nos amis communs, il a endossé le rôle de victime. Mais la victime c’était bien moi.

Pour se justifier, il a prétendu que son père battait sa mère, ce qu’il ne m’avait jamais dit en trois ans de relation – je ne sais pas si c’est vrai ou non, mais je m’en fiche. Cela ne justifie en rien son attitude. Auprès de nos amis communs, il a endossé le rôle de victime, et certains, aujourd’hui, refusent de me parler.

Mais la victime, c’était bien moi, incapable de dormir à cause de cauchemars dans lesquels il apparaissait… Le pire, c’est qu’il m’a fallu du temps pour lui en vouloir. Mais il m’en a fallu encore plus pour en parler.

… et vécut heureuse.

Un an et demi aujourd’hui que je ne le vois plus, je ne l’aime plus. Que serais-je devenue si j’étais restée ? Je préfère ne pas y penser, mais regarder ce que je suis. Plus forte.

J’ai tiré les leçons de mes erreurs, et je ne les referai pas. Aujourd’hui, je vis pour moi-même, je me coiffe et je m’habille comme je veux, je vois qui je veux quand je veux, et j’ai rencontré quelqu’un il y a plusieurs mois.

Je ne suis pas prête à emménager avec lui, et je ne le serai pas avant longtemps, mais je découvre ce qu’est une relation de couple saine, normale, dans le respect de l’autre.

À toutes les madmoiZelles qui sont victimes de violences physiques ou mentales, je voudrais vous dire de ne pas perdre confiance en vous : le premier pas vers la liberté, c’est d’en parler à quelqu’un.

À toutes celles qui connaissent une personne victime de violences conjugales, je vous dirai de vous rendre disponible, de faire comprendre à votre ami-e que vous serez toujours joignable, quoi qu’il arrive, et ne le/la jugez pas… sortir d’une telle emprise est long et difficile.

Violences faites aux femmes : journée internationale le 25 novembre

 

C’est l’Organisation des Nations unies (ONU) qui a choisi en 1999 de proclamer le 25 novembre comme journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Lors de cette journée, des opérations de sensibilisation sont menées par les gouvernements, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales pour lutter contre la violence à l’égard des femmes. Service-Public.fr retrace les mesures mises en place face à ce grave phénomène.

La Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes a été adoptée le 20 décembre 1993 par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU). Elle définit ces violences comme « tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».

Quelles sont les différentes formes de violences sexistes et sexuelles ?

  • violences au sein du couple ;
  • violences sexuelles ;
  • harcèlements ;
  • outrages sexistes ;
  • mutilations sexuelles féminines ;
  • mariage forcé ;
  • système prostitutionnel.

Le site dédié arretonslesviolences.gouv.fr oriente vers des numéros d’appel ou la plateforme de signalement en ligne des violences conjugales, sexuelles ou sexistes.

Le gouvernement a organisé, à l’automne 2019, le premier Grenelle contre les violences conjugales. Retrouvez sur le site Vie-publique.fr un dossier complet sur la lutte contre les violences faites aux femmes.

Le nombre de féminicides a augmenté de 20 % en France en 2021 par rapport à l’année précédente, avec 122 femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, contre 102 en 2020, selon un bilan publié par le ministère de l’Intérieur.

  À savoir : Cette célébration de la journée internationale a pour origine l’assassinat le 25 novembre 1960, en République dominicaine, des sœurs Mirabal sur les ordres du dictateur et chef de l’État, Rafael Trujillo, après qu’elles aient subi des violences, au sein de leur famille ou hors du cercle familial (viols, coups et harcèlement sexuel), et des violences commises par l’État (tortures, viols des femmes incarcérées pour des raisons politiques).

E-learning de sensibilisation dans les structures d’hébergement mixtes

la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) publie un e-learning pour agir contre les violences sexistes et sexuelles au sein des structures d’hébergement mixtes.

Cet outil s’adresse à l’ensemble des personnes intervenant au sein de ces structures (membres de l’équipe éducative, responsables de service et de structure, veilleurs de nuit, agents de restauration) et a pour but :

  • d’informer sur les violences sexuelles et sexistes ;
  • de sensibiliser au repérage des violences sexistes et sexuelles, et à la gestion des situations.

Le 3919, Violences Femmes Info

La ligne d’écoute 3919 pour les femmes victimes de violences, est joignable 24 h/24 et 7 jours sur 7, y compris par les personnes sourdes ou ayant des troubles du langage. Il s’agit d’un numéro d’écoute national destiné :

  • aux femmes victimes de violences ;
  • à leur entourage ;
  • aux professionnels concernés.

Anonyme et gratuit, il est accessible depuis un poste fixe et un mobile en métropole et dans les DOM. Ce numéro permet d’assurer une écoute et une information, et, en fonction des demandes, effectue une orientation adaptée vers des dispositifs locaux d’accompagnement et de prise en charge. Le 3919 ne traite pas les situations d’urgence (ce n’est pas un service de police ou de gendarmerie). L’appel ne figure pas sur les factures de téléphone.

Le « 08 victimes » (08 842 846 37)

Un numéro dédié à toutes les victimes de violences quel que soit le préjudice subi. Victimes ou témoins de harcèlement peuvent contacter le 08 Victimes, 7 jour/7, de 9h à 21 h. Ce numéro est non surtaxé.

La plateforme Mémo de Vie

Conçue sous l’égide du ministère de la Justice, la plateforme Mémo de Vie est portée par la Fédération nationale d’aide aux victimes France Victimes qui fédère 130 associations locales réparties dans chaque région, intervenant dans l’accueil et l’écoute des victimes. Elle a été créée pour répondre à vos besoins que vous soyez sujets à des violences, que vous soyez proches ou professionnels et vous informe sur les droits, le soutien psychologique et l’accompagnement social des victimes.

Lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans la fonction publique

À l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le ministère de la Fonction publique a publié le 25 novembre 2022 un guide destiné aux employeurs publics : « Lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans la fonction publique – Guide des outils statutaires et disciplinaires ».

Ce guide pratique présente les bonnes attitudes à adopter et les outils statutaires et disciplinaires susceptibles d’être mobilisés. Il vise à informer et à accompagner les employeurs, les services des ressources humaines, les acteurs de la prévention et les agents victimes ou témoins de violences sexistes ou sexuelles. L’objectif est d’améliorer la connaissance des actes de violences sexistes et sexuelles et la prise en charge des signalements.

Structuré en deux parties, connaître les faits et réagir aux faits, ce guide :

  • décrit et illustre les propos et comportements qui peuvent constituer des faits de violences sexistes et sexuelles ;
  • présente les bonnes attitudes à adopter ;
  • expose les outils statutaires et disciplinaires qui peuvent être mobilisés face aux violences sexistes et sexuelles.

Chronique littéraire du mois d’octobre

Le Chant de la grenouille: un roman bouleversant pour aider les victimes d’emprise psychologique conjugale.

Depuis leur mariage, Clara et Nicolas ont tout pour être heureux. Ils vivent dans une magnifique maison dans le pays de Gex, entre Jura et Léman. Ils ont tous les deux un travail qu’ils aiment et ils attendent un enfant.

Pourtant, les premières affres de la grossesse et les tensions qui s’accumulent dans leur couple pour des broutilles déstabilisent Clara qui n’ose se confier à sa famille.

Lorsqu’elle apprend qu’une plainte pour harcèlement au travail a été déposée contre son mari par une de ses anciennes secrétaires, c’est la stupéfaction. Mais Clara est décidée à aider son mari à prouver son innocence.

Tandis que l’enquête, conduite par une jeune gendarme déterminée à découvrir la vérité, s’oriente vers le passé de Nicolas et dévoile à Clara des pans de vie sombres et inconnus, ses certitudes sont ébranlées.

Et si son mari est bien coupable de ce dont on l’accuse ? Et si elle aussi se trouve en danger ?

Dans Le Chant de la Grenouille, Sandrine Meilland-Rey décrit avec justesse les mécanismes de l’emprise et de la perversion qui constituent les deux piliers de la violence psychologique dans le couple.

Ce roman se veut une aide pour celles et ceux qui sont piégés dans une relation toxique mais aussi pour leurs proches bien souvent impuissants, en permettant la prise de conscience qu’un autre avenir est possible.

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Focus: Emprise psychologique : signes, couple, travail, en sortir

L’emprise psychologique correspond à une forme de manipulation mentale qui mène à la dépendance affective. Tout le monde peut un jour être sous l’emprise de quelqu’un : dans son couple, en amitié, au travail, avec un parent…

Elle s’installe souvent insidieusement et se traduit par un ascendant psychologique, mêlant manipulation, chantage et dépendance affective, que ce soit dans le couple, en amitié, dans le milieu familial ou au travail. Sur le long terme, elle peut avoir de lourdes conséquences pour celui qui la subit. Et ce n’est pas l’apanage des victimes des pervers narcissiques. Tout le monde peut un jour se retrouver sous l’emprise d’une personne. Quels sont les signes pour la reconnaître ? Comment s’en sortir et retrouver une forme de liberté ? Définition et conseils d’Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne.

Définition : c’est quoi l’emprise psychologique ?

On peut tous, à un moment donné de sa vie, vivre dans une forme d’emprise psychologique ou relationnelle avec certaines personnes.

L’emprise psychologique correspond à une forme d’ascendance psychologique, de manipulation mentale voire de « torture psychique » récurrente utilisée dans le but de victimiser une personne et parvenir à ses fins. Elle peut se manifester dans de nombreuses situations de la vie quotidienne : au sein du couple, avec un parent, en amitié, au travail… « On peut tous, à un moment donné de sa vie, vivre dans une forme d’emprise psychologique ou relationnelle avec certaines personnes, comme une sorte de perte de contrôle ou de maîtrise. Peu importe son âge, son niveau intellectuel, socioprofessionnel ou que l’on soit un homme ou une femme. Le mot « emprise » induit qu’il y a un rapport de dominant/dominé. Or, les enjeux relationnels sont un peu plus complexes que ça. On n’est pas toujours dans un profil de « victimologie » pure dans le sens où l’emprise n’est pas forcément si puissante et destructrice, tant qu’elle est conscientisée. L’emprise peut même avoir, dans certaines situations de vie, certains bénéfices, notamment dans le couple, en amitié, au travail… Lorsqu’on a conscience de cette emprise, on peut parfois y gagner quelques avantages et l’utiliser sur le court terme comme une stratégie. Néanmoins, il faut que cette emprise ne persiste pas trop longtemps, sinon elle devient problématique« , prévient Aline Nativel Id Hammou. L’emprise psychologique peut concerner :

  • le couple, avec une emprise exercée par son conjoint ;
  • le travail, avec une emprise exercée par un collègue, un manager ou un supérieur hiérarchique ;
  • la famille, avec une emprise ou une manipulation exercée par un parent, un oncle, une tante, un grand-parent…
  • l’amitié, avec une emprise exercée par un(e) ami(e), souvent toxique ;
  • plus rarement, une secte, avec une emprise exercée par « un gourou ».

    Amitié toxique : quels signes, quand faut-il arrêter ?

    Jalousie, manipulation, culpabilisation… Un(e) ami(e) toxique se nourrit de votre énergie tel un « vampire ». Comment reconnaître ce type de relation malsaine et comment y faire face ? Signes typiques et conseils pour s’en sortir.

Quels sont les signes d’une personne sous emprise ?

L’emprise psychologique est une sorte de jeu de rôles où la victime (la personne dominée) ne choisit rien et où tout est imposé par celui qui a le pouvoir (la personne dominante). La reconnaître peut être difficile et prendre du temps. Toutefois, certains signes sont typiques d’une emprise psychologique.

  • La personne sous emprise psychologique a une faible estime d’elle-même. « La personne dominante va « vider » la confiance en soi de la victime, pour garder son influence et pour faire taire ses traits de personnalité« , indique notre interlocutrice.
  • La victime vit avec la peur de perdre l’autre ou de perdre ses « avantages ». « Elle est complètement dépendante de la personne dominante, et se sent incapable de vivre sans elle« , précise notre psychologue. Elle a tendance à être dans le déni et à minimiser l’emprise.
  • Le dominant a tendance à utiliser la menace, le chantage ou des stratégies perverses (par de la jalousie, du mépris, des humiliations, du dénigrement, des insultes, des actes de harcèlement, des mensonges, une dépendance financière…) pour parvenir à ses fins et pour faire culpabiliser sa victime si la situation ne va pas dans son sens. Il peut avoir une grande exigence de perfection envers sa victime et même éprouver un certain plaisir à voir cette personne sous son emprise. Son chantage ou ses menaces peuvent être interrompues par des phases de flatterie, d’empathie, de tendresse ou de gentillesse. Le dominant devient alors compréhensif (surtout en présence d’autres personnes) et montre un visage diamétralement opposé à celui du manipulateur, un peu comme un « Dr Jekyll et Mister Hyde ».
  • Le dominant a tendance à isoler sa victime du monde extérieur, pour renforcer son lien d’emprise et éviter que son entourage ne l’éloigne de lui.

    5 signes évocateurs d’une relation de couple toxique (et comment en sortir !)

    Votre partenaire use du chantage affectif, se victimise, vous fait culpabiliser ? Cette relation amoureuse est peut-être toxique. Voici les signes typiques et les conseils de notre psychologue pour vous en rendre compte et en sortir avant de perdre totalement confiance en vous.

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Emprise psychologique dans le couple

Une relation de couple saine respecte l’autonomie et la liberté de l’autre, ainsi que les divergences d’opinion.

« Il peut parfois y avoir des déséquilibres dans le couple, mais ça fait partie de la vie à deux. Les rôles ne sont pas toujours fixes : il y a des périodes où on est le dominant, d’autres où on est le dominé. Là où ça devient problématique, c’est lorsque les rôles ne changent jamais, que le déséquilibre persiste et qu’il devient inconfortable voire malsain« , détaille notre interlocutrice. Autrement dit, chacun peut chercher, à un moment donné, à influencer l’autre pour parvenir à ses fins. Néanmoins, lorsque ce comportement se transforme en mécanisme systématique et déviant, il ne doit pas être accepté. Une relation de couple saine respecte l’autonomie et la liberté de l’autre, ainsi que les divergences d’opinion. Ainsi, si vous ressentez régulièrement de la honte, une culpabilité, des difficultés à communiquer, de la peur, une anxiété en présence de votre partenaire, un sentiment d’injustice, une impression de vous faire « fliquer », il peut s’agir potentiellement d’une emprise relationnelle.

Emprise psychologique parentale

Un parent qui est dominateur, méprisant, qui vous fait de nombreuses critiques, qui n’est pas capable de vous offrir un soutien, qui dénigre vos choix, qui contrôle vos décisions, qui vous fait culpabiliser à outrance, qui se victimise en permanence, à qui vous devez tout votre temps, votre énergie, vos réussites… peut correspondre à une forme d’emprise psychologique. « On peut être sous emprise au sein de sa famille, avec un parent par exemple et ne pas aller à l’encontre de cette posture par devoir ou par loyauté. En revanche, si cette emprise devient inconfortable ou destructrice, il faut essayer de s’en sortir et d’y mettre un terme« , conseille notre spécialiste.

Emprise psychologique au travail

L’emprise psychologique peut survenir sur le lieu de travail, de la part d’un collègue, d’un collaborateur ou d’un supérieur hiérarchique qui peut user et abuser de la manipulation pour parvenir à ses fins. Avec l’aide de la séduction dans un premier temps (de prime abord, le manipulateur a tendance à se montrer à l’écoute, compréhensif et ouvert), puis avec la peur, le chantage, le dénigrement et les menaces dans un second temps. Le manipulateur est difficilement repérable, mais présente un comportement typique : il a tendance à tirer la couverture à lui, à s’attribuer tous les mérites, à retourner la situation, à pointer les erreurs des autres, à se montrer flou ou ambigu dans ses demandes, à faire porter la responsabilité de ses erreurs sur d’autres, à agir en faux-gentil ou en faux-modeste, à faire de la rétention d’informations importantes, à diviser son équipe pour « mieux régner »…

De prime abord, le manipulateur a tendance à se montrer à l’écoute, compréhensif et ouvert.

Une personne qui vient d’arriver dans l’entreprise est une proie particulièrement facile car elle a tendance à ne pas se rebeller par crainte de mettre en péril son devenir professionnel. Peu importe le temps passé dans l’entreprise, lorsque vous sentez qu’il y a un abus émotionnel de la part d’un collaborateur – qui peut se traduire par du flicage à outrance, une fatigue émotionnelle, une peur d’aller au travail, une perte d’efficacité, un burn-out professionnel – parlez-en autour de vous, essayez de récolter des avis d’autres personnes dans votre entreprise et n’hésitez pas à solliciter l’aide des ressources humaines.

Quelles sont les conséquences de l’emprise psychologique ?

Lorsqu’elle persiste et dure dans le temps, une emprise psychologique peut mener à :

  • Une dépendance affective de la victime envers son manipulateur.
  • Une perte de liberté et d’autonomie, avec un isolement et un fort repli sur soi.
  • Des troubles relationnels, avec une incapacité à avoir confiance en l’autre.
  • Une personnalité/identité profondément affectée par cette expérience relationnelle destructrice pour la victime qui a le sentiment de ne plus être elle-même et de ne plus se reconnaître (sentiment de dépersonnalisation).
  • Une dépression pouvant entraîner des idées suicidaires.
  • Dépendance affective : causes, symptômes et prise en charge

    En amitié, en amour, au travail… La dépendance affective est une manifestation psychologique définie comme un besoin de l’affection des autres. Quels sont les symptômes et comment sortir d’une dépendance affective ?

Comment sortir de l’emprise psychologique ?

Ce qu’il ne faut pas faire dans le cas d’une emprise psychologique

  • Agir sous le coup de la colère et hausser le ton. Le dominant risque d’être encore plus agressif envers vous et vous faire payer votre hargne.
  • Se laisser attendrir et amadouer par ses paroles ou ses actes, souvent précurseurs de manipulation ou de chantage.
  • Tout accepter et ne plus agir/penser par vous-même.
  • Se sentir inférieur à son « bourreau » et lui donner plus de crédit qu’il ne faut.

« Il est tout à fait possible de sortir d’une emprise psychologique à condition d’être accompagné et de ne pas rester isolé« , prévient d’emblée notre psychologue. Cela se fait progressivement :

► Première étape : le déconditionnement. Dans un premier temps, la victime devra reconnaître la toxicité et la réalité des dérives de l’emprise relationnelle. Elle devra réduire progressivement l’admiration ressentie pour le manipulateur, afin de lui donner de moins en moins de crédit (phase de désidéalisation). Elle pourra écrire une lettre à la personne manipulatrice, qu’elle n’enverra pas mais dans laquelle elle mettra des mots sur ses souffrances. S’entourer et ne pas minimiser le soutien de ses proches restent primordial. Il ne faut pas hésiter à en parler à son entourage, à demander de l’aide et des conseils pour prendre du recul sur la situation, ne plus être tenté d’accepter l’inacceptable et retrouver une certaine forme de liberté et d’autonomie, ainsi que ses capacités de jugement. L’entourage doit, avec tact et compréhension, amener la victime à réfléchir et à prendre conscience sur ce qui est normal ou pas dans une relation, puis la laisser faire ses propres conclusions. Cela prend du temps, il faut être patient.

► Deuxième étape : la reconstruction. Il est tout à fait possible de se faire accompagner par un professionnel de santé (psychologue, psychiatre, assistant social, intervenant social à domicile, sophrologue, hypnothérapeute…) si nécessaire. Cela va permettre de faire « un travail essentiel sur l’estime de soi car très souvent la victime se sent bête, idiote, coupable, honteuse voire responsable de la situation lors de sa prise de conscience« , indique Aline Nativel Id Hammou. Cela va aussi permettre à la victime de réapprendre à vivre en dehors de la relation d’emprise et de retrouver une indépendance affective. Il est aussi conseillé de lire des ouvrages sur la thématique de l’emprise relationnelle (Sortir de l’emprise et se reconstruire de Julie Arcoulin, L’emprise au travail: La comprendre, s’en libérer de Wadih Choueiri, Se libérer de l’emprise émotionnelle de Sylvie Tenenbaum…). Participer à des groupes de paroles ou à des ateliers de gestion de la vie quotidienne peut également être une bonne solution pour récolter des témoignages et prendre conscience que l’on est pas seul à subir ce genre d’emprise. Enfin, on peut aussi travailler sur le corps avec le recours au théâtre, au chant, à la méditation, au yoga, à l’art-thérapie…

Quelles sont les causes chez le manipulateur ?

L’emprise psychologique peut se faire de manière consciente ou inconsciente. Parfois, le manipulateur ne se rend pas compte de ses actes. De manière générale, l’emprise psychologique traduit une blessure, un vide intérieur ou un manque de confiance en soi. En agissant ainsi, le manipulateur compense ses souffrances et met à distance ses peurs en ayant un ascendant et en faisant souffrir les autres. La manipulation est comme un moteur pour lui. Dans certains cas, l’emprise psychologique est liée à certains troubles psychiques comme les troubles de la personnalité (sociopathie, psychopathie) ou à une tendance à la perversion (pervers narcissique, perversion morale…).