Ce sont les deux nièces de la victime qui sont intervenues, le 10 octobre dernier. Elles avaient découvert leur tante blessée au visage, avec un coquard à l’œil, ainsi que des gros hématomes sur tout le corps. Elle avait, selon son témoignage, était mise au sol et frappée par son compagnon.
La victime avait été mise en sécurité dans un hôtel, puis avait été conduite à l’hôpital de Saint-Julien-en-Genevois, où l’homme avait été la chercher avant d’être interpellé à son retour.
Il l’enfermait, selon lui, « pour la protéger »
La compagne s’était vue prescrire quatorze jours d’ITT et avait raconté que son calvaire durait depuis des mois avec ce compagnon alcoolique, elle-même reconnaissant qu’elle s’adonnait aussi à la boisson.
Les nièces ne se doutaient de rien, le compagnon leur paraissant très gentil. Il leur assurait que leur tante chutait toute seule. La curatrice s’était aussi inquiétée de voir des bleus sur ses bras, mais la victime minimisait les faits et ne voulait pas porter plainte.
Jugé par le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse, cet homme de 51 ans s’est défendu de toute violence : « C’est une fille formidable. Mais elle tombe toute seule, c’est le mélange entre médicaments et alcool. Et après, je la ramasse par terre. » Il a même expliqué qu’un mystérieux ancien concubin, dont il est le seul à parler, la frappait dans la rue, et qu’il l’avait donc « enfermée pour la protéger ». Jurant même face à ses juges : « Je suis d’accord à 200 % que quelqu’un l’a frappée, mais ce n’est pas moi ».
« Elle a vécu six mois d’enfer avec lui »
« Les bras m’en tombent, il se présente comme une victime », s’est agacée Me Marie Audineau. « Cette femme a été défigurée après avoir vécu six mois d’enfer avec lui. Il l’isolait de sa famille et elle était sous son emprise », constatait l’avocate de la victime.
« Cette femme n’arrivait pas à porter plainte, par peur de se retrouver à la rue. Et je trouve le déni de ce monsieur très inquiétant » estimait la procureure. Elle a requis trois ans de prison dont un avec sursis probatoire, et maintien en détention », contre Philippe Dubar.
« Il a pu garder les clés pour la protéger, qu’elle ne sorte pas la nuit pour se mettre en danger. Mais elle n’était pas séquestrée. Elle avait d’ailleurs son téléphone » relevait Me Juliette Romanet. L’avocate du prévenu pensait que « quelque chose ne colle pas dans le discours de la victime, qui souffre de bipolarité et était toujours ivre quand elle l’accusait ». Elle estimait qu’il y avait « des éléments qui permettent de douter ».
Le tribunal a suivi les réquisitions.