Chaque année, la journée du 8 mars apporte son lot de débats, de railleries et d’incompréhensions. D’où vient cette date ? Que marque-t-elle ? Peut-elle servir à quelque chose ? Toutes ces questions sont bonnes, voici de quoi y répondre.
Le 8 mars, c’est la journée de la femme : FAUX
Depuis plusieurs jours, vous l’avez entendu, lu et peut-être formulé ainsi : la « journée de la femme » se tient le 8 mars. Cette mention pourrait avoir déclenché quelques réprobations autour de vous. Pourquoi ? Le 8 mars est une journée d’action et de sensibilisation dédiée à la lutte pour les droits des femmes. La résumer en « journée de la femme », bien que cela soit fréquent et ait même pu être une expression presque officielle à une période, efface non seulement la question des droits sociaux, mais renvoie, en plus, à l’idée d’un modèle féminin unique.
Les mots de Najat Vallaud-Belkacem en 2013 sont souvent repris pour l’expliquer : « Le 8 mars n’est pas, comme on l’entend parfois, la journée de « la » femme, qui mettrait à l’honneur un soi-disant idéal féminin accompagné de ses attributs : cadeaux, roses ou parfums ». Les femmes, comme les hommes, sont diverses, et davantage que leur personne, ce sont leurs droits qui sont mis en avant à chaque 8 mars.
On célèbre les femmes ce jour-là : FAUX
D’accord pour le nom, mais alors à quoi sert-elle cette journée ? À mettre l’accent sur les inégalités sociales entre femmes et hommes et sur la façon de mieux garantir des droits équivalents aux femmes. En somme, inutile d’adresser un SMS de bonne journée à toutes les femmes de son entourage, qui n’en ont sans doute pas davantage besoin le 8 mars que la veille. En revanche, ce peut être l’occasion, pour chacun et chacune, de se demander ce qui peut être changé ou questionné dans nos comportements habituels pour améliorer l’égalité. Et de rappeler que, non, cela n’implique pas que les 364 autres jours de l’année soient ceux des hommes.
On doit cette journée à une personnalité féminine : VRAI & FAUX
L’ONU a officialisé une journée consacrée à ces questions en 1977, à la date du 8 mars. En France, la reconnaissance de cette date comme Journée internationale des droits des femmes remonte à 1982, sous l’impulsion d’Yvette Roudy, ministre déléguée aux Droits des femmes. Mais l’origine de cette journée est plus vaste et plus ancienne. Elle s’appuie, notamment, sur les manifestations ouvrières du début du XXe siècle. À cette période, les revendications des femmes contre les discriminations dans l’emploi et pour le droit de vote prennent de l’ampleur.
On évoque généralement le rôle de Clara Zetkin, journaliste et militante allemande, qui a appelé, en 1910, lors de la Conférence internationale des femmes socialistes, à organiser chaque année une Journée internationale des femmes. De nombreux pays adopteront cette initiative après la Seconde Guerre mondiale. Dès le départ, cette journée trouve donc ses bases sur des questions sociales.
Il s’agit d’une journée purement symbolique : VRAI
Comme toute journée d’action, l’objectif est de fixer un rendez-vous pour encourager à s’emparer d’un sujet qui demeure valable le reste du temps. Les questions posées le 8 mars n’en seront donc pas moins importantes deux jours plus tard. Pour autant, l’effet de cette date peut dépasser le symbolique : des rassemblements sont organisés, et de nombreuses institutions saisissent l’occasion pour partager des bilans ou pistes d’amélioration sur la situation des femmes à différents échelons de la société. Cela permet de rappeler que la question de l’égalité femmes-hommes se joue sur différents aspects qui se rejoignent.
Cette journée s’ajoute à d’autres mouvements durables : VRAI
Cette édition 2022 intervient dans un contexte particulier : l’an passé, le mouvement #MeToo s’est élargi au monde étudiant et à la question de l’inceste. Par ailleurs, la crise sanitaire a ravivé certains sujets, que cela soit sur la question des violences intrafamiliales, ou sur les métiers très féminisés du soin et de la santé. Le syndicat Solidaires réclame d’ailleurs une « revalorisation salariale des métiers féminisés, la fin des temps partiels inférieurs à 24 heures et un réel partage du temps de travail ».