Selon un sondage réalisé récemment par l’IFOP pour la newsletter féministe « Les Glorieuses », 41% des femmes connaîtront dans leur vie une forme de violence économique conjugale.
Lui dire quoi penser, comment s’habiller… L’emprise a commencé petit à petit. Myriam ne s’en rend pas compte car elle est éperdument amoureuse de son mari qui l’isole progressivement de son entourage et l’empêche de travailler, elle qui a fait de brillantes études de commerce. Puis arrive les coups sur elle, sur les enfants, des violences physiques, psychologiques mais aussi économiques. Une réalité plus insidieuse, mais très répandue : dans un sondage publié le 6 novembre par l’IFOP pour « Les Glorieuses », quatre sur dix disent avoir connu dans leur vie une forme de violence économique conjugale.
« Il m’interdisait de travailler à l’époque, explique Myriam. J’avais comme simple revenu le chômage puisque j’avais travaillé avant le mariage, et il se servait de ce salaire en premier pour ne plus rien me laisser. Et ensuite il se servait de son salaire et cachait toujours une partie de son revenu, ce que je n’ai appris que bien plus tard. Il usurpait également mon identité pour contracter des prêts ». À bout, elle demande le divorce après 13 ans de mariage. Mais même séparés, son ex-mari fait tout pour l’assécher économiquement.
« Il m’a promis qu’il allait tout me prendre »
« Il m’a promis qu’il allait tout me prendre, raconte-t-elle. Il m’a tout simplement volé mon véhicule. Il ne souhaite plus payer du tout la pension alimentaire. »
« Son seul but, c’est de me nuire, de faire en sorte que je ne puisse plus m’en sortir. Et ça marche. Je me retrouve à nourrir mes enfants avec les Restos du cœur ».
Myriam, victime de violences économiques conjugales
Myriam n’a aucun répit puisque son ex-mari fait appel de toutes ses condamnations, et fait aussi de fausses dénonciations. Cela bloque des versements dont bénéficie la mère de famille et la prive de ressources. Quant à retrouver un travail, Myriam aimerait beaucoup, mais a pour l’instant trop peur de sortir. « Je vis encore la peur au ventre rien que de sortir. Aujourd’hui, je suis malade. J’ai des caillots de sang dans la tête qui se sont créés à cause de toute cette angoisse, témoigne-t-elle. On a l’impression qu’il nous a rendu moins que rien, et on continue à être moins que rien. »
La justice peine à se saisir de ces violences
Ces violences économiques ne sont pas nommées par la justice, mais en faire une nouvelle infraction ne serait pas efficace selon Maître Michelle Dayan, présidente de l’association Lawyers For Women, une association de juristes qui luttent contre les violences faites aux femmes. Pour l’avocate, il faudrait déjà appliquer de façon efficace ce qui existe déjà. « On a aujourd’hui l’intermédiation familiale qui permet, quand un homme ne paie pas la pension alimentaire, que la CAF le fasse pour lui et aille ensuite le chercher. C’est encore une façon de déresponsabiliser. Il y en a marre en fait. C’est une violence économique de ne pas payer, c’est une délinquance ».
En 2014, la France a ratifié la convention d’Istanbul qui reconnaît l’existence de ces violences économiques mais refuse toujours de créer un texte spécifique.