Un homme de 26 ans a été abattu, mercredi, après avoir ouvert le feu sur les forces de l’ordre. Il s’est présenté au domicile de son ex-compagne qui a alors appelé la police grâce à son « téléphone grave danger ».1
À Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, mercredi 7 février, un homme de 26 ans est mort dans un échange de tirs avec la police. Il s’était rendu au domicile de son ex-compagne, munie d’un « téléphone grave danger ».
C’est un simple téléphone, distribué sur décision du procureur de la République à des victimes de violences domestiques, avec leur accord. Pour qu’il leur soit distribué il faut réunir trois conditions :
⦁ La victime doit être dans une situation de grave danger
⦁ Elle ne doit plus habiter avec son agresseur
⦁ Cet agresseur doit faire l’objet d’une mesure judiciaire d’interdiction d’entrer en contact avec elle
Le dispositif a été mis à l’essai en 2009 puis généralisé, à partir de 2014. Il existe aujourd’hui 5 500 téléphones de ce genre. Environ 4 000 ont été attribués.
Le fonctionnement est très simple, la personne en possession du téléphone pousse un bouton. Cette manipulation déclenche immédiatement un appel avec un centre d’assistance ouvert 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Le télé-assisteur s’assure alors que la détentrice du téléphone est en danger, et que ce n’est pas une mauvaise manipulation, puis il alerte la police qui intervient immédiatement grâce à la géolocalisation du téléphone.
2 400 interventions de la police en 2022
Et ça marche, si l’on en croit Ernestine Ronai, la responsable de l’Observatoire des violences faites aux femmes en Seine-Saint-Denis. C’est elle qui est à l’origine du « téléphone grave danger », elle l’a imaginé après un voyage en Espagne en 2007 où elle a observé un dispositif similaire. Selon elle, depuis que le « téléphone grave danger » a été mis en place en Seine-Saint-Denis, environ 500 femmes et 700 enfants ont pu être secourus. Dans toute la France, d’après les chiffres du ministère de la Justice, la police est intervenue plus de 2 400 fois rien que sur l’année 2022 grâce à ce téléphone.
Peut-on l’améliorer quand même ? Là aussi, Ernestine Robai répond oui. Le dispositif est efficace, mais il faut en distribuer plus selon elle. Il y en a 5 500 en France, mais elle estime qu’il en faudrait plus de 7 000. Le problème, selon elle, c’est l’appréciation du danger qui est insuffisante. Il faut plus croire les femmes, explique-t-elle, dès qu’une femme dit qu’elle a peur il faut lui remettre un « téléphone grave danger ».
Enfin les femmes qui n’osent pas porter plainte, par crainte de leur conjoint ou par peur de ne pas être crues, ne peuvent pas bénéficier de cette protection. Malgré ce dispositif, il y a eu 118 féminicides en France en 2022, dernier chiffre consolidé par le ministère de l’Intérieur.