Violences conjugales : La ministre Isabelle Rome préconise un traitement judiciaire « spécifique »

INTERVIEW La ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes s’est exprimée peu après l’annonce d’une mission confiée aux parlementaires pour améliorer le traitement judiciaire de ces affaires

Les affaires de violences faites aux femmes doivent être jugées « de manière spécifique », a préconisé dimanche Isabelle Rome, ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes. « Ces affaires doivent être jugées d’une manière spécifique. Donner une gifle à sa femme, cela n’a rien à voir avec voler un portable dans un magasin. Il faut interroger cet acte et lui apporter une réponse immédiate », a déclaré la ministre déléguée auprès de la Première ministre, dans un entretien au Journal du Dimanche. Et d’ajouter : « Il faut aussi interroger la violence des auteurs et fournir un accompagnement spécifique aux victimes. »

Pour rappel, Elisabeth Borne a annoncé vendredi la création fin septembre, pour une durée de six mois, d’une mission parlementaire chargée de faire des propositions pour améliorer le traitement judiciaire des violences conjugales.

« Connaître l’impact dévastateur de ces violences sur les enfants »

Cette mission sera confiée « à des parlementaires de groupes différents, chargés de dresser d’abord un bilan, puisqu’il existe déjà 123 filières de traitement d’urgence dans les 164 tribunaux du pays », précise Isabelle Rome dimanche. « D’ici à six mois, ils formuleront des préconisations » et « avec Elisabeth Borne et Eric Dupond-Moretti, nous pourrons aussi nous inspirer de modèles comme l’Espagne ou le Québec », ajoute-t-elle.

Ces affaires doivent être jugées d’une manière spécifique. Donner une gifle à sa femme, cela n’a rien à voir avec voler un portable dans un magasin. Il faut interroger cet acte et lui apporter une réponse immédiate.

Interrogé par le JDD sur l’éventuelle création d’une catégorie de magistrats, la ministre déléguée a également répondu qu’elle ne « veu(t) pas anticiper sur les conclusions de la mission ». « Au minimum, il faut continuer à former tous les juges et procureurs susceptibles de traiter ce type d’affaires. Notamment sur la notion d’emprise, voire de contrôle coercitif », a-t-elle ajouté.

« Il faut aussi connaître le psychotraumatisme et l’impact dévastateur de ces violences sur les enfants, afin de tirer les conséquences en matière d’exercice de l’autorité parentale, de droit de visite et d’hébergement », a déclaré Isabelle Rome. Elle relève que les retraits de l’autorité parentale à l’auteur de violences conjugales « sont prononcés de plus en plus souvent : 411 pour le seul premier semestre 2022, contre 75 en 2017 ». « Il faut en finir avec ce vieux schéma selon lequel un conjoint violent peut être un bon père », a-t-elle encore souligné.

 

Le club des Soroptimist d’Alès se mobilise pour lutter contre les violences faites l’égard des femmes!

Le SOROPTIMIST international est une organisation mondiale de femmes engagées qui oeuvrent pour les droits humains et le statut et la condition de la femme dans la société.

Le club d’Alès se mobilise à compter du 25 novembre en proposant plusieurs actions afin de dénoncer les violences faites aux femmes:

  • le HUP d’alès sera orangé durant tout le temps de la période dédiée, le orange la couleur emblématique de la lutte contre les violences faites aux femmes.
  • Des sachets oranges seront distribués en boulangerie comportant des messages pour prévenir et alerter dans un contexte de violence.
  • Le 29 novembre un film sera projeté au ciné Planet « La terre des hommes » mettant en avant le phénomène de violence envers les femmes avec par la suite l’intervention de femmes de « pouvoir » dans un milieu d’homme.
  • Un arronfi solidaire sera proposé à la librairie « Au bonheur des gens ». Les fonds collectés seront reversés à notre association Prendre Son Envol.

 

 

Violences physiques : ces chiffres qui confirment la prédominance des femmes parmi les victimes

À l’exception des violences physiques commises par les parents dans l’enfance et des violences physiques hors du couple, la part de femmes victimes reste bien supérieure à celle des hommes, en particulier aux violences sexuelles.

En 2021, les femmes restent plus touchées que les hommes par les violences, en particulier par les violences sexuelles, révèle lundi 21 novembre le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI)*. Ce service publie un panorama inédit des violences en France métropolitaine, mesurées à partir de l’enquête « Genese » qu’il a conduite en 2021.

L’étude a étudié trois familles de violences : celles subies dans l’enfance (avant 15 ans), celles commises au sein du couple (donc « par partenaire » et après 15 ans) et celles commises par non-partenaires (après 15 ans également). Plus précisément, l’étude a différencié les types de violences : psychologiques, sexuelles ou physiques.

Les résultats montrent qu’à l’exception des violences physiques commises par les parents dans l’enfance et des violences physiques par non-partenaire, la part de femmes victimes des différentes violences étudiées – que ce soit au cours de la vie ou sur une période plus récente – reste bien supérieure à celle des hommes.

Au sein du couple : une femme sur six victime de violences physiques ou sexuelles

Si l’on prend, par exemple, les violences psychologiques (contrôle, dénigrement ou intimidations) subies après l’âge de 15 ans au sein du couple (par partenaire donc), on remarque que l’écart entre les hommes et les femmes est assez faible : plus d’une femme sur quatre (27%) et un homme sur cinq (18,7%). En revanche, si on se penche sur les violences physiques ou sexuelles par partenaire (coups, bousculades, étranglements, viols, tentatives de viol) – qui sont plus rares – on remarque que les écarts se creusent. En 2021, une femme sur six (15,9%) déclare en avoir été victime au moins une fois depuis l’âge de 15 ans, contre un homme sur 18 (5,6%).

Hors du couple : les hommes majoritairement à l’origine des violences

Deuxième enseignement de l’étude cette fois dans la catégorie des violences commises – depuis l’âge de 15 ans – par une personne en dehors du couple (une personne hors partenaire) : on note que les violences sexuelles par non-partenaire sont beaucoup plus rares pour les hommes (3%) que pour les femmes (17%). En revanche, si l’on regarde les violences physiques par non-partenaire, ce sont cette fois les hommes les plus concernés 20,5% contre 15,2%).

Dans cette catégorie des violences au-delà de l’âge de 15 ans subies par un non-partenaire, l’étude met en évidence que quels que soient la nature des violences et le sexe de la victime, des hommes sont très majoritairement à l’origine des faits. À noter que les violences par non-partenaires sont le plus souvent des faits « isolés » : commis – au cours des cinq dernières années – en général une seule fois à l’encontre d’hommes et de femmes plutôt jeunes, étudiants, habitant une grande agglomération.

Dans l’enfance : des femmes surexposées aux violences psychologiques et sexuelles

Enfin, le panorama aborde également la question des violences commises avant l’âge de 15 ans. En 2021, plus d’une femme sur cinq et près d’un homme sur six, âgés de 18 à 74 ans, ont déclaré avoir subi une violence intrafamiliale avant l’âge de 15 ans (psychologique, physique ou sexuelle).Les femmes sont surexposées aux violences psychologiques et sexuelles par rapport aux hommes avant 15 ans. Il y a 12% des femmes qui déclarent avoir subi des violences psychologiques avant 15 ans, contre 5,4% des hommes, et sur les violences sexuelles elles sont 11% contre 4%.

Ces violences, d’après l’étude, commencent très souvent avant l’adolescence et se caractérisent par leur durée et leur répétition. En cas de violences physiques ou psychologiques parentales, c’est le père qui est plus souvent mentionné. Mais si l’on parle de violences sexuelles, alors c’est un autre membre de la famille (grand-parent, oncle, tante, cousin, cousine, neveu, nièce, etc.) qui est le plus souvent cité.

*Le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (créé fin 2014) présente ici les premiers résultats de sa toute première enquête statistique, l’enquête Genese. Conduite en 2021 auprès d’un très large échantillon de femmes et d’hommes habitant en France métropolitaine, l’enquête a été financée dans le cadre d’un appel à projet européen en 2019. L’enquête a été menée sur 11 semaines du 1er mars au 16 mai 2021 auprès de 109 000 individus.

Prendre son Envol s’engage aux côtés de nous toutes : Mobilisation contre les violences faites aux femmes : 19 novembre

Marchez contre les violences faites aux femmes en France

Le collectif #NousToutes et une centaine d’associations féministes et organisations syndicales appellent toutes celles et ceux qui veulent en finir avec les violences sexistes et sexuelles à manifester le samedi 19 novembre 2022 à Paris et partout en France. La mobilisation continuera toute la semaine jusqu’au 25 novembre, date de la journée mondiale de lutte contre les violences à l’égard des femmes.

En 2022, les violences sexistes et sexuelles restent massives. Elles abîment et parfois brisent la vie de millions de femmes, de personnes LGBTQIA+, d’enfants, de familles. Face à cette réalité, une prise de conscience collective a eu lieu. Mais elle n’est pas suffisante. Alors qu’il est maintenant devenu évident que le président de la République et ses gouvernements sont en décalage avec les attentes de la société sur ces questions et ne mènent pas de politiques publiques adaptées à l’enjeu, nous appelons la société toute entière à se mobiliser, dans chaque ville, chaque école, chaque université, chaque établissement de santé, chaque entreprise, chaque parti politique, et sur les réseaux sociaux.

Appel à se réunir pour la grande mobilisation contre les violences sexistes et sexuelles en France

Des femmes assassinées ou victimes de violences.

Les violences sexistes et sexuelles surviennent partout, et tout le temps. Elles trouvent racine dans le patriarcat et se situent aussi, souvent, au croisement d’autres discriminations racistes, classistes, validistes, psychophobes, LGBTQIA+phobes, sérophobes, grossophobes, âgistes, islamophobes, antisémites, xénophobes, etc. Nous serons dans la rue le 19 novembre pour dénoncer des réalités insupportables, que toutes et tous doivent connaître.

Quand 225 000 femmes sont victimes de la violence de leur conjoint ou ex-conjoint chaque année, quand un tiers des femmes sont victime de harcèlement sexuel au travail, quand 80 % des femmes handicapées sont victimes de violences, quand 85 % des personnes trans ont déjà subi un acte transphobe, quand 69 % des femmes racisées sont victimes de propos discriminants au travail, quand les femmes grosses ont 4 fois plus de risque d’être discriminées au travail, quand 6,7 millions de Françaises et Français ont subi l’inceste, quand des patientes et patients sont violés dans cabinets gynécologiques ou des maternités, nous n’avons pas le choix !

Nous appelons toute la société à nous rejoindre. Nous manifesterons pour porter la voix de celles qui ne peuvent plus parler, la voix des 700 femmes assassinées sous la présidence d’Emmanuel Macron, et de toutes celles qui l’ont été sous les gouvernements précédents. Nous manifesterons aussi pour crier notre colère face au fonctionnement défaillant des institutions, notamment de la justice et de la police.

Aller plus loin : Et dans le monde ? Découvrez pourquoi il est essentiel de défendre les droits des femmes et l’action de CARE

Le manque d’action du gouvernement français contre les violences faites aux femmes

Alors que les discours publics incitent les victimes à parler et dénoncer les violences sexuelles subies, des personnages politiques de premier rang prennent la parole pour défendre haut et fort les agresseurs, y compris lorsqu’ils ont été condamnés, envoyant un signal d’impunité à toute la société. Aujourd’hui des hommes puissants, connus, accusés de viol, instrumentalisent la justice pour attaquer leurs victimes à travers des procès-bâillon avec pour seul but de faire peur et de réduire les victimes au silence.

Lorsque les victimes portent plainte ou saisissent la justice pour faire valoir leurs droits, les institutions rejettent massivement leur parole. Aux violences dénoncées s’ajoute la violence institutionnelle. Absence d’enquêtes, blâme des victimes, discrédit de la parole des enfants, déqualification des viols, classements sans suite, peines dérisoires. Partout en France, tous les jours, des milliers de victimes de ces violences masculines entendent leur parole niée ou décrédibilisée, se voient humiliées et attaquées.

Lorsque nous, mouvements féministes, portons dans le débat public des violences que les institutions refusent de traiter, le Président de la République parle de tribunal médiatique et d’inquisition, et appelle à « laisser la justice faire son travail ».

 

Des chiffres horrifiants qui montrent l’impunité face aux violences sexistes.

Son travail ? Les chiffres sont sans appel : 80 % des plaintes pour violences au sein du couple sont classées sans suite ; 65 % des victimes de féminicides avaient saisi les forces de l’ordre ou la justice ; 2 victimes sur 3 font état d’une mauvaise prise en charge lorsqu’elles veulent porter plainte ; 90 % des plaintes pour harcèlement sexuel au travail sont classées sans suite ; seulement 0,6 % des viols sont condamnés ; 92 % des enfants qui parlent des violences sexuelles ne sont pas protégés.

Pour plus d’infos :  chaque mois, découvrez des décryptages sur l’actualité ainsi que des témoignages avec notre newsletter

Stop aux violences sexistes au travail

Nous manifesterons pour crier que NON, la justice et la police françaises ne font pas leur travail ! Il est temps que l’ensemble de la société et les pouvoirs publics regardent en face cette situation, qui ne relève pas de dysfonctionnements ponctuels, mais d’un système qui reproduit les mécanismes de violences et de domination qu’il est censé combattre.

Nous serons dans la rue le 19 novembre pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles au travail et l’inaction des employeurs, qui silencient et discréditent la parole des victimes, minimisent les faits, refusent d’enquêter.  Il est urgent de généraliser les plans de prévention au travail.

 

Chaque jour en France, plus de 20 viols ou tentatives de viols ont lieu sur le lieu de travail.

Tout comme il est urgent de protéger les victimes de violences conjugales par de nouveaux droits au travail tels que l’interdiction de licenciement, les journées d’absence rémunérées, le droit prioritaire à la mobilité géographique ou fonctionnelle.

Le 19 novembre, créons ensemble un raz-de-marée dans la rue pour crier notre colère, et porter l’urgence de protéger les victimes et garantir à chacun·e son droit fondamental de vivre à l’abri des violences.

Toutes les infos pratiques pour participer à ces marches partout en France sur https://www.noustoutes.org/manif2022/

Les 100 associations et organisations qui s’engagent avec Nous Toutes :

 Acceptess-T ; Action contre la faim ; Act Right ; Action Citoyenne pour l’Abolition des Inégalités (ACAI) ; Aggressively_trans ; Alternatiba ; Artere ; Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT) ; Association LIÉ•E•S ; Association Femmes Sourdes Citoyennes et Solidaires ; Association Franco-Berbère des Portes de l’Essonne ; Association Interprofessionnelle de Soin et de Prévention des Abus Sexuels (AISPAS) ; Association Justice Endométriose ; Association mauvais cancres ; Association museum of mirages ; Association Nationale des Étudiant·e·s Sages-femmes (ANESF) ; Association Protéger l’enfant ; Association Rahila ; Association Vivre Femmes ; Attac France ; Balance ton agency ; CARE France ; Confédération Générale du Travail (CGT) ; CGT EDUC’ACTION Paris ; Collectif Enfantiste ; Collectif National pour les droits des femmes ; Collective des mères isolées ; Collectif pour une PArentalité Féministe ; Collectif « Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques » (StopVOG) ; Comité de la Jupe ; Consentis ; Danser sur vos murs ; David & Jonathan ; Diivines LGBTQI+ ; Du Pain & des Roses ; Droits d’urgence ; Ensemble ! En parler ; Equipop ; Europe écologie les verts ; Exision, parlons en ! ; FAGE ; Fédération nationale des étudiant.e.s en kinésithérapie (FNEK) ; Femmes Egalité ; Féministe étudiant.e militant.e (FEM) ; Féministes et queers kurdes de Rojhelat (Tîroj) ; Fonds pour les femmes en méditerranée ; Fransgenre ; Fédération Syndicale Unitaire (FSU) ; Génération.s ; Georgette Sand ; HandsAway ; HES LGBTI+ ; La Barbe ; Label Gouine ; La Cimade ; La France Insoumise (LFI) ; La Mèche ; La Tente des Filles ; La Voix Lycéenne ; Le Mouvement ; Le Planning Familial ; Les Ateliers du travail ; Les Dévalideuses ; Les Effronté-es ; Les Fallopes ; Les Femmes s’en mêlent ; Les Hijabeuses ; Les Méduses ; Les Z’en Trop ; Libération Lesbienne ; Maison des Femmes Thérèse Clerc ; Marche Mondiale des Femmes France ; Mille et une lesbiennes et queer ; Mouvement des femmes kurdes en France (TJK-F) ; Nos Lèvres Révoltées ; Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ; Observatoire de la lesbophobie ; Observatoire national de l’extrême-droite ; Parti Communiste Français (PCF) ; Parti de Gauche ; Parti Socialiste (PS) ; Place Publique ; Place Publique Jeunes ; Plateforme Femme vie et Liberté ; Prendre son envol ; Pride des Banlieues ; Skb- Union des femmes socialistes ; SOS Africaines en danger ; SOS Homophobie ; Stop Agressions ; Stop Harcèlement De Rue ; Supap Féministe ; Toutes des femmes ; UNEF le syndicat étudiant ;  Union Nationale des Familles de Féminicide (UNFF) ; Union Syndicale Solidaires ; Women safe and Children ; Yolande do Brasil ; #MetooASE

Violence conjugale: Kim Thúy se confie dans un texte bouleversant

La romancière Kim Thuy révèle pour la première fois qu’elle a vécu une relation toxique et de la violence conjugale dans un texte bouleversant intitulé J’avais peur qu’il…

Il n’y a que Kim Thúy pour révéler de manière si belle des moments si sombres; qui plus est, qu’elle-même a vécu! L’autrice des populaires romans Ru et de Em a pris tout le monde par surprise en partageant son histoire de violence conjugale jusqu’alors inconnue du grand public

Si on ignore les détails des événements racontés par l’écrivaine de 54 ans (ni l’époque ni l’identité de l’homme en question) avec tant d’ouverture et de douceur malgré la violence, on comprend que celle-ci a vécu de nombreux épisodes de violence psychologique et physique. Par qui? Quand? Où exactement? L’histoire ne le dit pas.

On sait seulement que l’écrivaine a profité de la carte blanche offerte par Solo (la nouvelle plate-forme de Radio-Canada permettant à des artistes de tous les horizons de partager des récits intimes et personnels) pour raconter cet épisode de sa vie passée dans une publication aujourd’hui.

«Quand il m’a laissée sur le trottoir d’un quartier qui m’était inconnu, en plein hiver, à minuit, sans un seul dollar en poche ni chaussettes dans mes bottes, j’ai eu peur qu’il ne m’appelle plus», écrit la mère de deux enfants en introduction de ce texte coup de poing.

«Quand il m’a lancé une planche, qui a atterri en morceaux après avoir troué le mur à quelques centimètres au-dessus de ma tête, j’ai eu peur qu’il ne vienne plus avec moi au chalet d’une amie», poursuit-elle. On comprend doucement – de manière déchirante – que la somme des actes de violence dont elle a été victime lui faisait peur de perdre l’essentiel…: la chance d’aimer.

«Quand il m’a poussée hors de l’ascenseur, assez fort pour que je heurte le mur dans le couloir et tombe sur le plancher en même temps que la pluie d’étoiles, et qu’il m’a laissée derrière, j’ai eu peur qu’il ne s’endorme au volant sur la longue route du retour à la maison sans moi», écrit-elle encore.

Dans une chute qui fait monter les larmes et se serrer le coeur, l’autrice originaire du Vietnam revient sur le moment où sa famille est venue la sortir de cet enfer. Tout en lui interdisant, par amour, de retourner auprès de cet homme violent.

«J’ai réussi à ne pas répondre à ses appels après mon départ et à accepter ce qui me semblait être une certitude à l’époque, poursuit l’écrivaine: plus aucun homme ne me donnerait la chance de l’aimer. Aimer.»

 

Premier événement organisé par l’association Prendre Son Envol !

C’est avec beaucoup d’émotion et de fierté que je vous annonce, ici, le premier événement organisé par Prendre Son Envol.

Nous vous proposons une bourse au jouet afin de permettre à tous et à toutes de passer un beau Noel.

Les fonds récoltés permettront de contribuer aux activités et ateliers en faveur des femmes victimes de violences conjugales ainsi qu’à leur enfant.

Nous vous attendons, nombreux et nombreuses !

Merci !

Le contrôle coercitif, cette notion qui pourrait révolutionner la lutte contre les violences conjugales

Substituer la notion de « contrôle coercitif » à celle de « l’emprise » pour mieux lutter contre les violences conjugales, en pointant les comportements de l’auteur et non plus seulement les conséquences sur sa victime. C’est l’enjeu d’une nouvelle lutte qui se dessine au sein du mouvement féministe.

Contrôle coercitif. La première fois que nous avons rencontré le terme, c’est dans un entretien au Journal du dimanche donné début septembre par la ministre à l’égalité Isabelle Rome. L’ex-Haute-fonctionnaire à l’Égalité femmes-hommes au ministère de la Justice, rompue au sujet des violences conjugales en tant qu’ancienne magistrate et membre d’associations de protection des femmes victimes annonçait être favorable à la création d’une justice spécialisée et disait : « Il faut continuer à former tous les juges et procureurs susceptibles de traiter ce type d’affaires. Notamment concernant la notion d’emprise, voire, de contrôle coercitif, ces processus dans lequel le conjoint violent place l’autre sous sa domination, le rendant dépendant et le plaçant dans une situation de grave danger. » 

Ainsi de ces choses dont on découvre l’existence et qu’on ne cesse de recroiser par la suite, la notion revient plusieurs fois à nos oreilles dans la foulée. C’est l’association Women for Women France, qui lui consacre une page sur son site dédié à l’information multi-langues sur les violences de genre. C’est la journaliste féministe Marine Périn qui suggère dans un tweet que les récentes affaires mettant en cause le YouTubeur Léo Grasset et le député Julien Bayou pourraient relever du contrôle coercitif. Enfin, c’est carrément l’intitulé de la 12ème journée de sensibilisation aux violences intrafamiliales organisée par le CHI Robert Bellanger de Villepinte (Seine-Saint-Denis), réputé en pointe sur les sujets de violences à l’encontre des femmes : « Identifier le contrôle coercitif pour une meilleure prise en charge des victimes et des auteurs ». Parmi les invité·es de ce colloque organisé le 24 novembre prochain, des intervenant·es reconnu·es pour leur expertise et leurs actions (la pionnière de la lutte contre les féminicides Ernestine Ronai, le juge Édouard Durand, la psychologue-clinicienne Fatima Le Griguer-Atig…) et la ministre elle-même.

« C’est une apparition sémantique récente dans le paysage français, le terme nous vient des pays anglophones », pose Sarah McGrath, fondatrice de Women for Women France. Elle-même Australienne, elle l’assure : « Pour rendre compte des violences qui s’exercent au sein d’un couple, la notion de contrôle coercitif est désormais la meilleure définition du comportement de l’agresseur qui soit. » Une sacrée promesse, à l’heure où si les effets sur les victimes sont bien compris (dépréciation de soi, isolement, dépressions, psycho-traumatismes, pensées suicidaires), il reste parfois difficile de rendre signifiants des comportements qui ne relèvent pas de la violence physique.

« Il s’agit d’un acte délibéré ou un schéma comportemental de contrôle, de contrainte ou de menace utilisé par un individu contre une personne dans le but de la rendre dépendante, subordonnée et/ou de la priver de sa liberté d’action »

Sarah McGrath

Comment le définit-on ? Pour Sarah McGrath, il s’agit « d’un acte délibéré ou un schéma comportemental de contrôle, de contrainte ou de menace utilisé par un individu contre une personne, un·e partenaire intime ou un·e ex-partenaire, dans le but de la rendre dépendante, subordonnée et/ou de la priver de sa liberté d’action. » Et d’énumérer un faisceau de comportements pouvant relever du contrôle coercitif : un droit de regard sur les communications et les fréquentations de la victime, sa manière de vivre, ses déplacements ; des violences économiques (surveillance des dépenses, par exemple) ou administratives (confiscation d’un passeport, par exemple). Mis bout à bout, ces agissements entraînent l’isolement puis la dépendance de la victime à l’auteur, qui peut alors assoir sa domination, avant même que s’exercent les violences psychologiques et physiques.

L’intuition littéraire de Louise Mey

Si le mot n’était pas cité dans le superbe roman La Deuxième femme de Louise Mey, paru en 2020, ses rouages y étaient particulièrement bien décrits. Une intuition littéraire due à une compréhension documentée de ce qui se joue dans ce qu’en France on appelle toujours « les mécanismes de l’emprise ». Mais notre pays a un train de retard. Le contrôle coercitif, ou coervice control en anglais, est né sous la plume de l’Américain Evan Stark, ancien travailleur social et sociologue, 80 ans aujourd’hui. En 2007, il publie Coercive Control : The Entrapment of Women in Personal Life, dans lequel il renverse la table des idées préconçues autour des « violences domestiques ». Il est rare, dit-il, que la violence physique soit une impulsion sortie de nulle part : ses observations empiriques montrent au contraire que la plupart du temps, les coups ne sont que l’aboutissement d’un « motif récurrent de comportements contrôlants, relevant du terrorisme ou de la prise d’otage ». De quoi ouvrir de nouvelles perspectives, qui aboutiront à l’intégration dans plusieurs codes pénaux (d’abord l’Angleterre en 2015, puis l’Écosse, plusieurs États australiens, le Canada…) du contrôle coercitif et de sa répression.

« As-tu peur de sa réaction lorsque tu es en retard ? » ; « Est-ce qu’il te demande d’activer ton GPS quand tu es sans lui ? » ; « Est-ce qu’il t’oblige à changer de vêtement parce qu’il les trouve trop provocants ? »

Extraits d’une grille d’évaluation

L’intérêt, reprend Sarah McGrath, « c’est qu’en mobilisant ce concept, on met l’accent sur le comportement problématique de l’auteur des violences et pas sur la réaction des victimes ». Même son de cloche chez la psychologue clinicienne Fatima Le Griguer-Atig, fondatrice de l’Unité Spécialisée d’accompagnement du Psycho traumatisme (Usap) de l’hôpital Robert Ballanger : « Accompagner les victimes en leur faisant évoquer avec précision ces mécanismes contrôlants, c’est leur ôter beaucoup de culpabilité. Elles se rendent compte que ce qui leur arrive correspond à un schéma de violences et que ce ne sont pas elles qui sont folles. » Car c’est le risque, avec des comportements qui peuvent d’apparence sembler anodins, ponctuels, ou simplement relever d’une personnalité possessive ou caractérielle : conditionnées par leur agresseur avec force gaslighting1, certaines victimes se persuadent que ce sont elles qui ont un problème.

Pour leur faire comprendre qu’il n’en est rien, les pionnières françaises à manipuler le concept de contrôle coercitif s’appuient alors sur les travaux des psychologues et militant·es des pays anglophones pour caractériser ce qu’elles vivent. Concrètement, Sarah McGrath, Fatima Le Griguer-Atig ou encore l’avocate Anaïs Defosse utilisent des ressources telles que des grilles de dépistage du phénomène disponibles en ligne. Exemple des questions : « As-tu peur de sa réaction lorsque tu es en retard ? » ; « Est-ce qu’il te demande d’activer ton GPS quand tu es sans lui ? » ; « Est-ce qu’il t’oblige à changer de vêtement parce qu’il les trouve trop provocants ? » « Montrer aux victimes et aux survivantes que ce qu’elles subissent ou ont subi relève d’un système oppressif cohérent et n’est pas une somme d’actes isolés, c’est très précieux, car dès qu’on leur explique, leurs yeux s’illuminent, elles disent « mais oui, c’est exactement ce que j’ai vécu » et leur soulagement est énorme », s’enthousiasme Sarah McGrath.

« J’ai changé de paradigme. Je préfère ce terme parce qu’il est beaucoup moins flou puisqu’il correspond à toute une série de faits concrets et parce qu’il responsabilise les auteurs. »

Fatima Le Griguer-Atig

La militante comme la psychologue – qui prépare actuellement une thèse sur le sujet de la prise en charge des victimes de contrôle coercitif – préfèrent même désormais remplacer dans leurs discours la notion d’emprise par celle de contrôle coercitif. « Lors de ma contribution aux groupes de travail du Grenelle sur les violences conjugales il y a trois ans à peine, je parlais d’emprise, souligne Fatima Le Griguer-Atig. Mais aujourd’hui, j’ai changé de paradigme. Je préfère ce terme parce qu’il est beaucoup moins flou puisqu’il correspond à toute une série de faits concrets et parce qu’il responsabilise les auteurs. » « Dans les affaires de violences conjugales, devant les juges, on justifie le non-départ de la victime parce qu’elle est « sous emprise », qui est finalement toujours un peu de sa faute, renchérit Sarah McGrath. Si on utilise le contrôle coercitif comme grille de lecture, on montre de façon limpide de quoi cette emprise est le nom. »

Intervention précoce

Pour les défricheuses françaises, au-delà de ces questions de terminologies, c’est l’efficacité du concept, éprouvé à l’étranger, qui les intéresse. « Dans les pays où il a intégré le code pénal, le contrôle coercitif permet une intervention précoce dans la relation de violences qu’il installe, assure Sarah McGrath. Identifié tôt par la justice, il permet de briser un schéma de violences qui va crescendo. En fait, il permet probablement d’empêcher des féminicides. » La jeune femme, qui indique que de l’avis des militantes internationales, c’est la définition qu’en fait le code pénal écossais qui est la plus ambitieuse et protectrice, ajoute : « À terme, l’intégrer dans le code pénal français pourrait faciliter la vie des magistrats et des avocats. »

Car à l’heure actuelle, les avocates précurseures et armées sur le sujet ne peuvent utiliser le contrôle coercitif que comme un moyen d’étayer un contexte pour appuyer d’autres charges reconnues par la loi. Me Anaïs Defosse, avocate spécialiste des violences intrafamiliales et membre de la force juridique de la Fondation des femmes, explique à Causette : « J’utilise les grilles d’évaluation disponibles en ligne pour donner une idée de ce que vit la victime au quotidien. Mais on doit ensuite composer avec le code pénal existant, donc par exemple, si un homme surveille les mails de sa compagne, je plaiderai l’atteinte au secret des correspondances. Souvent en fait, j’utilise l’infraction de violation de la vie privée. Sans loi spécifique, il nous faut naviguer dans de nombreux aspects du droit pour parvenir à qualifier certains des faits qui constituent le contrôle coercitif. » Mais certains comportements oppressifs répétés et conscientisés par leur auteur ne constituent aucune infraction aux yeux de la loi française, d’autant que les violences psychologiques, qui sont inscrites, elles, dans le code pénal, n’y sont pas définies.

« Légiférer là, maintenant, ce serait foncer droit dans le mur car nous ne sommes pas du tout prêts »

Me Anaïs Defosse

Faut-il, alors, faire avancer notre droit et l’aligner sur ces pays qui depuis quelques années pénalisent le mécanisme du contrôle coercitif ? Pour Me Anaïs Defosse, « légiférer là, maintenant, ce serait foncer droit dans le mur car nous ne sommes pas du tout prêts, la notion est inconnue à la plupart des personnes ». Même avis chez Sarah McGrath : « Il va d’abord falloir se mettre d’accord sur une définition commune et faire œuvre de pédagogie pour montrer que le contrôle coercitif, ce n’est pas un « comportement de connard ». On parle de menaces, de manipulations, d’intimidations, de subordinations… Les conséquences, ce sont des vies traumatisées, et parfois des suicides. » La priorité, de l’avis de toutes, reste donc de continuer à former magistrat·es et policier·ères, de manière à ce que les comportements contrôlants ne soient plus pris à la légère. « Il faut continuer à faire évoluer les mentalités, souffle Me Anaïs Defosse. Car certaines des femmes que j’accompagne subissent plus de psychotrauma en raison de la terreur que leur conjoint leur fait vivre que du coup de poing qu’elles ont reçu. »

Prendre son Envol signataire de la charte départementale « Ensemble pour une égalité entre les hommes et les femmes »

En ce jeudi 10 novembre,  l’association Prendre Son Envol a été conviée par Isabelle Fardoux Jouve afin d’assister à la séance plénière sur le rapport de situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes.

Ce fût un réel honneur pour moi de me trouver parmi cette assemblée et de contribuer par la signature de Prendre son Envol, à un engagement en faveur de l’égalité Homme-Femme sur le territoire départemental.

Un pas de plus franchi par l’association, la preuve d’une action engagée et d’un projet abouti qui prends sa place sur le bassin Alésien et reconnu dans le gard.

Pour que ensemble, toutes et tous nous portions ses valeurs et faisions main dans la main évoluer les « mentalités » et faire taire les « stéréotypes ».

Merci, une nouvelle fois de faire « confiance » à Prendre son Envol dans son engagement en faveur des femmes victimes de violences conjugales.

 

PROCHAINE COLLECTE DE PRODUITS PERIODIQUES : 4 ET 5 NOVEMBRE 2022 !

LA COLLECTE DE PRODUITS HYGIÉNIQUES

Les 4 et 5 novembre prochain la fondation des Femmes a besoin de vous pour une collecte de produits périodiques à destination des femmes organisée dans plus de 100 magasins Monoprix en France !

Les produits périodiques représentent une dépense non négligeable pour les personnes qui ont leurs règles, ce qui les rend parfois inaccessibles aux plus précaires. Aujourd’hui, en France, 2 millions de femmes n’ont pas les moyens de s’acheter des protections périodiques par manque de moyens financiers*.

Face à cette situation, la Fondation des Femmes s’associe à Règles Élémentaires pour organiser dans de nombreuses villes en France une collecte de protections périodiques à destination des femmes les plus démunies.

*Source : Étude IFOP réalisée pour Dons Solidaires

 

 

Chronique littéraire d’octobre 2022

Je jette ma baleine à la mer. Violences Conjugales, des mots sur les maux.

LLIVRE TÉMOIGNAGE, VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

 

 

Un témoignage juste et digne à l’image de beaucoup de femmes victimes de violences.
Un récit bouleversant.

Qu’est-ce qui a bien pu m’attirer en lui ? Je me suis souvent posé la question. Nous étions diamétralement opposés : le jour et la nuit. Mauvais coup de poker, j’ai été bluffée…

Laura Granny a 18 ans lorsqu’elle rencontre celui qui va devenir son mari, le père de son enfant et rapidement son bourreau et ce, durant 6 ans.

Grâce aux mains tendues, Laura Granny a pu se reconstruire petit à petit. 20 ans après, elle jette sa baleine à la mer. Laura nous livre son témoignage bouleversant, relate sa lutte quasi quotidienne, envers et contre tous, pour sauver son fils et elle-même de l’enfer des violences.

En jetant sa « balle » et toute cette « haine » qu’elle avait en elle depuis tant d’années, Laura Granny tend aussi la main vers les victimes de violences conjugales : On m’avait donné deux ailes, il m’en a brisé une. Avec l’autre je m’envole, je boite mais je veux aller vers les autres et vous retrouver. J’espère, avec toutes les lueurs dans mon cœur, pouvoir éclairer le vôtre et vous aider à vous libérer.

Laura Granny lance un appel à tous : Ne voilez plus votre face, ouvrez vos oreilles, ne jugez pas. Nul ne mérite d’être maltraité, massacré. Tendez vos mains ou agissez.